Producteur, directeur de studios et fondateur de The Ladd Company, Alan Ladd Jr. sut marquer de son empreinte le cinéma hollywoodien durant près de trois décennies. Disparu ce 2 mars 2022, cet héritier de la méthode Thalberg laisse derrière lui une carrière riche de succès, comprenant Star Wars, Blade Runner, Police Academy, L’Étoffe des Héros ou encore Braveheart.
Fils de l’acteur légendaire Alan Ladd, Alan Ladd Jr. fait partie de cette génération d’agents qui prirent le contrôle d’Hollywood au tournant des années 1960. Représentant les intérêts de certaines des plus grandes vedettes de la décennie 1970 (Warren Beatty et Robert Redford, entre autres), Ladd Jr. se démarque par une volonté à toute épreuve qui le voit bien vite gravir les échelons de la profession jusqu’à se hisser au poste de directeur de la 20th Century Fox.
Fort de son expérience de producteur acquise au début de la décennie en Grande-Bretagne (Salaud [Michael Tuchner, 1971] ; Une belle tigresse [Brian G. Hutton, 1972]), Ladd Jr. s’inscrit dans la lignée de ces grands directeurs de studio qui défendirent la créativité artistique et la prise de risque. En 1974, Ladd Jr. permet ainsi à Mel Brooks de réaliser sa parodie de film de monstres, Frankenstein Junior, et profite de son succès pour asseoir sa légitimité auprès des pontes du studio.
Trois ans plus tard, c’est toujours lui qui fait le pari de soutenir George Lucas pourtant en disgrâce auprès de la Fox après l’échec cuisant de THX 1138 (1971). À l’époque, personne ne croit plus en l’avenir du jeune cinéaste et encore moins en son désir de réhabiliter le genre de la science-fiction. La suite, tout le monde la connaît. Star Wars (1977) ne signe pas seulement le retour des vaisseaux spatiaux sur le grand écran mais fait entrer Hollywood dans la nouvelle ère des blockbusters.
Ladd Jr. s’engouffre dans la brèche et abandonne la Fox pour diriger son propre studio. À partir de 1979, The Ladd Company collabore avec la Warner pour produire Les Chariots de feu (Hugh Hudson, 1981) qui rafle quatre oscars dont celui du meilleur film.
Le studio enchaîne les succès en suivant la recette magique de son fondateur : faire de l’ambition artistique le premier gage d’une réussite commerciale. Ainsi de Blade Runner (Ridley Scott, 1982) ou de L’Étoffe des héros (Philip Kaufman, 1983), avant que la franchise Police Academy (1984-1994) ne marque définitivement le sacre commercial de la compagnie.
Après un court passage à vide, The Ladd Company traverse les années 1990 en produisant quelques titres prestigieux parmi lesquels Braveheart (Mel Gibson, 1995) demeure le succès le plus retentissant. Entre-temps, Ladd Jr. a repris ses fonctions de directeur de majors en prenant la tête de la MGM. Au sein de la maison au lion, il retrouve Ridley Scott (Thelma et Louise, 1991) et George Lucas (producteur et co-scénariste de Willow [Ron Howard, 1988]).
Parmi ses derniers faits d’armes, Gone Baby Gone (2007) avait permis à Ladd Jr. de faire honneur à sa réputation de précurseur en lançant la carrière de réalisateur de Ben Affleck.