Synopsis : Octobre 1972, le vol Fuerza Aérea Uruguaya 571, qui faisait la liaison entre Montevideo, en Uruguay et Santiago au Chili, s’écrase en pleine cordillère des Andes avec à son bord 45 passagers. Les survivants du crash vont alors devoir survivre dans l’un des environnements les plus hostiles au monde et repousser leurs limites.Â
♥♥♥♥♥
« Il s’agit du film le plus fidèle sur notre expérience. » Tels sont les mots de Nando Parrado, l’un des seize survivants du crash du vol Fuerza Aérea Uruguaya 571 à propos du dernier long-métrage du réalisateur espagnol Juan Antonio Bayona. Cette phrase résume parfaitement la vision du metteur en scène et la direction qu’il a voulu donner au projet sur lequel il a travaillé pendant dix ans. Une équipe uruguayenne de rugby et leurs proches décident de rallier le Chili afin d’y jouer un match. Mais leur voyage s’arrête brusquement lorsque leur avion se crash au milieu de la chaîne de montagnes de la cordillère des Andes, à 3 500 mètres d’altitude. Le récit nous plonge au cÅ“ur de ce milieu hostile, où vont survivre pendant plus de deux mois les rescapés. Entre le froid, les intempéries, les blessures, l’isolement, et surtout le manque de nourriture, les personnages vont se résoudre à l’anthropophagie pour ne pas périr. Cette histoire a déjà eu le droit à une première adaptation en 1993 avec Les Survivants (Alive) de Frank Marshall. Ici, Bayona décide d’adapter le livre de Pablo Vierci, La sociedad de la nueve, paru en 2009, qui l’a fortement marqué par sa dimension humaine et le respect accordé à ceux qui ne sont jamais revenus. Cinq ans après Jurassic World: Fallen Kingdom, il signe ainsi son retour avec un film plus intimiste. Mais le réalisateur de L’Orphelinat n’en est pas à son coup d’essai en matière de survival. En 2012, il réalisait The Impossible, retraçant la dramatique expérience d’une famille lors du tsunami de 2004. Il nous livre ici 2 h 30 d’une aventure humaine émouvante et touchante de réalisme.
Lui et ses équipes ont consacré plus de cents heures à interviewer les survivants, leurs familles et leurs proches, cherchant à recueillir le maximum de détails et ainsi, se rapprocher le plus possible de la réalité. Le travail de reconstitution est impressionnant. Que ce soit les décors, les costumes ou les comédiens, pour la plupart des visages inconnus du public, tout est fait pour pousser l’authenticité à son paroxysme.
La photographie de Pedro Luque (Don’t Breathe) ajoute également une dimension documentaire, qui renforce l’impact visuel. La mise en scène de Juan Antonio Bayona déborde d’idées et reste totalement au service de son propos, nous invitant à faire partie intégrante du récit. Sa caméra nous immerge dans les évènements et nous fait ressentir les émotions que traversent nos héros. Le réalisateur joue brillamment avec les ordres de grandeur : plans larges à l’extérieur, plans serrés quasi-claustrophobes dans l’avion, scènes marquantes dont le crash brutal.
Outre l’aspect technique, le film explore aussi en profondeur la dimension humaine, philosophique et religieuse. Les dialogues incitent à la réflexion, nous amenant à comprendre les motivations et l’évolution des personnages. Exit tout sensationnalisme sur le cannibalisme. Ces scènes servent plutôt à susciter une réflexion profonde sur la condition humaine dans des situations extrêmes. Si on peut reprocher au film de nous perdre parfois avec un nombre conséquent de personnages, Juan Antonio Bayona réussit son pari. Le Cercle des Neiges dépasse son cadre de la simple reconstitution et explore les aspects les plus profonds de l’humanité, tout en offrant une expérience cinématographique immersive, puissante et mémorable.
Florian Rouaud
- LE CERCLE DES NEIGES (La sociedad de la nieve)
- Sortie : depuis le 4 janvier 2024
- Chaîne / Plateforme : Netflix
- Réalisation : Juan Antonio Bayona
- Avec : Enzo Vogrincic, AugustÃn Pardella, MatÃas Recalt, Esteban Bigliardi, Diego Vegezzi, Fernando Contigiani GarcÃa, Esteban Kukuriczka, Francisco Romero, Rafael Federman, Valentino Alonso, Tomás Wolf, AugustÃn Della Corte, Felipe González Otaño, Andy Pruss, Blas Polidori
- Scénario : Juan Antonio Bayona, Bernat Vilaplana, Jaime Marques Olearraga, Nicolás Casariego Córdoba, d’après le livre La sociedad de la nueve de Pablo Vierci
- Production : Juan Antonio Bayona, Belén Atienza, Sandra Hermida
- Photographie : Pedro LuqueÂ
- Montage : Andrés Gil, Jaume MartÃ
- Décors : Alain Bainée
- Costumes : Julio SuárezÂ
- Musique : Michael Giacchino
- Durée : 2 h 24