Résumé : De nombreux spécialistes, chercheurs et professionnels se sont penchés sur les rapports des ingénieurs Pathé (1906-1927) pour en décrypter les apports et renouveler nos connaissances sur les débuts de l’industrie cinématographique.
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En 2011, de nombreux rapports relatifs aux activités des premières années de la société de production française Pathé furent retrouvés. Administratifs, économiques ou industriels, ces rapports constituent un ensemble d’archives considérables, tant du point de vue de leur nombre que de leur fond. C’est à partir d’elles que furent rédigées les études composant cet ouvrage, qui, sous la direction de Jacques Malthête et Stéphanie Salmon, publie les actes prononcés lors des journées d’étude organisées à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé les 7 et 8 décembre 2015, prouvant par-là la multiplicité des approches permises par l’emploi d’une telle documentation. Structuré en trois parties, l’ouvrage se focalise principalement sur l’organisation industrielle de la société, ses recherches scientifiques, et sur sa grande entreprise formelle : la création de films en couleurs. Au fil des pages, Pathé se dévoile, l’histoire de son développement et de son expansion économique en faisant l’une des sociétés de production cinématographique les plus renommées au monde. Cette excellence, la maison la doit principalement à l’engouement de ses ingénieurs, cherchant à parfaire les techniques de l’époque tout en envisageant celles qui constitueront le cinéma de demain. C’est dire l’importance de cette étude qui permet de mieux comprendre les films d’aujourd’hui à partir des expérimentations du passé. On apprend ainsi l’intérêt précoce de Pathé pour la stéréoscopie (cinéma en 3D), mais aussi pour les possibilités offertes par les techniques chromatiques.
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Science et art se rencontrent sans cesse, l’évolution du langage cinématographique allant naturellement de pair avec les expérimentations technologiques menées au sein des laboratoires. C’est dire si le travail du chercheur en études cinématographiques s’apparente ici à celui de l’archéologue. À partir d’une photographie, André Gaudreault parvient avec brio à prouver l’importance jouée par les films Pathé sur le développement du montage narratif ; une entreprise de fouille intensive qui caractérise l’ensemble des textes proposés ici. Parmi les auteurs, des historiens et des chercheurs, mais pas seulement. Ainsi de Jean-Pierre Martel, créateur du musée Kodak, et qui fut recruté comme ingénieur chez Pathé à la fin des années soixante, ou encore Benjamin Alimi et Saïd Chaouni, tous deux responsables chez Film Heritage & Post-Production, laboratoire photochimique et numérique. Ces apports ne doivent pas être négligés, permettant de comparer les enjeux et les mutations de pratiques appelées à perdurer (l’emploi toujours actif de la pellicule, quoi qu’on en dise). Que le profane ne s’inquiète nullement, les études ne tombe jamais dans l’écueil, souvent tentant, du jargon technique. Les propos sont clairs, compréhensibles pour tous. De nombreux documents (photographies, schémas, et diagrammes) viennent éclairer encore les réflexions, tout en illustrant magnifiquement l’ensemble de l’ouvrage. Une réussite donc qui motive encore les ambitions de recherche, de découverte, et de préservation de ces documents qui s’apparentent à de véritables trésors patrimoniaux – pour qui sait les comprendre et les interpréter.
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- RECHERCHES ET INNOVATIONS DANS L’INDUSTRIE DU CINÉMA – Les cahiers des ingénieurs Pathé (1906-1927) sous la direction de Jacques Malthête et Stéphanie Salmon édité par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé et disponible depuis le 7 mars 2017.
- 304 pages
- 29 €