Matrix Resurrections de Lana Wachowski : critique

Publié par CineChronicle le 22 décembre 2021

Synopsis : Dix-huit ans après les événements de Matrix Revolutions, Thomas A. Anderson (alias Neo) ne se souvient plus de rien et mène une vie d’apparence normale à San Francisco. Il se rend régulièrement chez un psychiatre à qui il raconte ses rêves étranges et qui lui prescrit des pilules bleues. Après la réapparition de visages familiers et en quête de réponses, Neo repart à la recherche du lapin blanc. Il rencontre un certain Morpheus, qui lui offre le choix entre rester dans la Matrice et prendre son envol.

♥♥♥♥

 

Matrix Resurrections - affiche

Matrix Resurrections – affiche

Au cœur de cette ère de nostalgie cinématographique, l’arrivée d’un quatrième opus de la saga Matrix pouvait sembler n’être qu’un énième retour de héros des décennies passées. La franchise initiée en 1999 par les Wachowski avait déjà eu une certaine peine à convaincre quand elle s’était exercée à compléter le récit du premier film. Après un Reloaded qui brille par certaines fulgurances d’action et un Revolutions qui offrait un final controversé à l’épopée de Neo et Trinity, les deux réalisatrices assuraient en avoir terminé avec cet univers. Après des années passées par Warner Bros. à essayer de les convaincre de ressusciter la franchise, c’est la mort des parents de Lilly et Lana qui pousseront cette dernière à se réfugier dans la Matrice et rédiger un scénario pour une suite. Sans sa sœur, Lana Wachowski mène donc ce grand retour dans une industrie cinématographique très différente de celle qui a vu naître le premier Matrix. En effet, quand le film de 1999 faisait le constat de l’inquiétude grandissante de son époque envers l’arrivée déjà envahissante de la technologie informatique et des risques qu’elle impliquait, ce nouvel opus se concentre quant à lui sur l’état du divertissement de grand public en 2021. Le discours est très méta. Ressuscité puis réinséré dans la Matrice, qui le gave de pilules bleues, Thomas Anderson mène une brillante carrière de développeur de jeux vidéo dont le plus grand succès est… une certaine saga Matrix. Une saga dont la maison-mère, Warner, lui demande un quatrième opus. Peu enthousiasmé à l’idée de devoir replonger dans une saga qui lui hante trop l’esprit pour n’être qu’un jeu vidéo, Thomas Anderson est confronté à tous ses jeunes collègues passionnés par la saga, connaissant par cœur chacune des répliques et multipliant les théories pour lui donner un sens. Entre ce Thomas Anderson blasé et le probable agacement ressenti par les Wachowski face aux appels du pied répétés de Warner, il n’y a pas grand-chose. Dès l’ouverture, Bugs, la nouvelle héroïne campée par Jessica Henwick, le remarque. On croirait voir le premier film, certes. Mais ça n’est pas exactement pareil. Et cela pose problème.

 

Matrix Resurrections

Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss – Matrix Resurrections de Lana Wachowski / Warner Bros.

 

Resurrections joue même sur l’ambiguïté qui réside dans son titre : est-on face à un reboot ou une suite, vingt ans après ? On retrouve des scènes déjà vues, on retrouve Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss, avec Yahya Abdul-Mateen II (Candyman, Us, Aquaman) dans le rôle d’un avatar jeune de Morpheus et Jonathan Groff (American Sniper, Hamilton) en réincarnation de l’Agent Smith, qui n’est cependant plus l’antagoniste principal de l’histoire.

 

Dans la nouvelle incarnation de cette Matrice obsédée par le contrôle et la manipulation, on trouve un autre passionnant niveau de lecture. Il élargit le discours jusqu’aux réseaux sociaux, beaucoup plus vecteurs d’émotions que de raison, où l’on cherche plus le confort que la contradiction. C’est de cette Matrice-là que Neo et Trinity essaient de s’échapper, rappelant encore une fois que la finalité de Matrix, la proposition ultime de Neo face au contrôle omnipotent de la Matrice, reste la liberté et l’amour.

