Eric Judor

Eric Judor

C’est Eric Judor qui a présidé la vingtième édition du Très Court Festival dont la remise de prix s’est tenue le 9 juin au soir au Forum des Images à Paris. L’occasion pour nous d’échanger avec cet acteur et réalisateur sur la compétition internationale de 2018, de sa vision du court-métrage au talent particulier de la France pour l’animation, jusqu’à ses projets.

 

 

 

Tres Court Festival - 20e - affiche

Très Court Festival – 20e édition – affiche

CineChronicle : Est-ce la première fois que vous présidez un festival ?

Eric Judor : Oui, on m’a souvent proposé de faire partie d’un jury mais pas la présidence. Apparemment, je n’ai pas la tête ou un physique de président (rires). Cela doit venir des vêtements, je crois qu’il faut être plus souvent en costume pour être président. J’ai naturellement sauté sur l’occasion avant même de savoir de quel festival il s’agissait. J’ai vu par la suite que c’était un super festival, donc j’étais heureux.

 

CC : Aviez-vous des exigences ou attentes particulières ?

EJ : Aucune appréhension, même si j’ai pris mon rôle au sérieux. Avec l’ensemble du jury, nous avons regardé la quarantaine de courts métrages sélectionnés. Le président ne regarde pas tout, car il est extrêmement occupé à essayer des costumes (rires). Nous avons regardé ces courts de 4 minutes avec beaucoup d’attention. Il y a eu un vrai débat quant aux prix à décerner. Nous nous sommes vraiment demandés quelle était la plus grande force de chaque film. Chacun des membres a partagé son ressenti et a défendu son choix avec des arguments, artistiques et d’émotion.

 

CC : Quels sont ceux qui vous ont particulièrement marqué ?

EJ : Le Grand Prix du Jury. Indéniablement. It’s All Right, It’s Ok de Jim Cummings est pour moi, une leçon de cinéma. Comment l’image sans texte peut dire des choses importantes et comment le jeu devient essentiel. J’ai hâte de voir son long-métrage [Thunder Road, sur les écrans en septembre, Ndlr].

 

Its All Right Its ok de Jim Cummings - Tres Court Festival

Its All Right, Its ok de Jim Cummings – Très Court Festival

CC : Vous avez écrit et réalisé séries, sketches, publicités, longs-métrages. Vous êtes-vous déjà essayé au court ?

EJ : Non, je pense que le court-métrage est une carte de visite pour un réalisateur pour passer au long. Je ne pense pas qu’il existe des réalisateurs qui ne fassent que du court-métrage. C’est rarement un objectif pur et simple. Ce sont des gens qui veulent décliner l’idée du court dans un long-métrage ou montrer leur talent de réalisateur. J’ai réalisé pas mal de publicités, donc on peut considérer que c’est du court métrage. À des fins mercantiles, même si je l’ai vraiment fait par passion et non pour l’argent. (rires) Ils ne m’ont rien payé d’ailleurs. EDF ? Jamais. (rires).

 

CC : Et qu’avez-vous pensé de la production en compétition ? 

EJ : Cela m’embête de l’avouer. Les Français sont moins forts et moins bons dans l’image. Lorsque je regarde des courts argentins ou espagnols, ils ont les mêmes moyens, ne sont pas plus talentueux dans l’écriture mais ils font vraiment attention à l’image. Les Français sont forts dans l’écriture mais ils ne soignent pas l’image. Je retrouve ce défaut dans le milieu de la publicité également. Les pubs françaises de comédie sont souvent centrées sur le premier plan et délaissent l’arrière plan ou la figuration. Le jeu n’est pas bon derrière parce qu’ils s’en fichent.

 

CC : Et l’animation ?

EJ : Nous sommes supérieur. Nous avons de très bonnes écoles, même si la plupart des techniciens partent encore aujourd’hui chez Dreamworks ou dans d’autres studios américains. Dans cette compétition, le niveau était excellent. J’ai beaucoup aimé Pression en cabine (de Matthew Lee) que j’avais eu déjà l’occasion de découvrir dans un autre festival de court-métrage.

 

CC : Pour un jeune réalisateur, y a-t-il des pièges à éviter ? 

EJ : Il faut avoir une idée forte. Pour un court, la chute est primordiale, à ne pas rater. Le film peut être de très belle facture, très bien réalisée, avec une belle prise de son et une excellente musique, mais si la chute ne fonctionne pas, sur trois minutes, on ne retiendra que cela. C’est l’impression sur laquelle on reste. Il faut la tester en la racontant autour de soi pour se rendre compte de son impact. Si les gens répondent juste “Ah ouais pas mal”, alors il faut la retravailler. Après, chacun sa méthode. Certains veulent garder leur idée secrète jusqu’au bout et d’autres préfèrent la tester.

 

Eric Judor - Roulez Jeunesse

Eric Judor – Roulez Jeunesse

CC : Continuez-vous à recevoir des propositions pour jouer dans des courts ? L’exercice pourrait encore vous tenter ?

EJ : C’est assez rare et pourtant j’adorerais car il y a des idées brillantes que j’ai envie de développer et de soutenir mais je n’ai malheureusement pas beaucoup de temps pour me marrer comme ça à côté. Je lis beaucoup de choses. On m’envoie beaucoup de scénarios pour connaître mon avis. Mais j’ai encore des projets à réaliser qui me prennent quasiment 100% de mon temps.

 

CC : Quels sont ces projets ?

EJ : Je termine d’écrire la saison 3 de Platane pour ensuite la tourner. Elle sera à l’antenne en 2019. En attendant, le 25 juillet, j’ai un autre film qui sort, une comédie dramatique, Roulez jeunesse. Il s’agit du premier long-métrage de Julien Guetta.

 

CC : Et le projet de Late Show avec Ramzy ?
EJ :
Il est toujours au programme, mais ce sera après Platane car la série me prend déjà beaucoup de temps. Il est prévu pour la rentrée 2019.

 

CC : C’est vers ce type de format et d’écriture que vous souhaitez vous orienter désormais ?

EJ : Oui, j’aime bien sauter d’un cheval à un autre. Je trouve intéressant de changer de format et de média pour ne pas se scléroser et tenter de garder l’esprit vif.

 

CC : Quelles sont vos influences pour ce type d’exercice justement ?

EJ : Elles sont principalement anglo-saxonnes. Ce sont eux qui maîtrisent l’art du Late Show et du divertissement en général, même si certains Français le font également super bien, comme Alain Chabat et son Burger Quiz hilarant.

 

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