Synopsis : Alors qu’il est le point de décrocher le job qui lui permettra de financer ses études, J. D Vance, un ancien Marine originaire du sud de l’Ohio désormais étudiant en droit à l’université de Yale, est contraint de rejoindre sa famille et sa petite ville natale des Appalaches. Il doit alors gérer la dynamique complexe de sa famille et se confronter à sa mère toxicomane avec qui il a un rapport explosif.
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Avec Une Ode Américaine, le réalisateur oscarisé Ron Howard (Apollo 13, Un Homme d’exception) signe sa première collaboration avec la plateforme Netflix, un biopic adapté du best-seller Hillbilly de J. D Vance. Paru en 2016, ce récit autobiographique qui raconte l’enfance chaotique et l’ascension sociale d’un jeune homme originaire des Appalaches, s’est vendu à des millions d’exemplaires. Les principales raisons de son succès, c’est d’avoir décrit pour la première fois de l’intérieur, la désintégration de la classe ouvrière et du rêve américain, et de donner à voir la vie de ces « petits Blancs » du Midwest surnommés Hillbilly, l’équivalent du français « pèquenaud ». Si les premières images plantent le décor d’une région qui a vu l’industrie du charbon et de la métallurgie péricliter, l’histoire se focalise davantage sur un drame familial que sur le portrait d’une classe ouvrière oubliée. L’enchâssement très fluide des flashbacks qui dévoilent les moments-clés de l’existence de J.D Vance, de son enfance à sa vie d’étudiant, marquée par les crises avec sa mère toxicomane et les moments de répit avec sa grand-mère et sa sœur, offre une plongée dans le quotidien de cette famille. Progressivement, les secrets se dévoilent, et l’on découvre un jeune homme tiraillé entre le désir de faire sa vie et le devoir de s’occuper de sa mère. Leur rapport explosif est le moteur qui fait avancer l’histoire brillamment scénarisée par Vanessa Taylor, jusqu’au climax, la tension règne entre la mère et le fils. Et cette tension est soutenue par une musique magnifique composée par David Fleming et Hans Zimmer qui ne lésinent ni sur les cordes ni sur les rythmes.
Avec une histoire centrée sur l’intime, convoquant souvenirs personnels et crises familiales, le film aurait pu tomber dans le mélodrame. Mais le duo d’actrices exceptionnelles, formé par Amy Adams (Premier contact, Vice) métamorphosée en mère toxicomane, à la fois aimante et destructrice, et Glenn Close (Albert Nobbs) qui incarne la grand-mère de J. D Vance, avec une force de vie impressionnante, fait éclater la petite histoire pour la rendre universelle. Le reste du casting, tout en sensibilité et nuance, sert le propos du film : pas d’avenir possible sans réconciliation avec ses racines. On retrouve là les thèmes chers à Ron Howard qui affectionne les individus qui se battent pour une famille, une foule, un rêve, un plus petit.
Loin d’être une fresque sociale sur la classe blanche ouvrière qui avait offert à Donald Trump sa victoire, en faisant basculer en 2016 trois États dits de la « Rust Belt », Une Ode Américaine reste un beau drame familial.
Odile Lefranc
- UNE ODE AMERICAINE (Hillbilly Elegy)
- Date de diffusion : 24 novembre 2020
- Chaîne / Plateforme : Netflix
- Réalisation : Ron Howard
- Avec : Amy Adams, Glenn Close, Gabriel Basso, Haley Bennet, Freida Pinto, Bo Hopkins, Owen Asztalos…
- Scénario : Vanessa Taylor d’après l’autobiographie Hillbilly Elegy de J. D. Vance
- Production : Brian Grazer, Ron Howard, Erica Huggins, et Karen Lunder
- Photographie : Maryse Alberti
- Montage : James Wilcox
- Décors : Molly Hughes
- Costumes : Virginia Johnson
- Musique : David Fleming et Hans Zimmer
- Durée : 1h54