Le comédien oscarisé s’est notamment rendu célèbre pour ses rôles dans Les Russes arrivent, Catch 22, Edward aux mains d’argent, Argo et bien sûr Little Miss Sunshine.
Acteur brillant, aussi à l’aise dans la comédie que dans le drame, Alan Arkin s’est éteint le 29 juin 2023 à l’âge de 89 ans. Au fil d’une filmographie particulièrement riche, il s’est illustré dans tous les registres et a collaboré avec de nombreux réalisateurs de renom.
Si c’est sa carrière au cinéma qui lui ouvrira les portes de la postérité, Arkin commence sur les planches à la fin des années 50. À la fois acteur et chanteur, il fait notamment un passage à Broadway pour la pièce Enter Laughing en 1963, qui lui vaut un Tony Awards.
Sur grand écran, son talent éclate peu après aux yeux de tous. Dès 1966, il tient le premier rôle dans Les Russes Arrivent de Norman Jewison (futur réalisateur de Dans la Chaleur de la nuit, Rollerball et de L’Affaire Thomas Crown). Dans cette comédie se déroulant en pleine Guerre froide, Arkin incarne le lieutenant d’un sous-marin soviétique.
Le film est un grand succès critique et décroche quatre nominations aux Oscars, dont une dans la catégorie meilleur acteur. Si la statuette revient finalement à Paul Scottfield pour Un homme pour l’éternité, Alan Arkin obtient tout de même un Golden Globes pour son rôle.
Maintenant identifié par le public et par l’industrie hollywoodienne, l’acteur change radicalement de registre dès l’année suivante, en incarnant l’inquiétant antagoniste de Seule dans la nuit. Signé Terrence Young (metteur en scène des trois premières aventures de James Bond), ce thriller met en scène une jeune aveugle campée par Audrey Hepburn, aux prises avec un groupe de malfrats qui tente de pénétrer chez elle.
Dans le rôle du chef des malfaiteurs, Arkin livre une performance toute en finesse, aussi suave qu’angoissante. Petit succès à sa sortie, Seule dans la nuit est depuis devenu un film culte, désigné par Stephen King comme l’un des films les plus effrayants jamais sortis.
Passant avec aisance des films académiques à la série B (et inversement), le comédien obtient sa deuxième nomination aux Oscars en 1968 pour Le cœur est un chasseur solitaire. Si les années 70 et 80 seront l’occasion d’apparitions chez Mike Nichols (l’excellent Catch 22 en 1970) et John Cassavetes (Big Trouble en 1986), c’est surtout à l’aube de la décennie 90 qu’Alan Arkin a à nouveau l’occasion de camper des rôles à sa mesure.
S’il n’y occupe qu’une place secondaire, le film le plus célèbre (et célébré) de la filmographie d’Arkin est sans aucun doute Edward aux Mains d’Argent de Tim Burton. Malgré son court temps d’écran, il parvient à donner du relief à son personnage de gentil père de famille dépassé par les évènements.
Un personnage finalement radicalement opposé à celui qui lui fait enfin décrocher l’Oscar, celui du grand-père Edwin Hoover dans Little Miss Sunshine. Totalement investi dans son rôle de vétéran héroïnomane et grossier, l’acteur est de loin la plus grande force comique du long-métrage de Jonathan Dayton et Valerie Faris. Il incarne également avec brio et sensibilité la facette plus tendre du rôle, puisque Edwin est aussi acariâtre avec les autres qu’il est aimant avec sa petite fille.
Cet Oscar tardif lui ouvre une nouvelle carrière. Il est désormais un second rôle prisé dans des projets prestigieux. Le plus notable d’entre eux est sans aucun doute Argo de Ben Affleck, où l’acteur incarne le producteur de cinéma Lester Siegel, embarqué malgré lui dans une périlleuse opération sauvetage. Cette interprétation vaut à l’acteur une ultime nomination aux Oscars pour meilleur second rôle.
Au-delà de ces quelques rôles marquants, Alan arkin laisse derrière lui une carrière d’une grande richesse. À chacun désormais de se replonger dedans pour (re)découvrir le parcours de cet immense comédien.
Timothée Giret