Synopsis : Une soucoupe volante atterrit sur Terre. Alors qu’on les croyait hostiles, les extraterrestres sont en fait porteurs d’un message de paix pour l’humanité.
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Splendor Films ressort ce 3 janvier Le jour où la terre s’arrêta de Robert Wise, derrière West Side Story, La canonnière du Yang-Tse, Star Trek Le film, Le mystère Andromède. Ce grand classique de la science-fiction de 1951 nous revient dans une version restaurée 4K flamboyante. Le jour où la terre s’arrêta conserve le charme vintage des œuvres de SF des années 50. Bien avant Rencontres du troisième type de Steven Spielberg, il est l’un des premiers films du genre à livrer un message pacifiste sur le thème de l’invasion extraterrestre. L’histoire raconte l’atterrissage d’une soucoupe volante sur Terre. À son bord, un être à l’apparence humanoïde nommé Klaatu et un robot semblant invincible du nom de Gort. L’arrivée de ces étrangers d’une autre planète est-il une menace ou au contraire un avertissement pour la race humaine ? Robert Wise y répond dès le départ en ne cachant pas l’intention bienveillante de Klaatu, qui est d’avertir l’humanité sur le danger d’un péril atomique imminent. Une mission dont le but est de sauvegarder l’équilibre de l’univers. À l’instar de La chose d’un autre monde (1951) de Christian Niby et Howard Hawks, autre grande œuvre de science-fiction post-Seconde Guerre mondiale, réalisés après le traumatisme des bombardements atomiques américains sur les villes de Hiroshima et Nagasaki, Le jour où la terre s’arrêta est une fable au message anti-nucléaire.
En adaptant la nouvelle de science-fiction Adieu au Maître de Harry Bates, Robert Wise livre une histoire qui frappe d’abord par sa grande simplicité, l’autorisant à être compris par les enfants et les adultes. Si les effets spéciaux sont très soignés (l’arrivée de la soucoupe volante et l’apparence des occupants), le réalisateur semble s’intéresser ici davantage à l’humain qu’à l’extraterrestre. D’ailleurs Klaatu, l’habitant d’un autre monde, a les caractères physiques d’un homme. Une apparence terrestre qui lui permet de se fondre dans la foule. Rien ne le distingue donc des êtres humains, mis à part une extrême longévité d’âge. C’est l’acteur Michael Rennie qui incarne cet être venu d’ailleurs à la fois inquiétant et rassurant. Alors inconnu lors du tournage, et repéré par le producteur exécutif Darryl F. Zanuck dans une pièce de théâtre à Londres, Michael Rennie apporte ce mélange d’étrangeté et de bonté nécessaire à son personnage, dont le rôle était prévu au départ pour le comédien britannique plus renommé Claude Raims (Casablanca, Les enchainés). Ce qui caractérise Klaatu, est qu’il est doté d’un QI extrêmement supérieur. En témoigne la scène de sa confrontation avec le professeur Jacob Barnhardt (Sam Jaffe), un vieux savant qui rappelle fortement Albert Einstein.
Le message que semble alors nous délivrer Le jour où la terre s’arrêta est que l’intelligence va de paire avec le sentiment pacifiste. La figure du robot Gort qui l’accompagne est aussi marquante, et la phrase « Klaatu barada nikto » qui permet de le neutraliser est restée célèbre. Gort cache derrière l’acteur Lock Martin, géant d’un mètre trente, seul capable d’endosser un costume lui autorisant très peu de mouvement. Ainsi, lorsqu’il porte dans ses bras l’actrice Patricia Neal (Le rebelle), celle-ci est en fait soutenue par des câbles. Patricia Neal incarne Helen Benson, jeune veuve et mère du petit Bobby (Billy Gray), un garçon de treize ans. Helen et Bobby symbolisent le bon versant de l’Humanité, contrairement au personnage de Tom Stevens (Hugh Marlowe), prétendant de Helen et arriviste égoïste. Son personnage apparaît volontairement comme le plus antipathique du long métrage ; le versant mauvais de l’humain. Il est d’ailleurs étonnant d’avoir voulu tisser une relation amoureuse entre Helen avec Tom plutôt qu’avec Klaatu, plus proche d’elle. Bien avant le magnifique Starman (1984) de John Carpenter, la relation d’une femme avec un extraterrestre aurait sans doute déstabilisé le spectateur de l’époque, et rendu l’histoire d’amour impossible. Wise évacue cette sous-intrigue au profit d’une amitié touchante, et quasi paternaliste, entre Klaatu et le petit Bobby. Cette dimension offre aussi une identification du jeune public avec l’un des personnages.
Ce qui frappe dans le film est la grande authenticité des décors et des personnages. Les seuls éléments étranges sont ceux qui ont trait aux objets extraterrestres, encore que là aussi le choix a été vers la simplicité comme l’aspect lisse de l’engin spatial de Klaatu ou l’armure de métal indestructible du robot Gort. Robert Wise fût à ses débuts monteur puis chef monteur, notamment pour la RKO et Orson Welles sur Citizen Kane et La splendeur des Amberson. Cette expérience joue sans doute beaucoup sur le rythme ne souffrant d’aucun temps mort. Le jour où la terre s’arrêta est enfin illustré par la superbe musique de Bernard Hermann, mélangeant ici pour la première fois instruments électroniques et électriques. La bande originale devenue la référence pour le cinéma de science-fiction par la suite, ajoute une émotion qui culmine lors de sa superbe séquence finale. Doté de séquences fabuleuses à la photographie noir et blanc contrastée et sublime qui le fait parfois ressembler à un long épisode de The Twilight Zone, le chef-d’œuvre de Robert Wise demeure toujours aussi efficace dans son message universel. Si Le jour où la terre s’arrêta a depuis connu un remake relativement honorable en 2008, avec Keanu Reeves et Jennifer Connelly, il est conseillé de (re)découvrir l’original en salles à travers cette superbe copie restaurée 4K.
- LE JOUR OU LA TERRE S’ARRÊTA (The Day The Earth Stood Still)
- Ressortie salles : 3 janvier 2018
- Version restaurée 4K
- Réalisation : Robert Wise
- Avec : Michael Rennie, Patricia Neal, Hugh Marlowe, Sam Jaffe, Billy Gray, Frances Bavier, Lock Martin
- Scénario : Edmund H. North
- Production : Julian Blaustein
- Production exécutive : Darryl F. Zanuck
- Photographie : Leo Tover
- Montage : William Reynolds
- Décors : Claude E. Carpenter, Thomas Little
- Costumes : Travilla, Clinton Sandeen
- Musique : Bernard Herrmann
- Distribution : Splendor Films
- Durée : 92 minutes
- Sortie initiale : 18 septembre 1951 (USA) – 18 septembre 1952 (France)