Résumé : Cet ouvrage étudie des pratiques cinéphiles dans la France des années 1940 et 1950, où ce média constitue le premier loisir des Français. Dans comme hors des salles de cinéma, les cinéphilies circulent au sein des espaces publics comme privés et constituent un phénomène culturel majeur pour la compréhension de la société française du milieu du XXe siècle. Revues et magazines, lettres de fans, correspondances et sources orales sont autant de supports mobilisés ici pour éclairer l’univers cinématographique ordinaire des spectateurs et spectatrices.
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Profitant des récentes recherches sur la cinéphilie populaire (voir en France, les travaux de Geneviève Sellier, Laurent Jullier et Jean-Marc Leveratto), cet ouvrage collectif dirigé par Delphine Chedaleux, docteure en études cinématographiques, chercheuse à l’Université de Lausanne, spécialiste des études de genre et des cultures médiatiques, et Mélisande Leventopoulos, maîtresse de conférences à l’université Paris 8, historienne spécialisée dans le champ cinématographique, propose un panorama sociologique du cinéma français de 1940 à 1950. Ce tour d’horizon s’articule autour des identités d’un public dont les différentes contributions cherchent à analyser les pratiques et, pour reprendre les termes de Jullier et Leveratto, « l’expertise ordinaire ». La singularité de cette entreprise se retrouve logiquement dans les moyens mis en œuvre pour assurer sa réussite. En se basant sur des entretiens ou le recours à des archives, les auteurs élaborent un nouveau paradigme qui permet d’appréhender un pan de l’histoire du cinéma hexagonal à travers le(s) regard(s) qui accompagnèrent depuis la salle son émergence et son développement. Courrier des lecteurs, concours de beauté, association de spectateurs, lettres d’admirateurs s’affirment comme autant d’objets scientifiques aptes à réfléchir et à traduire le spectre de pratiques que recouvre le statut de spectateur de cinéma. Entre acculturation (la problématique de l’occupation allemande et de sa répercussion sur le programme des salles), orientations genrées (les réactions féminines ou masculines suscitées par la persona d’une vedette) ou moralement engagées (le cas de la fédération de spectateurs « Film et famille »), les contributions signalent la porosité des catégories généralement établies. Les rapports souvent ténus entre les sphères de la culture populaire et de la culture savante (parfaitement illustrés ici par l’étude consacrée à la revue Ciné-Digest), la perception plurielle de la salle de cinéma côté publique et côté professionnels (exploitants, projectionnistes, ouvreuses), les manières de considérer les films s’accompagnent de nouvelles problématiques (l’arrivée de la télévision ou l’apparition de la 4CV Renault) qui inscrivent le cinéma à l’intérieur d’une étude élargie à l’ensemble des divertissements populaires des années 1950. Assorti d’une large bibliographie, d’un index des noms et des films, cet ouvrage assure donc le passage d’une nouvelle étape dans le domaine de la recherche sociologique (consacrée au cinéma).
- CINÉPHILES PLURIELLES DANS LA FRANCE DES ANNÉES 1940-1950. SORTIR, LIRE, RÊVER, COLLECTIONNER
- Actrices : Delphine Chedaleux et Mélisande Leventopoulos (sous la direction de)
- Éditions : L’Harmattan
- Collection : Champs visuels
- Langues : français uniquement
- Date de parution : 19 novembre 2019
- Format : 220 pages
- Tarif : 22,50 € (print) – 16,99 € (numérique)