Synopsis : Seule présumée coupable du meurtre de sa meilleure amie, Dolorès Dreier, jeune étudiante argentine, attend son procès depuis deux ans. Sa famille, soudée, a fait appel au meilleur avocat de la ville. Avec son équipe, elle prépare minutieusement sa défense. Mais à quelques jours du procès, Dolorès est au centre d’un véritable déchaînement médiatique. Des secrets font surface, la solidarité familiale se fissure, Dolorès s’isole, et la stratégie de défense vacille…
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Le deuxième long-métrage de Gonzalo Tobal (Villegas) porte sur le procès de Dolorès Dreier (Lali Espósito), accusée du meurtre de sa meilleure amie. Malgré le caractère entièrement fictionnel de son œuvre, qui ne fait donc référence à aucune affaire criminelle réelle en particulier, le cinéaste a effectué de nombreuses recherches auprès d’avocats, de juges et de journalistes afin d’obtenir une mise en scène la plus réaliste possible. Sélectionné à la dernière Mostra de Venise, Acusada part d’une question classique du thriller judiciaire, « L’accusé est-il coupable ou innocent ? ». Le récit nous entraîne pourtant rapidement sur des terrains qui vont au-delà de la procédure de jugement ; les séquences en tribunal sont d’ailleurs peu nombreuses. Le film fait un constat sur l’influence potentielle des médias dans une affaire criminelle et aborde plusieurs thématiques centrales : la représentation de la période d’attente entre l’accusation et le verdict, mettant en évidence les incohérences du système judiciaire ; les chamboulements sociaux et familiaux causés par une telle situation ; un portrait de la jeunesse argentine actuelle. Si le récit peine à approfondir tous les sujets qu’il vise à couvrir, tout est articulé de manière fluide et s’intègre naturellement, sans faire appel à des artifices flagrants.
Autre point appréciable, le film ne prend jamais partie, même s’il se déroule entièrement du point de vue de l’accusée ambiguë, dont la culpabilité est indéterminée et ne révèle qu’une fraction infime d’elle à l’écran. Dans ce premier rôle principal international, l’actrice-chanteuse Lali Espósito s’en tire très bien, avec une interprétation déconcertante et juste. Parmi ce casting de comédiens quasi inconnus, on retrouve certains acteurs célèbres. On pense à Leonardo Sbaraglia (Douleur et Gloire, Les Nouveaux Sauvages) qui incarne le père de Dolorès, et Gael García Bernal (Neruda, No) qui offre une excellente apparition en présentateur de talk-show lors d’un caméo.
Le très bon jeu des acteurs compense les quelques défauts de réalisation, la bande originale qui, dans l’ensemble, évoque un peu un mélodrame ringard, et certaines tournures un brin trop dramatiques. En revanche, la temporalité se révèle ingénieusement gérée. Le mystère se construit également autour de la succession d’espaces constituant des huis clos (la maison familiale des Dreier, l’appartement où a eu lieu la fête précédant le meurtre, le bureau de l’avocat, le tribunal…). Tout donne l’impression qu’il est impossible d’accéder aux pièces-clés permettant d’élucider l’affaire. Ainsi, Acusada parvient à entretenir pendant près de deux heures un suspense et une incertitude totale.
- ACUSADA
- Sortie salles : 10 juillet 2019
- Réalisation : Gonzalo Tobal
- Avec : Lali Espósito, Gael García Bernal, Leonardo Sbaraglia, Daniel Fanego, Gerardo Romano, Lautaro Rodríguez, Inés Estévez, Margarita Molfino, Martina Campos, Ana Garibaldi, Emilio Vodanovich
- Scénario : Gonzalo Tobal et Ulises Porra
- Production : Leticia Cristi, Benjamin Doménech, Santiago Gallelli, Axel Kuschevatzky, Matias Mosteirin, Matias Roveda, Hugo Sigman, Julio Chavezmontes
- Photographie : Fernando Lockett
- Montage : Alejandro Carrillo Penovi
- Décors : Sebastián Orgambide
- Costumes : Laura Donari
- Musique : Rogelio Sosa
- Distribution : Haut et Court
- Durée : 1h53