Synopsis : A New York, la vie d’un groupe de jeunes femmes évoluant dans l’univers, à prédominance masculine, du skateboard. Elles s’appellent Janay, Honeybear, Kirt, Indigo et Camille. Très différentes les unes des autres, elles partagent une passion commune.
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Dans ce spin-off du long-métrage Skate Kitchen, Crystal Moselle retrouve sa bande attitrée de skateuses new-yorkaises. Depuis leur rencontre dans un parc il y a quelques années, la réalisatrice avait déjà mis en scène à deux reprises ces passionnées de skate dans leurs versions fictives avant de créer ce reboot sous forme de série pour HBO, disponible sur OCS en France. Avec toujours les rues de New York comme décor, Betty se déroule après les péripéties de Skate Kitchen. Camille (Rachelle Vinberg), Janay (Ardelia Lovelace), Honeybear (Moonbear), Kirt (Nina Moran) et Indigo (Ajani Russell) sont toujours inséparables. Si le film, qui a inspiré la série, porte surtout sur Camille, une jeune fille intégrant un collectif de skateuses, malgré la désapprobation de sa sévère mère, cette fois on assiste à une œuvre chorale qui dépeint l’univers du skate féminin principalement par le biais du groupe. L’image contemplative et réaliste capture leur quotidien, souvent basé sur les expériences réelles des actrices non-professionnelles qui ont également été consultantes pour l’écriture du scénario. Défilent à l’écran des séquences d’après-midi au skatepark, des discussions banales et des soirées entre copines. Bien que d’apparence très commune, ces scènes de la vie quotidienne abordent aussi le sexisme, présent chez les skateurs et par le harcèlement dans l’espace public, la quête identitaire, les discriminations raciales et les violences sexuelles. L’ambiance mêlant skate, décors urbains et une jeunesse confrontée à des problématiques graves rappelle l’univers de Larry Clark. Mais au lieu d’adopter une perspective dramatique et fataliste, Crystal Moselle actualise la mise en scène de ces thématiques. Les séquences tour à tour contemplatives et punchy intègrent les figures de skate dans l’architecture de la ville avec une caméra qui accompagne leurs mouvements.
Dépourvu d’une esthétisation excessive et en restant sur une image très naturaliste, l’ensemble prend une tonalité solaire et édulcorée qui tranche avec le style bien plus sombre souvent abordé sur ce sujet dans les films et séries. Les situations que traversent les personnages ne sont pas présentées comme des épreuves insurmontables, mais plutôt comme des situations injustes qui doivent évoluer positivement. Et c’est dans ce sens que va l’attitude des héroïnes charismatiques. Par la détermination à se faire une place dans le milieu du skate et leur relation au monde, elles produisent le changement à leur façon.
Le choix du titre s’inscrit d’ailleurs dans cette volonté de modifier les regards sur les skateuses. À la base, une « Betty » est une appellation condescendante pour désigner une fille qui fait du skate ou fréquente des skateurs, sous-entendant qu’elle n’a aucune légitimité dans ce milieu. Ici, la créatrice et réalisatrice offre l’opportunité aux actrices qui, dans la vraie vie, forment le collectif Skate Kitchen, de donner une nouvelle connotation à ce terme. Elles se le réapproprient ainsi pour valoriser l’espace que les femmes se créent dans ce sport.
- BETTY
- Diffusion : depuis le 2 mai 2020
- Plateforme / Chaîne : HBO et OCS (US+24), disponible en replay
- Création : Crystal Moselle
- Réalisation : Crystal Moselle
- Avec : Ardelia Lovelace, Nina Moran, Ajani Russell, Rachelle Vinberg, Moonbear, Edmund Donovan, Alexander Cooper, Katerina Tannenbaum, Reza Nader, C.J. Ortiz
- 6 épisodes de 25-27 minutes