Possessor de Brandon Cronenberg : critique

Publié par Jacques Demange le 7 avril 2021

Synopsis : Tasya Vos est agente au sein d’une organisation secrète utilisant une technologie neurologique afin d’habiter le corps de n’importe quelle personne, et la pousser à commettre des assassinats aux profits de clients très riches. Mais tout va se compliquer pour Tasya lorsqu’elle va se retrouver coincée dans le corps d’un suspect involontaire dont l’appétit pour le meurtre et la violence dépasse le sien de très loin.

♥♥♥♥

 

Possessor - BR et DVD

Possessor – BR et DVD

En 2012, Brandon Cronenberg signait son premier long métrage, Antiviral, qui cherchait à explorer les liens entre la pathologie physique et l’exploitation médiatique. La mise en scène s’épanouissait à travers des décors épurés favorisant une sorte d’ascèse visuelle et un soin parfois trop apparent apporté aux compositions qui nuisait quelque peu à la thématique centrale du récit. Mitigée, la réception d’Antiviral appelait à un prolongement que concrétise la sortie de Possessor en VOD, Blu-ray et DVD. Présenté au festival du film de Sundance en 2020, lauréat du Grand Prix du Jury du Festival de Gerardmer en 2021, Possessor pallie en partie les manques de son prédécesseur. Si le spectre de David Cronenberg hante toujours l’approche audio-visuelle de son fils, cet héritage semble aujourd’hui pleinement assumé. Le scénario écrit par Brandon Cronenberg s’offre d’abord comme une variation autour des problématiques développées par eXistenZ (1999), associant avec une certaine réussite l’univers criminel du thriller et l’atmosphère fantastique de la science-fiction. Mais c’est bien du côté de la réalisation même que le legs se fait le plus sûrement sentir. S’ouvrant sur un crâne pénétré par une aiguille, le film affirme la continuité d’un penchant pour la représentation organique qui se développe à travers un style dont la sobriété convoque l’idée d’une pleine maîtrise. Car si Brandon Cronenberg cherche parfois la déstabilisation à travers de micro-mouvements du cadre, c’est plutôt l’homogénéité que convoque la construction de ses séquences.

 

Possessor de Brandon Cronenberg

Possessor de Brandon Cronenberg

 

Mouvements d’appareil, cadrages et changements de focales expriment communément un désir de perfection qui prend forme au contact d’une esthétique lisse et débarrassée de toute fioriture. Stratégique, cette idée de mise en scène permet d’amplifier l’irruption de l’horreur qui prend semblablement place au centre du cadre, sans débordement ou autre hystérisation des effets visuels. On sent donc poindre ici une sorte de maturité qui se signale par une volonté de revenir à l’essentiel. Là où Antiviral se perdait parfois dans une recherche trop marquée de la belle forme, Possessor fait de celle-ci un moyen de servir son récit.

 

Encore une fois, c’est à Cronenberg père que se rattache cette formule, à la beauté clinique et à la précision chirurgicale de certains de ses meilleurs films (Crash [1999] notamment). Sans jamais totalement s’abandonner à une quelconque attitude austère, Possessor fait de sa froideur apparente un procédé de pénétration. Comme l’aiguille s’insérant dans le crâne donc, la caméra de Brandon Cronenberg traduit la fébrilité qui anime son personnage principal par le désistement progressif de son contrôle. La réussite du film est alors de parvenir à associer cette idée à la grande thématique du dédoublement identitaire qui traverse son récit.

 

Possessor de Brandon Cronenberg

Possessor de Brandon Cronenberg

 

Les bonus proposés par l’édition DVD et Blu-ray coordonnée par The Jokers Films ont pour qualité d’explorer de façon très complète les spécificités méthodologiques de la production. En revenant sur les caractéristiques de l’univers visuel du film ou la conception de ses effets spéciaux, les différents entretiens réalisés avec le cinéaste et ses principaux collaborateurs de création approfondissent la singularité de la réalisation et permettent de mieux situer son originalité au sein du cinéma de genre contemporain.

 

 

 

  • POSSESSOR
  • Date de sortie : 7 avril 2021 (VOD) – 14 avril 2021 (DVD et Blu-ray)
  • Réalisation et Scénario : Brandon Cronenberg
  • Avec : Andrea Riseborough, Christopher Abbott, Sean Bean, Jennifer Jason Leigh, Tuppence Middleton, Rossif Sutherland, Kaniehtiio Horn, Christopher Jacot, Gabrielle Graham, Hanneke Talbot, Raoul Bhaneja…
  • Producteurs : Frasher Ash, Niv Fichman, Kevin Krikst, Andrew Starke
  • Photographie : Karim Hussain
  • Montage : Matthew Hannam
  • Musique : Jim Williams
  • Distribution : The Jokers Films / Lonesome Bear
  • Durée : 103 minutes
  • Tarifs : 16,99 € (DVD) – 19,99 € (Blu-ray)

 

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