Synopsis : Le récit intergénérationnel d’une fratrie en conflit rassemblée autour de leur père vieillissant.
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Second film Netflix en Compétition officielle, The Meyerowitz stories de Noah Baumbach dresse le portrait d’une famille reconstituée et donc dysfonctionnelle, où les non-dits ont fini par fermer certaines portes, par mesquinerie ou bien par jalousie, alors que l’essentiel est évidemment ailleurs. Dans ce milieu d’artistes bobos où Baumbach s’éclate inlassablement depuis ses débuts, mêlant la réussite aux échecs, c’est évidemment l’incommunicabilité entre les êtres, de certaines rancœurs ou amertumes vis-à-vis des proches, des parents, des frères ou sœurs, des demi-frères ou demi-sœurs, qui finit par éclater, et souvent de manière très drôle. La fratrie des Meyerowitz contient son lot de dépressifs, d’égoïstes, d’invisibles, et lorsqu’ils sont amenés à se revoir, à interagir ensemble, les scènes de drama ne sont jamais loin : les reproches fusent, les langues se délient et les vérités éclatent, plus ou moins, selon les caractères et les degrés de « récupérabilité », et les choses finissent par s’arranger, ou non. En cinéphile averti, Baumbach se remémore ses vieux films où les hommes, tous en costumes, faisaient de la vie une fête. Dans ses films à lui, les gens sont habillés selon leur condition mentale, en short (Adam Sandler l’est dans tous ses films de toute manière), en costume (Ben Stiller en modèle de réussite) ou en pyjama (Dustin Hoffman, fatigué et grognon), comme symbole d’une forme de normalisation et de cloisonnement qui caractérise si bien notre classe sociale, forcément dépressif lorsque la crise existentielle approche (départ des enfants du foyer, décès d’un proche…). Taquinant son milieu, ses lieux, ses amis et sa famille, Baumbach tente néanmoins de reconstituer une dynamique et une cohésion familiales plus saines ; de finir par accepter les gens tels qu’ils sont, probablement « cons » ou disons irrécupérables, à l’image d’un père qui a oublié deux de ses enfants en chemin, mais qui, malgré leurs défauts et leurs limites, n’en restent pas moins attachants. Porté par des comédiens en forme (Sandler and co.) et servis par des dialogues limpides, The Meyerowitz stories est la bouffée d’air frais que Cannes attendait, avant de reprendre les choses sérieuses…
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- Note de la rédaction cannoise
- Nathalie Dassa : ♥♥♥♥♥
- Philippe Descottes :♥♥♥♥♥
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- THE MEYEROWITZ STORIES écrit et réalisé par Noah Baumbach sur Netflix prochainement
- Avec : Dustin Hoffman, Adam Sandler, Ben Stiller, Emma Thompson…
- Production : Noah Baumbach, Eli Bush, Scott Rudin, Lila Yacoub
- Photographie : Robbie Ryan
- Montage : Jennifer Lame
- Décors : Nicolas Locke, Kris Moran
- Costumes : Joseph G. Aulisi
- Musique : Randy Newman
- Distribution : Netflix
- Durée : 1h50