 

Matrix Resurrections

Keanu Reeves – Matrix Resurrections de Lana Wachowski / Warner Bros.

 

Ce renouvellement thématique ne parvient cependant pas à toucher tout le film. Ainsi, les personnages de Niobe et du Mérovingien reviennent pour pas grand-chose, ne semblant pas avoir de vrais dialogues à défendre. Un comble pour un scénario chargé en nouveaux concepts, qu’il est difficile d’assimiler en un seul visionnage. Mais ces quelques défauts mineurs sont vite oubliés au vu des excellentes scènes d’action, qui, sans créer une prouesse du calibre du bullet time, parviennent à s’imprimer au fer rouge dans la rétine du spectateur. Le final, en particulier, avec ces hordes d’agents kamikazes et ce saut du haut d’un immeuble, contribue parfaitement à la réinvention du mythe dont peut se prévaloir Resurrections. On ressort du film avec une seule envie : y retourner, se replonger dans la Matrice pour percer à jour les secrets qu’y a caché Lana Wachowski.

 

Théotime Roux

 

 

 

  • MATRIX : RESURRECTIONS (The Matrix : Resurrections)
  • Sortie salles : 22 décembre 2021
  • Réalisation : Lana Wachowski
  • Avec : Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Jada Pinkett Smith, Lambert Wilson, Daniel Bernhardt, Yahya Abdul-Mateen II, Neil Patrick Harris, Jessica Henwick, Priyanka Chopra, Jonathan Groff
  • Scénario : Lana Wachowski, Aleksandar Hemon et David Mitchell
  • Production : Grant Hill et Lana Wachowski
  • Photographie : John Toll
  • Montage : Joseph Jett Sally
  • Décors : Hugh Bateup et Peter Walpole
  • Costumes : Lindsay Pugh
  • Musique : Johnny Klimek et Tom Tykwer
  • Distribution : Warner Bros.
  • Durée : 2 h 28
  • Site officiel 

 

Commentaires

A la Une

A complete unknown : Timothée Chalamet devient l’icône folk Bob Dylan dans ce premier trailer

Dans ces premières images, James Mangold nous entraîne dans les années 60 pour découvrir l’ascension de Bob Dylan, figure centrale… Lire la suite >>

Joker – Folie à deux : un nouveau trailer déjanté

La nouvelle bande-annonce du Joker : Folie à deux a déjà dépassé les millions de vues en moins de 24… Lire la suite >>

Michael Mann lance un site dédié au processus de création de tous ses films

The Michael Mann Archives a été lancé le 16 juillet dernier, et le premier film accessible aux abonnés est aussi… Lire la suite >>

Spermageddon : un film d’animation norvégien prometteur

Originals Factory a acquis les droits de distribution en France de cette comédie musicale animée autour du sexe, qui sera… Lire la suite >>

The Substance : le film de body horror avec Demi Moore se dévoile dans un teaser intriguant

Le nouveau film de Coralie Fargeat verra s’affronter Demi Moore et Margaret Qualley autour de cette fameuse substance.    … Lire la suite >>

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 LE COMTE DE MONTE-CRISTO 992 295 4 4 531 945
2 MOI, MOCHE ET MECHANT 4 785 787 2 2 185 956
3 VICE-VERSA 2 575 629 5 6 872 252
4 TWISTERS 290 884 1 290 884
5 UN P'TIT TRUC EN PLUS 255 666 12 8 388 607
6 LE LARBIN 114 953 1 114 953
7 SANS UN BRUIT : JOUR 1 64 880 4 805 262
8 LONGLEGS 47 710 2 117 561
9 HORIZON : UNE SAGA AMERICAINE, CHAPITRE 1 46 839 3 239 854
10 SANTOSH 43 680 1 43 680

Source: CBO Box office

Nos Podcasts