Le 9 juin au soir a eu lieu la remise de Prix pour la vingtième édition du Très Court Festival. Une compétition présidée cette année par Eric Judor et qui a vu le sacre du réalisateur américain Jim Cummings pour It’s All Right, It’s ok, dont le premier long métrage sortira le 12 septembre prochain.
Comme chaque année le Très Court Festival offre à des réalisateurs du monde entier la possibilité de proposer un court-métrage de moins de quatre minutes. Les heureux élus sélectionnés parmi des milliers de films, voient alors leur oeuvre diffusée dans près de cent villes françaises et trente pays. Le court obligeant à la concision, c’est aussi l’occasion d’estimer la création et de comprendre ce qui travaillent les réalisateurs autour du globe.
C’est à Eric Judor, président du jury 2018 et son équipe composée de Renan Luce, David Mora, Amélie Etasse, Chloé Valmary, Etienne Jaumet, Marie Kock et Marie-Anne Kleiber qu’il incombait de remettre les prix des différentes catégories.
Cette année ils ont choisi de distinguer Jim Cummings avec It’s All Right, It’s Ok, parmi les quarante-et-un films en compétition internationale. Ayant gagné le Grand Prix du jury au Sundance de 2016 pour le court Thunder Road dont le long-métrage sortira en France le 12 septembre prochain, Cummings propose ici un plan-séquence coup de poing. Celui-ci s’ouvre sur le plan très serré d’un homme en train de faire un massage cardiaque à une fillette tandis que les informations nous sont distillées lentement à mesure que la caméra recule. On aperçoit alors une menotte à l’un de ses poignets suggérant que l’action a été coupée par l’accident. Une fois l’enfant sauvée, les policier arrivent dans le champs et entreprennent de l’embarquer. Un chaud-froid continuel et déstabilisant qui a grandement séduit le président du jury de cette année.
Le Prix de l’Originalité a été décerné à I’m Here (Je suis là) de Eoin Duffy. Le jury a expliqué n’avoir pas été spécialement charmé par le court en lui-même mais complètement soufflé par sa forme qui propose à la fois un texte planant et inspiré ainsi qu’un graphisme particulier. “Un trip qui pousse la chose très très loin” a expliqué Eric Judor.
La légende de la chèvre qui connaissait le vrai sens de la montagne –ou Mêê pour les intimes- a été sacré meilleur court d’animation. À l’instar de son titre, l’action est loufoque et drôle pour un ultra-court métrage qui ne dure pas plus d’une minute. Il a été réalisé par des étudiants de l’École de l’Animation et de l’Image de Synthèse de Arles, Juan Olarte, Corentin Yvergniaux et Léo Brunel.
Le jury a décerné la mention spéciale à deux courts métrages espagnols, Preliminares de Teresa Bellon et Cesar F.Cavillo, et Big Data de Javier San Roman Martin saluant le jeu excellent des acteurs dans les deux oeuvres. Enfin, dans la compétition Paroles de Femmes, le Prix du Droit des Femmes a été remis à Charlotte Abramow, pour son clip qui reprend la chanson Les Passantes de Georges Brassens. Le prix Canal +, qui offre l’achat des droits par la chaîne ainsi qu’une diffusion, a été décerné à The Wedding, de Chris et Ben Blaine, deux frères aux multiples réalisations dont le film Nina Forever, sorti en 2015 est lauréat du prix Meilleur Espoir au British Independent Film Award.
Cette année, beaucoup de films ont traité des relations amoureuses et de leur fin. Par le biais de la technologie ainsi que de ses dérives, le couple est passé au microscope et disséqué ; de premier rendez-vous aux préliminaires, en passant par la perte d’un enfant et comment y survivre. Ainsi, Max Blustin, qui avait gagné le Grand Prix au Très Court Festival l’année dernière pour A Magician, a été sélectionné cette année pour Sorceress, avec Nathalie Emmanuel qui incarne une serveuse troublante qui ne peut s’empêcher de soulager un couple de client dont la conversation l’émeut. Les sociétés dystopiques et le consumérisme ont également été mis en scène par le biais de films d’animation, comme My Life On Mars de Nolwenn Roberts ou le très angoissant Happiness de Steve Cutts.
Une belle sélection 2018 où les dialogues ont souvent la part belle dans des courts métrages qui s’enchaînent et ne se ressemblent pas. Les tonalités et traitement varient autour d’un festival mosaïque qui s’impose une année de plus et nous permet de belles découvertes. Le spectateur devient alors privilégié, comme présent dans l’antichambre créatrice de nombreux longs métrages.