Synopsis : Daniel sort de prison où il était incarcéré depuis de longues années et retourne à Marseille. Sylvie, son ex-femme, l’a prévenu qu’il était grand-père : leur fille Mathilda vient de donner naissance à une petite Gloria. Le temps a passé, chacun a fait ou refait sa vie… En venant à la rencontre du bébé, Daniel découvre une famille recomposée qui lutte par tous les moyens pour rester debout. Quand un coup du sort fait voler en éclat ce fragile équilibre, Daniel, qui n’a plus rien à perdre, va tout tenter pour les aider.
♥♥♥♥♥
Après La Villa et son amertume emplie d’espoir, Robert Guédiguian (Au fil d’Ariane, Les Neiges du Kilimandjaro, L’Armée du crime) retrouve son habituelle troupe d’acteurs (Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier) pour poursuivre sa lutte acharnée contre l’illusion de la fatalité de notre société néo-capitalisée, ultra-libéralisée, ubérisée et désolidarisée jusqu’aux liens les plus intimes. Chronique sociale engagée, Gloria Mundi raconte le délabrement de l’entraide, gravite autour de la transmission des valeurs et passe en revue les motifs récurrents qui habitent le cinéma politique du metteur en scène marseillais : la lutte des classes, la vie de couple et de famille, ou encore le constat d’échec. Désenchantée, envieuse et rongée par l’individualisme forcené, la nouvelle génération ne croit plus en rien. Les seniors, quant à eux, tentent en vain de maintenir un semblant d’harmonie familiale. Afin de lancer le récit sur une note optimiste, le long-métrage, sorte d’équilibre instable, s’ouvre sur le miracle de la vie, soit le baptême à la fois sacré et funèbre de la petite Gloria, figure fédératrice qui donne au film son titre évangélique. Autour du bébé, se pressent les membres d’une famille recomposée, désunie, bricolée à partir des aléas de l’existence, parmi lesquels un grand-père, remarquablement interprété par Gérard Meylan, qui vient juste de sortir de prison après de longues années d’incarcération.
Comme le britannique Ken Loah dans le récent Sorry We Missed You, Robert Guédiguian se fait l’ambassadeur des braves gens aux abois, qui œuvrent et produisent des richesses au détriment de la qualité des liens humains. Victimes de cette cette société contemporaine qui périclite, Mathilda (Anaïs Demoustier) et Nicolas (Robert Stévenin) incarnent les jeunes « ratés », tandis que les aînés, derniers tenants de valeurs de gauche, se heurtent à l’arrogance et au cynisme des trentenaires repliés sur eux-mêmes, séduits par ce qu’on leur vend, comme l’illustre le personnage de Bruno (Grégoire Leprince-Ringuet).
Film noir porté par des comédiens néanmoins radieux, Gloria Mundi dessine également le portrait d’un Marseille terne et blafard, décor imprégné par la grisaille et la morosité de l’hiver. Mais l’espoir vient contrecarrer cette noirceur déprimante. Car ici, le cinéaste problématise l’émotion tout en recherchant la juste distanciation. Ainsi, son film s’appréhende comme un cri de colère destiné à éveiller les consciences : Il faut allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté.
- GLORIA MUNDI
- Sortie : 27 novembre 2019
- Réalisation : Robert Guédiguian
- Avec : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet, Diouc Koma, Maximilien Fussen, Géraldine Loup…
- Scénario : Robert Guédiguian, Serge Valletti
- Production : Marc Bordure, Robert Guédiguian
- Photographie : Pierre Milon
- Montage : Bernard Sasia
- Décors : Michel Vandestien
- Costumes : Anne-Marie Giacalone
- Musique : Michel Petrossian
- Distribution : Diaphana
- Durée : 1h47