Synopsis : Avant la destruction de la planète Krypton, une petite nacelle est envoyée sur Terre. À son bord, Kal-el, un bébé recueilli par un couple de fermiers du Kansas. Quelques années plus tard, le jeune homme cache sa force surhumaine et ses superpouvoirs sous l’identité de Clark Kent, journaliste au Daily Plannet de Metropolis. Aux côtés de Lois Lane, Clark enquête sur les criminels menaçants la sécurité de la Terre, qu’il neutralise sous les traits de Superman !
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Pour son 75e anniversaire, l’intégrale des cartoons Superman de Max Fleischer fait son retour dans les bacs grâce à l’éditeur Eléphant Films, en profitant de la sortie du BATMAN V SUPERMAN (notre critique). Cette version restaurée Haute-Définition dans un double DVD comportant 17 épisodes, ne fait pas disparaître le charme de ce dessin animé old-fashioned en technicolor. Musique, voix des personnages et postures, tout dans cette panoplie si désuète donne au contraire une agréable sensation de nostalgie. Les aficionados de toujours du fils de Krypton y retrouvent les fondamentaux : courage, sobriété, modestie, valeurs chevaleresques, culte de la vérité et de la justice. Ils sourient à l’aspect daté des répliques de Clark Kent, jouant le majordome et le secrétaire de Loïs Lane, joliment mise en scène en pin-up. Celle-ci sait aussi tirer à la mitraillette dès cette époque, réaliser des missions d’infiltration et faire preuve d’un courage exemplaire ; elle incarnait déjà une certaine forme de féminisme. On constate également le squelette narratif apparent des épisodes, invariable et rassurant. À l’instar du comicbook éponyme de Joe Shuster et Jerry Siegel, il s’agit d’une menace, d’une femme en péril (Loïs) qui cherche les ennuis par volonté d’obtenir un scoop, d’un changement de costume (le complet des années 40 devient le costume bleu orné d’une cape rouge). Mais aussi d’une mise au pas du méchant par Superman et d’une petite conclusion sur le ton de l’humour et du bonheur retrouvé.
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Bien sûr, on y lit une exaltation de l’Amérique, qui passe par la punition des méchants. À commencer par les Japonais : le héros de Metropolis joue au saboteur d’installations nippones dans l’épisode Eleventh Hour. Puis des Allemands : espions et saboteurs nazis sont sévèrement rossés par l’Homme d’Acier. Hitler apparaît d’ailleurs de manière extrêmement brève à la fin de Jungle Drums. Superman salue même ostensiblement la bannière américaine flottant au vent dans le dernier cartoon. Sachant que les épisodes furent diffusés entre 1941 et 1943, rien d’étonnant. Mais ils s’adossent aux fondamentaux de la littérature et des pulps (magazines à bon marché du début du XXe siècle), comme les codes premiers de la science fiction naissante, à savoir les savants fous et les robots, ou les météores destructeurs venus de l’Espace. Le fantastique et l’occulte y trouvent encore leur part avec l’utilisation des monstres de glace, des animaux féroces (Terror on the Midway s’inspire de King Kong), des mondes souterrains peuplés de créatures étranges, des momies et de l’Egypte antique. Le crime le plus traditionnel est aussi dénoncé via des cambrioleurs et autres braqueurs.
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Ce passage du papier à l’écran via les studios Paramount fut à l’origine du pouvoir de voler de Superman ; il ne le possédait pas encore lors de sa naissance dans les comics. Ces cartoons, dont le premier The Mad Scientist (ci-dessous) a quand même coûté 50 000 dollars, nous plongent ainsi au cœur du Golden Age des superhéros, à savoir trois ans après la création de Superman en 1938. Quelques formules emblématiques de la création des frères Dave et Max Fleischer ont également contribué à façonner le Kryptonien héroïque : la fameuse tagline « C’est un oiseau, c’est un avion, c’est Superman ! » et son changement de costume dans une cabine téléphonique. On croise enfin dans ces images d’antan, techniquement remarquables pour l’époque, quelques détails amusants sur l’évolution de nos mythes de la culture populaire d’un point de vue sociologique. Au début des années 40, Superman était « plus rapide qu’une balle de fusil », qu’une « locomotive » et faisait des bonds par-delà les buildings, symbole des États-Unis en émergence. Aujourd’hui, il faut davantage mobiliser des missiles, fusées, et espaces galactiques pour évaluer les pouvoirs de l’Homme d’Acier…
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- SUPERMAN des studios Fleischer disponible pour la première fois en version restaurée dans une édition intégrale collector (17 épisodes de 10 minutes chacun) dès le 5 avril 2016.
- Avec les voix de : Bud Collyer, Joan Alexander, Jackson Beck, Jack Mercer, Julian Moa…
- Scénario : Seymour Kneitel, Izzy Sparber et Jay Morton, d’après le personnage créé par Joe Shuster et Jerry Siegel.
- Réalisation : Dave Fleischer
- Photographie : Charles Schettier
- Production : Max Fleischer
- Animation : Frank Endres, Steve Muffati
- Musique : Sammy Timberg
- Edition : Elephant Films
- Tarif : 16,99 € (DVD)
- Durée : 2h30
- Date de diffusion : du 26 septembre 1941 au 30 juillet 1943 (États-Unis)
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