Au cours d’un voyage en solitaire à travers l’Océan Indien, un homme découvre à son réveil que la coque de son voilier de 12 mètres a été percée lors d’une collision avec un container flottant à la dérive. Privé de sa radio et de son matériel de navigation, l’homme se laisse prendre dans une violente tempête. Malgré ses réparations, son génie marin et une force physique défiant les années, il y survit de justesse. Avec un simple sextant et quelques cartes marines pour établir sa position, il doit s’en remettre aux courants pour espérer se rapprocher d’une voie de navigation et héler un navire de passage. Mais le soleil implacable, la menace des requins et l’épuisement de ses maigres réserves forcent ce marin forcené à regarder la mort en face.
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Après nous avoir expliqué la crise des subprimes dans l’excellent MARGIN CALL (notre critique), nommé à l’Oscar du meilleur scénario original, qui nous plongeait dans les hautes sphères étourdissantes de la finance, le talentueux JC Chandor revient avec une seconde œuvre tout aussi époustouflante dans laquelle il met Robert Redford face à la mort, en lutte contre les éléments en haute mer. L’acteur, réalisateur et producteur américain de 76 ans, qui présentait en mai dernier le thriller SOUS SURVEILLANCE qu’il signait également, ajoute une nouvelle performance magistrale à sa filmographie qui l’est tout autant. Car l’ambition de ALL IS LOST, présenté hors compétition au 66e festival de Cannes, repousse toutes les limites allant bien au-delà d’un Jeremiah Johnson dans lequel il incarnait le rôle-titre devant la caméra de Sydney Pollack, fuyant les hommes dans les hauteurs sauvages des montagnes Rocheuses, ou encore plus particulièrement d’un Seul au Monde de Robert Zemeckis avec Tom Hanks. Car Robert Redford tient prodigieusement la distance pendant 1h45 générant une émotion grandissante dans chaque plan où il fait face à lui-même sans presque aucune ligne de dialogue.
Avec toute l’expressivité qu’on lui connaît dans le regard, cet acteur magnétique incarne comme une seconde peau ce marin dans l’âme, qui utilise toutes les ressources physiques et intellectuelles possibles jusqu’au system D, pour subsister et réussir à croiser un navire dans l’Océan Indien infini. Car si JC Chandor aborde la thématique du combat d’un homme face à la nature, il signe surtout un impressionnant survival maritime crédible, réaliste, instructif et bouleversant. Le cinéaste va au bout de sa réflexion en confrontant son héros à toutes les épreuves et les intempéries en lui enlevant progressivement tous les moyens de s’en sortir, pour finir par faire face à sa propre mort. De son voilier qu’il tente de réparer à plusieurs reprises et de garder à flots, en passant par son bateau pneumatique de survie avec ses dernières réserves alimentaires, jusqu’à terminer dans une mer ennemie funèbre et crépusculaire, Robert Redford mériterait de rafler toutes les récompenses tant il prend aux tripes en portant de toutes ses forces et avec maestria ce personnage héroïque qui n’abandonne jamais. JC Chandor se met superbement à son service en signant une mise en scène inévitablement épurée, bien rythmée et fluide, accompagnée d’une photographie esthétiquement lumineuse et saisissante entre bourrasque torrentielle, menace latente des requins pris en contre-plongée et rayons de soleil féroces. ALL IS LOST est le parfait kit de survie à voir et surtout à revoir avant de prendre le large…
ALL IS LOST écrit et réalisé par JC Chandor en salles le 11 décembre 2013 avec Robert Redford. Producteurs : Zachary Quinto, Neal Dodson, Anna Gerb. Photographie : Frank G. DeMarco. Décors : Marco Niro. Montage : Pete Beaudreau. Effets Visuels : Bob Munroe. Effets Spéciaux : Brendon O. Dell. Distribution : Universal. Durée : 1h45.
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