Entourage de Doug Ellin: critique

Publié par Guillaume Ménard le 26 juin 2015

Synopsis : Star hollywoodienne, Vincent Chase et ses amis, Eric, Turtle et Johnny, sont de nouveau dans la course, et en pleine négociation avec Ari Gold, ancien agent devenu patron de studio. Si leurs ambitions ont un peu évolué, les liens qui les unissent sont toujours aussi forts. Tant mieux car ils vont devoir se frayer un chemin dans le monde impitoyable d’Hollywood…

 

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Entourage le film - affiche

Entourage le film – affiche

Il aura fallu attendre quatre ans pour retrouver Vince et son entourage, que les aficionados connaissent bien pour avoir suivi leurs aventures pendant huit saisons. Cette série de HBO s’intéressait à l’ascension d’un jeune acteur à la gueule d’ange, Vince (Adrian Grenier), à son grand frère Drama, aussi comédien (Kevin Dillon), et à ses amis d’enfance, Eric (Kevin Connolly) et Turtle (Jeremy Ferrara). Entourage s’est inspiré de la vie de Mark Wahlberg, qui agit en tant que producteur avec des caméos récurrents. Après sa sortie de prison pour délinquance, la star hollywoodienne a en effet créé son groupe Marky Mark and The Funky Bunch, grâce à son frère Donnie, pour embrasser une carrière d’acteur. Sur un format de 25 minutes, cette comédie excellait dans le comique de situation pour révéler, par des stéréotypes, tout le cynisme hollywoodien. Les apparitions ahurissantes de James Cameron, Martin Scorsese, Aaron Sorkin, Eminem ou encore Scarlett Johansson, ont toujours su impliquer le téléspectateur dans ce milieu inaccessible. Fonctionnant sur deux temps, la plupart des intrigues sont basées sur la carrière de Vince, de l’obtention d’un rôle à la promotion du film, et s’intéresse pour le reste aux déboires sentimentaux et sexuels de cette bande d’amis, originaire du Queens. En filigrane, c’est le rêve américain qui s’exprime à outrance dans Entourage parvenant, par cette exagération, à creuser ce fossé démesuré entre les héros et le public.

 

Entourage le film de Doug Ellin

Entourage le film de Doug Ellin

 

C’est en outre ce qui provoque le rire dans la série accumulant pléthores de références cinématographiques et télévisuelles. La loi des private jokes (blagues d’initiés) règne en maître. Pourtant, pour ses deux dernières saisons, on a assisté à un spectacle en perte de vitesse. Plus dramatiques et sentimentaux, les ultimes épisodes ont viré au naufrage catastrophique, plongeant l’épilogue dans le malaise le plus total, à la limite de la ringardise. Pourquoi donc avoir envisagé une suite sur le grand écran ? L’expérience de HBO dans ce domaine nous l’a déjà prouvé, la suite de la série Sex And The City avec deux longs métrages désastreux, qui ignoraient totalement leurs racines télévisuelles, ne rassuraient pas. Cependant, Doug Ellin modifie la trajectoire pathétique du final de sa série, et crée ici une refonte des intrigues qui se réconcilie avec ses origines. Ainsi, l’introduction s’ouvre sur la séparation de Vince et de sa femme, celle de Eric et de Sloane enceinte (la magnifique Emmanuelle Chriqui), l’annulation du dessin animé de Drama (Johnny’s Banana), et de Ari, l’ancien agent de Vince (formidable Jeremy Piven) qui retourne dans le monde des affaires. Tous les défauts, qui caractérisaient la fin de la série, sont ainsi balayés d’un revers de main de maître. Vince décide de passer à la réalisation avec ‘Hyde’, mais le budget manque et les investisseurs principaux, les Texans Larsen McCredle (Billy Bob Thornton) et son fils Travis (Haley Joel Osment), s’opposent au film. Le rythme passe de la vitesse de croisière des yachts à celle des voitures sportives en plein Los Angeles.

 

Billy Bob Thornton, jeremy piven et Haley Joel Osment dans Entourage le film de Doug Ellin

Billy Bob Thornton, jeremy piven et Haley Joel Osment dans Entourage le film de Doug Ellin

 

Le transfert, de la série au long-métrage, se déroule ainsi aisément. Doug Ellin réussit ce pari ô combien difficile. Aucun temps mort ici, sous le soleil californien. La caméra suit de la même manière les personnages, avec des travellings avant/arrière. L’ensemble bénéficie d’un montage fracturé toujours aussi pop qui flirte avec les clips estampillés MTV. Ce côté fun joue sur les codes superficiels de l’apparence et assume parfaitement cette légèreté cabotine. Beaux et idiots, c’est ce qui définit les rapports des habitants de Los Angeles dans le milieu du cinéma, entre villas opulentes et fêtes gargantuesques. De ce postulat de départ, Entourage parvient à élever le film au statut de comédie plus intelligente qu’elle n’y paraît, en multipliant les clins d’œil à la série, mais aussi au monde du cinéma. Les dialogues sont fidèles à l’humour décapant des protagonistes (Ari et Drama en tête de file) et ponctuent les séquences ; leurs répliques les entraînant dans des situations aussi inconfortables que risibles. La musique rap/hip-hop redéfinit la coolitude du groupe d’amis, et sert plus particulièrement Ari, lors de scènes où il explose dans un déchaînement de colère physico-verbal toujours aussi légendaire. On retrouve avec plaisir le générique d’ouverture Superhero de Jane’s Addiction, mais aussi Hunter de Pharell Williams, Superthug de Noreaga et le touchant I Need My Girl de The National.

 

Entourage le film de Doug Ellin

Entourage le film de Doug Ellin

 

Le dénouement remplit aussi pleinement le cahier des charges, y compris les enjeux narratifs, dispersés pour chaque personnage, entre désillusions, succès et rêves inachevés. Ce miroir fascinant des fantasmes du public se réfléchit ainsi à l’écran dans un artifice désabusé. Disons-le franchement, les non-initiés à la série ne verront qu’une comédie américaine ordinaire sans prétention et passeront complètement à côté du film, qui tente de résumer tant bien que mal huit années en cinq minutes. En revanche, les fans devraient se réconcilier à merveille avec la série qui évoque brillamment les coulisses du cinéma, les grands studios, les réalisateurs indépendants comme Billy Walsh (l’inénarrable Rhys Coiro), et les agences d’acteurs. Stylisé, grisant, d’une fraîcheur entraînante et nerveuse, cette adaptation d’Entourage sur grand écran s’inscrit comme la véritable fin qui manquait aux fans. Quant aux autres, c’est sans doute l’occasion de rattraper la série disponible en DVD…

 

 

 

  • ENTOURAGE de Doug Ellin en salles depuis le 24 juin 2015.
  • Avec : Adrian Grenier, Kevin Connolly, Jeremy Piven, Kevin Dillon, Jeremy Ferrara, Emmanuelle Chriqui, Rex Lee, Alan Dale, Debi Mazar, Perrey Reeves, Ronday Rousey,Mark Walhberg, Liam Neeson, Jessica Alba…
  • Scénario : Doug Ellin, Rob Weiss
  • Production: Mark Wahlberg, Doug Ellin, Stephen Levinson
  • Photographie : Stephen Fierberg
  • Montage: Jeff Groth
  • Décors: Chase Harlan
  • Costumes: Olivia Miles
  • Superviseur musical : Scott Vener
  • Distribution: Warner Bros
  • Durée: 1h44

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