Résumé : Une biofilmographie du réalisateur américain Wes Anderson rassemblant l’ensemble de ses productions audio-visuelles.
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Cette biofilmographie de Wes Anderson concoctée par Ian Nathan prolonge les qualités et les écueils des précédentes parutions du critique de cinéma britannique (Les frères Coen en 2017 et Quentin Tarantino en 2019, tous deux parus chez Gallimard). Qualités d’abord, avec une volonté d’explorer en détail le contexte de production des films à la lumière de la personnalité de leur auteur. Chaque film se décline ainsi sous la forme d’un chapitre unique qui bénéficie d’une large documentation (articles de presse, ouvrages, notes de scénario, dossiers de presse). L’approche de l’étude est donc double, à la fois synchronique, car rattachée aux spécificités des productions, et diachronique, car soucieuse d’établir un panorama général de l’œuvre d’Anderson (et que reconstitue sous une forme ludique le dépliant intégré en milieu d’ouvrage, comprenant films publicitaires, courts métrages, textes littéraires, et documentaires). L’attention portée aux grandes thématiques côtoie un intérêt tout aussi soutenu pour les anecdotes de tournage. Ces dernières permettent en outre de revenir sur certains traits méthodologiques propres au tempérament du cinéaste. Maniaque ambitionnant de contrôler chaque détail de ses films, Anderson n’en reste pas moins réceptif aux propositions de ses collaborateurs de création et notamment de ses acteurs. La chose se vérifie bien évidemment auprès de ses interprètes-fétiches (Luke et Owen Wilson, Jason Schwartzman, Anjelica Huston, et Bill Murray auquel Nathan consacre d’assez longs passages de qualité) mais aussi à travers sa gestion des castings choraux quémandant la direction de vedettes de premier plan (La Vie aquatique ; La Famille Tenenbaum ; The Grand Budapest Hotel).
Le retour sur les références clés du cinéaste (la liberté du cinéma de Truffaut et la poésie symbolique de celui de Satyajit Ray, l’œuvre romanesque de Roald Dahl, le style du dessinateur Hergé, Citizen Kane d’Orson Welles, Black Jack de Ken Loach…) permet d’expliciter certains de ses motifs et choix de format (comme l’animation en stop-motion pour Fantastic Mr. Fox et L’Île aux chiens). Ce retour sur la forme visuelle de l’œuvre d’Anderson demeure pourtant limité. Si un encart bienvenu insiste sur l’originalité de ses procédés de mise en scène (ralentis, plans aériens, couleurs atmosphériques, travellings, symétrie des compositions), on aurait souhaité que cette piste de lecture se retrouve plus fréquemment au cours des chapitres consacrés aux films.
Il n’en reste pas moins que cet ouvrage mérite d’être apprécié à sa juste valeur. Passionnés du cinéma d’Anderson et simples amateurs y trouveront communément leur compte et goûteront à l’impeccable mise en page des éditions Gallimard, directement calquée sur la fantaisie visuelle qui habite l’univers cinématographique du cinéaste.
- WES ANDERSON. LA FILMOGRAPHIE INTÉGRALE D’UN RÉALISATEUR DE GÉNIE
- Auteur : Ian Nathan
- Traduction : Hélène Borraz
- Éditions : Gallimard
- Date de parution : 5 novembre 2020
- Langues : Français et Anglais (sous le titre Wes Anderson. The Iconic Filmaker and his Work, publié le 03/11/2020 chez White Lion Publishing)
- Format : 176 pages
- Tarifs : 35 € (disponible en librairie et à la commande en ligne « Click & Collect » sur Librairies Indépendantes)