Synopsis : Samson Cazalet est chauffeur de taxi, à Nice et dans l’arrière-pays. Il prend un jour en charge une ravissante jeune femme, depuis l’aéroport jusque chez elle, à Grasse. Entre eux deux, le courant passe. Le lendemain, deux policiers viennent chercher Samson pour l’emmener au commissariat. Accusé d’avoir enlevé la fille de sa cliente de la veille, il doit maintenant convaincre la justice de son innocence.
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D’abord assistant-réalisateur pour de grands noms du 7e art – Georges Lautner, Yves Robert ou encore Jean-Marie Poiré –, Gilles Bannier se tourne ensuite vers les reportages et les séries pour le petit écran. On lui doit Engrenages et Les Beaux Mecs, entre autres. Arrêtez-moi là est son premier long métrage de cinéma. Le film s’ouvre sur le portrait de Samson Cazalet, un taxi attachant et prévenant, interprété par un solide Reda Kateb. On le découvre solitaire et libre, simplement accompagné de son chat roux. Son côté bienveillant, les plans ensoleillés de Nice, de la Méditerranée et des paysages enchanteurs de l’arrière-pays, placent le début du film sous une note légère. Ce sera pour mieux basculer plus tard dans le drame, la noirceur et le huis clos de la justice. Quand Samson prend en charge Louise Lablache, qui a le charme indéniable de Léa Drucker, un jeu de séduction par le regard commence alors. Mais dès le lendemain, Samson devient la proie d’une diabolique machination, en étant accusé d’avoir kidnappé la fille de sa cliente. L’appareil judiciaire et policier s’acharne sur ce coupable idéal, faisant fi de la présomption d’innocence. Son avocat, commis d’office, est dépassé. C’est là que le film a du mal à convaincre. Cet avocat, l’avocat général, la juge et surtout les enquêteurs sont trop caricaturaux pour emporter l’adhésion, et leur incompétence est poussée à l’excès.
Certains rebondissements suscitent par ailleurs le scepticisme, d’autant que Gilles Bannier choisit souvent l’angle et la précision du reportage pour construire son œuvre. Tout cela sent le déjà -vu. L’univers kafkaïen d’Arrêtez-moi là rappelle par moments Omar m’a Tuer, La Ligne verte, Présumé coupable (sur l’affaire d’Outreau) ou encore Les Trois Prochains Jours. Le déroulement du fil n’apporte rien de vraiment nouveau sur le sujet des erreurs judiciaires. Le héros incompris et seul contre tous, les événements qui se lient implacablement contre lui, ainsi que sa solitude et l’abandon progressif de ses proches arrivent de manière attendue et sans surprise. Seule la dernière partie suscite un certain intérêt et apporte un souffle d’originalité. Le traitement réservé aux victimes d’erreurs judiciaires et les réactions du héros sont décrits avec justesse. La force d’Arrêtez-moi là réside dans ses acteurs principaux, Reda Kateb, sincère et convaincant, et Léa Drucker, sobre et jouant beaucoup sur l’intériorité. On aurait toutefois préféré un peu moins d’invraisemblances et plus de punch.
Christophe Binet
- ARRÊTEZ-MOI LÀ réalisé par Gilles Bannier en salles le 6 janvier 2016.
- Avec : Reda Kateb, Léa Drucker, Gilles Cohen, Erika Sainte, Thémis Pauwels, Stéphanie Murat, Luc-Antoine Diqueiro, Quentin Baillot…
- Scénario : Gilles Bannier et Nathalie Hertzberg, d’après le roman Arrêtez-moi là de Iain Levison
- Production : Legato Films, Anne Derré et Agathe Berman
- Photographie : Alain Marcoen
- Montage : Peggy Koretzky
- Décors : Philippe Van Herwijnen
- Costumes : Laure Villemer
- Musique : Siegfried Canto et Hervé Salters
- Distribution : EuropaCorp
- Durée : 1h34
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