Grâce à Dieu de François Ozon : critique

Publié par Erica Farges le 20 février 2019

Synopsis : Alexandre vit à Lyon avec sa femme et ses enfants. Un jour, il découvre par hasard que le prêtre qui a abusé de lui aux scouts officie toujours auprès d’enfants. Il se lance alors dans un combat, très vite rejoint par François et Emmanuel, également victimes du prêtre, pour « libérer leur parole » sur ce qu’ils ont subi. Mais les répercussions et conséquences de ces aveux ne laisseront personne indemne.

♥♥♥♥

 

Grace a Dieu - affiche

Grâce à Dieu – affiche

Cinéaste surtout célèbre pour ses thrillers mais qui aime explorer et mélanger divers genres, François Ozon réalise pour la première fois un long-métrage portant sur un fait divers. Inspiré de l’affaire du père Preynat, prête de l’Evêché de Lyon accusé d’avoir abusé sexuellement de plusieurs enfants dans les années 1980 et 1990, Grâce à Dieu, comme Les Chatouilles sorti l’année dernière, brise le tabou de la pédophilie. S’il s’agit clairement d’une fiction, les événements sont fidèlement repris, allant jusqu’à conserver les lieux, les institutions, les dates et la plupart des noms réels des personnes impliquées dans l’affaire. Le procès du père Preynat étant toujours en cours, la nouvelle réalisation d’Ozon fait remarquablement écho à l’actualité. Sa sortie en salles a d’ailleurs failli être repoussée pour ne pas interférer avec la procédure judiciaire et éviter les accusations de diffamation. Après un tournage gardé longtemps secret, puis en confirmant que le long-métrage se contentait de relater les faits, l’œuvre de François Ozon est finalement projetée dans les cinémas à la date initialement prévue, se révélant être un drame à la narration fluide et immersive qui se construit sous forme d’enquête sans pour autant tomber dans un pathos excessif. L’alternance des points de vue, le traitement impartial des personnages, ainsi que la mise en scène sobre soulignée par la photographie neutre et classique de Manu Dacosse (L’Amant double, La Confession, Alléluia) contribuent à empêcher un parti pris trop figé.

 

Grace a Dieu

Grâce à Dieu

 

Porté par des acteurs qui incarnent parfaitement ce groupe d’hommes fraternisant et se rassemblant autour d’un traumatisme partagé dans leur enfance pour faire face à la mécanique du silence d’une institution très puissante, on retrouve au casting Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud, Eric Caravaca et Nicolas Bridet. Sans oublier Bernard Verley endossant brillamment le rôle de l’accusé qui confirme dès le début ses agissements mais paraît, ou fait semblant, de ne pas mesurer la gravité de ses actes. Bien que les protagonistes évidents soient masculins, contrastant avec les autres réalisations d’Ozon où la figure féminine idéalisée est souvent centrale, les femmes apparaissent comme un soutien essentiel dans ce combat, personnages clés interprétés, entre autres, par Josiane Balasko, Hélène Vincent, Aurélia Petit et Julie Duclos. 

 

On assiste ici à une œuvre poignante à la mise en scène simple qui lève le voile sur les coulisses d’une investigation aux enjeux importants et aux recherches poussées entraînant une transformation des anciens scouts abusés par le prête, principalement dans leur rapport à la foi chrétienne. Pourtant, cette omerta est rompue, avec l’impuissance individuelle face au sacré qu’elle contient, en plaçant surtout la dimension humaine et la justice au centre, plutôt que d’insister sur les questions morales et spirituelles qu’aurait pu amener un tel sujet. Ainsi, en dénonçant au cinéma des méfaits graves à travers la parole collective, dont celle du cinéaste, pour qu’ils soient connus du plus grand nombre possible, Grâce à Dieu redonne de la force aux individus ayant subi ces maltraitances et l’injustice du mutisme qui les a accompagnées.

 

 

 

  • GRÂCE À DIEU
  • Sortie salles : 20 février 2019
  • Réalisation : François Ozon
  • Avec : Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud, Josiane Balasko, Frédéric Pierrot, Eric Caravaca, Hélène Vincent, Bernard Verley, Aurélia Petit, Julie Duclos, François Chattot, Jeanne Rosa
  • Scénario : François Ozon
  • Production : Nicolas Altmayer, Eric Altmayer, David Ragonig
  • Photographie : Manu Dacosse
  • Montage : Laure Gardette
  • Décors : Philippe Cord’homme
  • Costumes : Pascaline Chavanne
  • Musique : Evgueni Galperine et Sacha Galperine
  • Distribution : Mars Films
  • Durée : 2h17

 

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