Synopsis : Sibyl est une romancière reconvertie en psychanalyste. Rattrapée par le désir d’écrire, elle décide de quitter la plupart de ses patients. Alors qu’elle cherche l’inspiration, Margot, une jeune actrice en détresse, la supplie de la recevoir. En plein tournage, elle est enceinte de l’acteur principal… qui est en couple avec la réalisatrice du film. Tandis qu’elle lui expose son dilemme passionnel, Sibyl, fascinée, l’enregistre secrètement. La parole de sa patiente nourrit son roman et la replonge dans le tourbillon de son passé. Quand Margot implore Sibyl de la rejoindre à Stromboli pour la fin du tournage, tout s’accélère à une allure vertigineuse…
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Déjà partenaire sur le très remarqué Victoria en 2017, le duo talentueux Triet-Efira se retrouve cette fois en compétition officielle du 72e Festival de Cannes avec Sibyl. Ici, la réalisatrice offre un rôle ambigu à sa muse qui donne la réplique à Adèle Exarchopoulos, cette dernière incarnant Margot, l’actrice en détresse et patiente hors norme de Sibyl (Virginie Efira). L’apparition de Margot fait émerger des émotions enfouies ; la comédienne devient une sorte d’extension de sa psychanalyste, et inversement. Le long-métrage se construit principalement sur la réflexivité, les jeux de miroirs, parfois inversés, avec des niveaux de réalité qui se confondent. La dissociation des personnages s’étend à l’espace-temps, le passé et le présent s’enchevêtrent, les repères se perdent entre les séances de thérapie, la vie de tous les jours, le roman de Sibyl et le tournage du film. Si Justine Triet mentionne la série En Analyse et Une Autre Femme de Woody Allen comme principales sources d’inspiration, sa nouvelle réalisation est chargée de références cinématographiques, parmi lesquelles Stromboli de Roberto Rosselini, The Player de Robert Altema ou encore Volte/Face de John Woo. On peut aussi penser au roman biographique quasi éponyme Sybil qu’une psychiatre new yorkaise a écrit sur l’une de ses patientes à personnalités multiples. Œuvre cinématographique assez ambitieuse et complexe, elle présente la plupart du temps une structure ingénieuse, même si le récit peine parfois harmoniser l’ensemble. Si le sujet se prête au thriller psychologique, son registre reste celui d’une tragicomédie hyperstylisée qui établit remarquablement un labyrinthe où les spectateurs se perdent entre les différentes psychés. Une oeuvre qui relève davantage d’une exploration sentimentale des personnages que d’un suspense mystérieux. Ainsi, toujours dans une perspective en reflets, Sibyl met en parallèle recherche personnelle et création.
- SIBYL
- Sortie salles : 24 mai 2019
- Réalisation : Justine Triet
- Avec : Virginie Efira, Adèle Exarchopoulos, Gaspard Ulliel, Sandra Hüller, Laure Calamy, Niels Schneider, Paul Hamy, Arthur Harari, Natascha Wiese
- Scénario : Justine Triet et Arthur Harari
- Production : David Thion et Philippe Martin
- Photographie : Simon Beaufils
- Montage : Laurent Sénéchal
- Décors : Toma Baqueni
- Costumes : Virginie Montel
- Musique : Thibault Deboaisne
- Distribution : Le Pacte
- Durée : 1h40