Synopsis : Une femme atteinte d’une maladie incurable décide de partir à la recherche de son enfant né sous X. Elle entraine un informaticien et un archiviste aveugle dans une folle cavale.
♥♥♥♥♥
Auparavant il nous disait Au revoir là -haut, aujourd’hui il nous dit adieu. Adieu les cons. Sans doute le titre le plus percutant de l’année. Pour autant, Albert Dupontel a-t-il délaissé le large public conquis avec sa fresque épique sur la guerre pour revenir au cinéma trash de ses débuts ? Ce film est-il un pamphlet anticonformiste ? Pas vraiment. L’acteur-réalisateur est revenu à un style proche de Neuf mois ferme. Une comédie grinçante mais grand public. L’esthétique donne le ton. Les couleurs chaudes contrastent avec de grandes ombres. Le monde est noir mais chaleureux. Un film désespéré, mais pas triste. La mort est au centre de l’histoire. Suze Trappet, une coiffeuse quadragénaire découvre qu’elle n’a plus que quelques jours à vivre. Replongeant dans son passé, elle réalise que son plus grand regret est de n’avoir jamais connu l’enfant qu’elle a dû abandonner à l’adolescence. Elle décide de partir à sa rencontre et de s’assurer qu’il mène une vie heureuse. Mais pour le retrouver, il lui faut affronter les méandres de l’administration française. Une tâche insurmontable lorsque le temps nous est comptés. Par chance, elle trouve deux guides sur son chemin. D’abord un employé de l’État, Jean-Baptiste Cuchas, informaticien déprimé par l’annonce de sa mise à pied. Le malheureux fait une tentative de suicide qui vire à la catastrophe. Traqué par les autorités qui voient en lui un fou dangereux, il est forcé d’aider Suze dans sa quête ; elle est le seul témoin à pouvoir l’innocenter. Ensuite un archiviste aveugle, M. Blin, le guide idéal dans un monde obscur. Trois personnages dans une fuite en avant qui les conduisent au pied du mur.
S’ensuit un road movie urbain délirant nourri de dialogues et de situations absurdes. Dupontel revendique ici ce qu’il doit au cinéma de Terry Gilliam et aux Monty Python. Adieu les Cons est d’ailleurs dédié au regretté Terry Jones. Si on est assez loin des sommets des maîtres britanniques, les gags plutôt sages restent efficaces. Le rythme dynamique, aidé par une durée assez courte, permet d’enchaîner les péripéties sans temps mort. Le récit se pose lorsque c’est nécessaire ; l’humour cohabitant en harmonie avec l’émotion. De nombreux moments sont empreints de tendresse et d’humanité, notamment grâce à une lumineuse Virginie Efira. Dupontel se défend d’avoir voulu réaliser une oeuvre à message. On a peine à le croire au vue des charges antiflics qui abondent. Mais son intention n’est pas de stigmatiser une profession en particulier. Dire Adieu les cons, c’est dire adieu à une société décomposée où il est difficile de trouver sa place. Il nous invite ainsi à briser les murs qui nous séparent, même si c’est par un malencontreux coup de fusil mal dirigé. Adieu les cons se révèle dès lors une Å“uvre humble, simple et sincère.
Raphaël Mussard
- ADIEU LES CONS
- Sortie salles : 21 octobre 2020
- Réalisation : Albert Dupontel
- Avec : Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié, Jackie Berroyer, Philippe Uchan, Bastien Ughetto, Marilou Aussilloux, Catherine Davenier
- Scénario : Albert Dupontel
- Production : Catherine Bozorgan
- Photographie : Alexis Kavyrchine
- Montage : Christophe Pinel
- Décors : Philippe Cord’homme
- Costumes : Mimi Lempicka
- Distribution : Gaumont
- Musique : Christophe Julien
- Durée : 1h27