Le légendaire Menahem Golan, producteur, réalisateur, scénariste et cofondateur du studio de production mythique Cannon, s’est éteint à l’âge de 85 ans ce vendredi 8 août 2014 à Jaffa, Tel Aviv, Israël.
Une page se tourne terriblement triste ! Menahem Golan, né Ménahem Globus le 31 mai 1929 à Tibériade en Palestine sous mandat britannique, fut l’un des pionniers du cinéma israélien et à l’origine d’une myriade de nanars d’action cultes américains à petits budgets mais à gros bénéfices comme Delta Force, Portés Disparus et autres Cobra. Mais pas seulement…
Après avoir étudié le cinéma aux Etats-Unis et fait ses gammes un temps aux côtés du mastodonte Roger Corman, il fonde en 1962 sa société de production Noah Films avec son cousin Yoram Globus, qui lui permet de réaliser son premier long métrage El Dorado. Il cosigne ensuite le phénomène SALLAH SHABATI avec l’écrivain Éphraïm Kishon, également au scénario, en 1964, avec en vedette Chaim Topol, qui conte l’intégration d’une famille d’immigrants originaire du Maroc ayant fait l’aliyah au début de la création de l’état d’Israël. Cette oeuvre magnifique a été nominée aux Oscars dans la catégorie Meilleur Film Etranger.
En 1977, il réalise Opération Thunderbolt, avec Klaus Kinski et Sybill Danning dans la peau de terroristes, centré sur le détournement du vol Air France en 1976 et le sauvetage par l’armée israélienne des passagers à Entebbe sous le commandement du colonel Yonatan Netanyahu. Vous pouvez voir le film dans son intégralité sur YouTube (en cliquant dans les sous-titres anglais).
Menahem Golan et Yoram Globus partent ensuite pour Hollywood et rachètent en 1979 la société en difficultés Cannon Group, alors spécialisée dans le nudie, pour 500 000 dollars. Ce fut leur fortune. Les deux affamés de cinéma, dont le premier est dévoué à l’artistique et le second aux finances, érigent leur empire en exploitant magistralement leur sens inné des affaires et leur flair incontestable à une période où le magnétoscope et la VHS battaient leur plein dans les foyers. Le studio – également appelé Cannon Films et Golan-Globus – fût en outre un certain temps en passe de devenir l’un des piliers majeurs à Hollywood symbolisant l’âge d’or de la production indépendante.
On leur doit ainsi plus de 200 productions dont certaines sont devenues cultes comme les franchises Delta Force et Portés Disparus, puis Over The Top, Bloodsport, Cobra, Les Maîtres de l’Univers, Lifeforce ou encore les suites d’Un Justicier dans la Ville… Autant de séries B d’action ultra populaires qui ont vu naître dans les années 80 nos stars badass ultimes Chuck Norris, Charles Bronson (décédé en août 2003), Jean-Claude Van Damme, Sylvester Stallone et Dolph Lundgren, que les plus grands fans pourront retrouver, grâce à ces duettistes, sur les écrans français dès le 20 août dans le troisième volet hommage des EXPENDABLES.
Mais si le binôme a marqué son empreinte dans ce créneau qui fait partie intégrante de l’Histoire du Septième Art, il est aussi derrière des œuvres d’auteurs fortes et notables comme King Lear de Jean-Luc Godard, Pirates de Roman Polanski, Fool For Love de Robert Altman, Otello de Franco Zefferelli, Love Streams de John Cassavetes (lauréat de l’Ours d’or à Berlin), Runaway Train d’Andreï Konchalovsky ou encore Barfly de Barbet Schroeder.
Avec toujours son flair incroyable, Menahem Golan a aussi tenté de surfer sur le potentiel des films de super héros. Après avoir produit Superman IV, il a obtenu les droits d’adaptation de Spider-Man et de Captain America via sa société 21st Century fondée en parallèle. Seul ce dernier de Marvel Comics a vu le jour. Mais toute cette série d’échecs commerciaux à la fin des années 80 a entraîné la banqueroute de Cannon et de 21st Century. Golan a fini par quitter le studio phare et est retourné en Israël pour y produire des films en local.
En mai dernier, Menahem Golan, avec son déambulateur, et Yoram Globus étaient présents sur la Croisette au Festival de Cannes pour promouvoir à Cannes Classics The Go-Go Boys : The Inside Story on Cannon Films, un documentaire de Hilla Medalia retraçant leur périple emblématique, programmé sur les écrans français le 22 octobre 2014.