Le Chant du loup de Antonin Baudry : critique 

Publié par Sévan Lesaffre le 19 février 2019

Synopsis : Un jeune homme a le don rare de reconnaître chaque son qu’il entend. À bord d’un sous-marin nucléaire français, tout repose sur lui, l’Oreille d’Or. Réputé infaillible, ce dernier commet pourtant une erreur qui met l’équipage en danger de mort. Il veut retrouver la confiance de ses camarades mais sa quête les entraîne dans une situation encore plus dramatique. Dans le monde de la dissuasion nucléaire et de la désinformation, ils se retrouvent tous pris au piège d’un engrenage incontrôlable.

 

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Le Chant du Loup - affiche

Le Chant du Loup – affiche

Pour son premier long-métrage, Antonin Baudry, scénariste de Quai d’Orsay d’après sa bande dessinée, embarque François Civil, Mathieu Kassovitz, Reda Kateb et Omar Sy dans une sinistre histoire de sous-marin et de dissuasion nucléaire, genre quasi inexploré dans le cinéma français —on se souvient des Maudits de René Clément sorti en 1947 et de Casablanca de George Péclet en 1951. Dans Le Chant du loup, des sous-mariniers en charge de l’avenir de l’humanité tentent d’empêcher un conflit aux proportions imprévisibles. Le réalisateur se penche sur une fiction ancrée dans un monde réel en privilégiant l’affect, l’humain et sa supériorité sur les machines ou encore le rapport de l’individu à la hiérarchie, tout en évitant le cliché relatif à la glorification de l’armée dans les films américains. Ici, la tension repose sur le décor et le quatuor formé par les comédiens : deux atouts majeurs du film. Chanteraide décode, décrypte et interprète les sons à bord du Titane, guidant le sous-marin militaire dans les abysses. Lors d’une mission, le jeune homme commet une erreur mettant l’équipage en danger. Une guerre nucléaire se déclenche. Après une ouverture sur une citation d’Aristote (« Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer ») et un incipit aussi bavard qu’étouffant, dû en partie au langage technique et au cadrage très resserré, la narration bascule brusquement lorsque la Russie envahit la Finlande.

 

Le Chant du Loup

Le Chant du Loup

 

Antonin Baudry maîtrise sa mise en scène : il travaille le réalisme de la vie dans l’espace exigu du sous-marin et met en scène le quotidien de l’équipage d’un bateau pirate comme hanté par L’Effroyable, navire « fantôme » ennemi. Malgré un découpage efficace nécessaire à l’effet d’immersion recherché, certaines séquences traînent pourtant en longueur et le film cultive, dès les premières minutes, un étrange sentiment d’angoisse pour ne jamais plus s’en défaire. Le chant du loup, qui métaphorise l’écho menaçant de la mer, devient le bruit du chaos, prend la forme d’une série de sons stridents émis par le sonar ennemi. Il produit un climat oppressant, celui d’une montée en pression dans laquelle la nervosité est toujours palpable, tandis que le spectateur se sent compressé dans cet opaque océan des enfers et n’a d’autre choix que de retenir son souffle. Malheureusement, le climax édifié par Antonin Baudry conduit à une apocalypse attendue tandis qu’une certaine froideur se dégage de la photographie signée Pierre Cottereau.

 

Le Chant du Loup

Le Chant du Loup

 

Reda Kateb (Hippocrate) et Omar Sy (Intouchables), dirigés par un autoritaire Mathieu Kassovitz (Amen), tirent leur épingle du jeu sous les traits du commandant Grandchamp et du second d’Orsi. François Civil (Five) dans le rôle de Chanteraide, héros fougueux surdoué qui finira rescapé de son ultime mission, susurre et livre quant à lui une performance parfois inégale. Autre bémol, Diane, incarnée par Paula Beer (Frantz) se révèle complètement inexistante. Sa relation naissante avec Chanteraide est sous-exploitée et dessine une romance bien superflue. Si « l’oreille d’or » constitue le pivot du scénario, Le Chant du loup, non sans rappeler À la poursuite d’Octobre rouge et USS Alabama, souffre de quelques défauts notamment sur la peinture et la caractérisation des personnages. Film sur la confiance, la prise de décision, l’engagement, l’instinct, l’amitié, le courage et l’amour, l’homme doit ici s’écouter dans tous les sens du terme. Les quatre personnages principaux confrontés à des décisions aux répercussions planétaires, paraissent désincarnés dans la première partie, diffèrent à tous les niveaux et offrent une multiplicité de points de vue au sein du microcosme représenté par le sous-marin.

 

Le charisme de chacun contribue cependant à l’équilibre de l’ensemble. Du grand spectacle mais surtout des portraits d’hommes en plein doute et un film d’équipage plutôt réussi au cadre ultra-réaliste, au rythme soutenu et intensif. Le Chant du loup, rouage bien huilé entre thriller et film d’action mental aux enjeux géopolitiques se révèle cruellement actuel, frontal, viril et immersif.

 

 

 

  • LE CHANT DU LOUP
  • Sortie : 20 février 2019
  • Réalisation : Antonin Baudry
  • Avec : François Civil, Omar Sy, Reda Kateb, Mathieu Kassowitz, Paula Beer, Etienne Guillou-Kervern, Nicolas Van Beveren, Arthur Choisnet, Sylvain Loreau, Damien Bonnard…
  • Scénario : Antonin Baudry
  • Production : Jérôme Seydoux, Alain Attal
  • Photographie : Pierre Cottereau
  • Montage : Guerric Catala, Nassim Gordji Tehrani, Saar Klein
  • Décors : Benoît Barouh, Muriel Chinal
  • Costumes : Mimi Lempicka, Judy Shrewsbury
  • Musique : Tomandandy
  • Distribution : Pathé
  • Durée : 1h55

 

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