Notre enfant de Diego Lerman : critique

Publié par Lucia Miguel le 17 avril 2018

Synopsis : Médecin de Buenos Aires, Malena s’apprête à devenir mère au terme d’une démarche d’adoption longue et éprouvante. Remplie d’espoir, elle parcourt les 800 kilomètres qui la séparent de la mère biologique. Mais au moment de retrouver son bébé, Malena apprend que la famille de l’enfant lui impose de nouvelles conditions…

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Notre enfant - affiche

Notre enfant – affiche

Trois ans après Refugiado, projeté à Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes, le cinéaste du nouveau cinéma argentin, Diego Lerman, revient avec Notre enfant. Réputé pour son approche sociale et politique et connu pour ses oeuvres, comme Tan de repente primé dans plusieurs festivals dont Locarno et Vienn, Lerman choisit ici l’une des étoiles montantes du cinéma hispanophone, Barbara Lennie, révélée dans Magical Girl de Carlos Vermut. Excellent choix, car cette Espagnole de parents argentins incarne à la perfection une femme médecin qui se bat contre tout et tous pour réussir à être mère. Dans cette nouvelle problématique sociale, Lerma se concentre sur la corruption et la misère à travers l’adoption en Argentine. Le film se focalise sur Malena, une médecin de la bourgeoisie à Buenos Aires sur le point d’adopter un nouveau-né d’une mère porteuse. On suit ainsi cette femme à travers son parcours lent et fastidieux, rempli d’obstacles et d’imprévus. À partir du chantage de la famille de la mère porteuse jusqu’au contrôle de la police qui fait tout basculer, Malena doit faire face à un destin qui cherche sans cesse à la priver de ce nourrisson tant attendu. La caméra s’immisce dans l’intimité de cette femme désespérée, à l’image de la scène d’accouchement ou lors de la discussion entre Malena et Marcela, la mère porteuse. Mais le cinéaste sait aussi prendre plus de distance et laisser les personnages (et le spectateur) souffler au milieu de cet tourbillon d’émotions. Car Notre enfant est un peu comme une montagne russe émotionnelle, alternant les moments plus calmes -semblant de stabilité- et les montées frénétiques. Ce qui rend souvent la narration décousue. Si l’effet est recherché, le cinéaste semble miser sur un minimalisme formel pour concentrer toute l’attention du spectateur sur le jeu précis et émotif de Lennie.

 

Notre enfant

Notre enfant

 

Si Notre enfant traite de la maternité, ou plus précisément de l’impossibilité d’être mère, le récit aborde également, de façon plus ou moins directe, des thématiques propres à l’histoire de l’Argentine, comme le trauma des enfants volés durant la dictature de Videla (les mères de la Plaza de Mayo, avec qui Malena pourrait trouver une correspondance). Ou encore la mysoginie qui prévaut dans la société, avec l’impossibilité de cette femme à obtenir l’adoption sans avoir son ex-mari à ses côtés. La lutte des classes et la pauvreté sont aussi d’autres thématiques soulevées. Lerman signe ainsi un film en dent de scie, mais assez fort dans le sujet qu’il aborde. Par moments, le désir de procréation s’apparente plus à une obsession destructrice qu’au réel désir de donner du bonheur aux enfants orphelins car on ressent que Malena est capable de tout faire pour emporter cet enfant avec elle. La force du film émane essentiellement de la performance de Barbara Lennie, qui confirme une nouvelle fois son talent dans un rôle qui n’est pas des plus simples. Au final, s’il nous réserve peu de surprises, Notre enfant met en exergue l’intimité d’une femme brisée mais courageuse tout en parvenant à établir un lien social, moral et émotionnel entre une histoire personnelle et l’imaginaire collectif argentin.

 

 

 

  • NOTRE ENFANT (Una especie de familia)
  • Sortie salles : 18 avril 2018
  • Réalisation : Diego Lerman
  • Avec : Bárbara Lennie, Daniel Aráoz, Claudio Tolcachir, Paula Cohen, Yamina Ávila
  • Scénario : Diego Lerman, Maria Meira
  • Production : Diego Lerman, Nicolás Avruj
  • Photographie : Wojciech Staron
  • Montage : Alejandro Brodesohn
  • Décors : Marcos Pedroso
  • Costumes : Valentina Bari
  • Musique : Jose Villalobos
  • Distribution : Potemkine Films
  • Durée : 1h35

 

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