Scary Stories de André Ovredal : critique

Publié par Garance Lunven le 22 août 2019

Synopsis : Dans un manoir abandonné, un groupe de jeunes trouve un livre qui raconte des histoires terrifiantes. Mais cette trouvaille n’est pas sans conséquence : la lecture du livre permet à ses effroyables créatures de prendre vie… La petite ville va alors faire face à une vague de morts particulièrement atroces, et chacun devra affronter ses pires peurs pour sauver les habitants et arrêter ce carnage.

♥♥♥♥♥

 

Scary Stories - affiche

Scary Stories – affiche

Les enfants des années 90 se souviennent tous des livres de la collection Chair de Poule, qu’ils dévoraient sous la couette au risque de ne pas dormir. C’est précisément l’effet que produit Scary Stories, le film du réalisateur norvégien André Ovredal adapté d’une série espagnole du même nom et de livres écrits par Alvin Shwartz. Conte d’horreur pour adolescents, le scénario ramène le spectateur adulte en enfance. Et prouve par la même occasion que le phénomène Stranger Things a très certainement eu plus d’impact qu’on aurait pu le penser. Sans être précurseur dans le genre, la série à succès a relancé la tendance des bandes d’adolescents boutonneux combattant les monstres gluants les plus redoutables. Rite initiatique nécessaire pour quitter l’enfance, ils ont la responsabilité de sauver leur ville, tandis que les adultes restent impuissants. Et s’il est facile de se laisser prendre au jeu une nouvelle fois dans Scary Stories, ces héros-type deviennent lassants à force de répétition, déjà vus dans des films comme E.T, Super 8 ou encore Ça. Non seulement les protagonistes sont caricaturaux, puisqu’on retrouve le grand méchant footballeur, la blondinette sophistiquée et l’intello courageuse, mais les ingrédients le sont encore davantage. Maison hantée, livre maudit, kidnapping, tous les ressorts du film d’horreur classique sont exploités sans grande originalité… 

 

Scary Stories

Scary Stories

 

En tant qu’hommage, Scary Stories pourrait donc s’avérer très efficace. En tant que production originale, beaucoup moins. Une déception pour un réalisateur expert dans le genre, puisque son précédent long-métrage The Jane Doe Identity (dont l’histoire était concentrée autour de l’autopsie d’une jeune femme inconnue) maîtrisait terreur et gore avec brio. Ici, la peur n’atteint jamais son climax, et se contente de faire frissonner gentiment. Une forme de retenue justifiée par le public visé, les jeunes adolescents. Une audience dont le producteur Guillermo Del Toro (La Forme de l’eau, Le Labyrinthe de Pan) a l’habitude, ayant épaté à plusieurs reprises avec ses contes innocents teintés d’une extrême violence et ses créatures bizarroïdes. 

 

Et c’est peut-être dans le bestiaire que réside précisément la force de Scary Stories. Guillermo dDel Toro a prouvé à maintes reprises son amour pour les monstres. Enfant déjà, le réalisateur et producteur mexicain se passionnait d’insectes et arrivait en classe avec des cafards. Une lubie qui le poussa à imaginer les créatures les plus extraordinaires dans son Å“uvre, qu’elles soient couvertes d’écailles, affublées de cornes ou bien rampantes. Moins surprenantes dans ce dernier film, on se laisse toutefois séduire par l’épouvantail vengeur ou le fantôme en détresse. Mention spéciale pour le jangly man, sorte de bête difforme inventée par l’écrivain Stephen Gammell dans l’oeuvre originale et interprétée par le contorsionniste Troy James, dont la performance est bluffante.

 

Scary Stories

Scary Stories

 

Mais, comme dans toute la filmographie de Guillermo Del Toro, les véritables monstres sont humains. Une morale disneysienne sur les faux-semblants et le manichéisme de la nature humaine. Sur fond de l’Amérique ségrégationniste des années 60, Scary Stories démontre plus que jamais que les hommes sont responsables de tous les maux. Le film pointe du doigt le racisme qui gangrène la société américaine à travers le personnage du jeune Ramon (Michael Garza). Un contexte socio-politique un peu survolé, agrémenté seulement de quelques images télévisées de la guerre du Vietnam et du candidat Nixon. Occasion ratée d’étayer un propos politique ou bien simple contextualisation de l’époque ? Si le réalisateur André Ovredal a confié avoir choisi la fin des années 60 comme décor du film pour sa qualité d’époque charnière, on regrette que l’idée ne soit pas plus approfondie.

 

Côté musique, le travail sur le son a été particulièrement soigné, grâce à la collaboration des compositeurs Marco Beltrami (Sans un bruit, Scream) et Anna Drubich (Anna Karénine, The Factory). L’utilisation de hits des années 60 combinée aux musiques d’ambiance angoissantes confère à Scary Stories une dimension rétro qui sent bon les chefs-d’œuvre de Spielberg. Petit plus : chaque monstre possède sa propre signature sonore. Un banjo désaccordé pour Harold l’épouvantail, des percussions pour jangly man, et des coups de vent pour la Pale Lady. Cette dernière n’étant qu’une pâle copie de la Dame Blanche. Mais contrairement à la légende qui en a terrorisé plus d’un, Scary Stories n’a pas de quoi coller des insomnies.

 

Garance Lunven

 

 

 

  • SCARY STORIES (Scary stories to tell in the dark)
  • Sortie salles : 21 août 2019
  • Réalisation : André Ovredal
  • Avec : Zoe Margaret Colletti, Michael Garza, Gabriel Rush, Austin Zajur, Gil Bellows, Dean Norris, Javier Botet, Lorraine Toussaint.
  • Scénario : Guillermo Del Toro, Kevin et Dan Hageman.
  • Production : Guillermo del Toro, Sean Daniel, Jason Brown, Elizabeth Grave, J. Miles Dale.
  • Photographie : Roman Osin
  • Montage : Patrick Larsgaard
  • Décors : David Brisbin
  • Costumes : Ruth Myers
  • Musique : Marco Beltrami, Anna Drubich.
  • Distribution : Metropolitan FilmExport
  • Durée : 1h51

 

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