Série / Love, Death + Robots (saison 2) : critique

Publié par Jacques Demange le 15 mai 2021

Synopsis : Créatures terrifiantes, méchantes surprises et comédie noire convergent dans cette anthologie d’animation pour adultes présentée par Tim Miller et David Fincher.

♥♥♥♥

 

Love Death and Robots vol 2 - poster

Love, Death + Robots vol 2 – poster

Pour sa seconde saison, Love, Death + Robots reconduit la manière qui lui permit d’obtenir succès et reconnaissance auprès de la critique et du grand public. Moins que son motif général (la représentation du robot et par extension l’ambivalence propre à la nature de l’humanoïde), c’est la profusion visuelle, soutenue et favorisée par la structure en saynète propre au format de la série d’anthologie, qui impressionne. Si l’hyperréalisme des images de synthèse domine assez largement l’esthétique de l’ensemble, Love, Death + Robots prouve que les outils numériques sont bel et bien capables de reconduire la superbe du geste d’antan. Les simili stop-motion et autres techniques phares de l’animation traditionnelle permettent d’approfondir la nature d’univers qui multiplient les références et les registres. En une douzaine de minutes, le spectateur se voit transporté au sein de mondes dont la cohérence tient à la fois à l’excellence de l’écriture scénaristique qu’à la maîtrise de la conception visuelle. Sur ce point on regrette que certains épisodes de cette seconde saison s’orientent un peu trop fréquemment du côté du pastiche et de son clin d’œil appuyé. Ainsi du film de zombies qui se présente comme une matrice par trop récurrente et qui, malgré sa déclinaison multiple (du monstrueux organique dans l’épisode De si hautes herbes à la menace d’une invasion robotique dans Le robot et la vieille dame), peine à pleinement convaincre de son originalité. C’est lorsque les récits se tournent vers le drame que Love, Death + Robots assure de sa capacité à renouveler l’imaginaire de la science-fiction.

 

Love Death and Robots vol 2

Love, Death + Robots vol 2

 

Assumant à raison un épanchement certain pour le lyrique et le grandiloquent, la série offre un ensemble de visions sidérantes qu’elle articule à un discours dont la portée critique prend corps à l’intérieur d’une atmosphère teintée de mélancolie. Ainsi des magnifiques épisodes IceGroupe d’intervention et Le géant noyé (adapté de la belle nouvelle de J.G. Ballard) qui font du grand spectacle un moyen d’interroger la complexité de l’humain. Sur un mode plus mineur, La surprise de Noël parvient à se ressaisir des enjeux de l’animation en pâte à modeler pour associer joyeusement l’esprit de l’enfance à la représentation de ses peurs primitives.

 

L’autre grand intérêt de la série tient sans nul doute à la qualité de ses effets visuels et notamment son usage précautionneux de la capture de mouvements qui permet de profiter de l’expressivité de certains acteurs reconnus (Michael B. Jordan notamment). La série produite par David Fincher et Tim Miller (que l’on retrouve à la supervision de l’ensemble des épisodes et à la réalisation de l’un d’entre eux) retrouve alors la puissance de certains grands genres cinématographiques, piochant dans leurs codes et conventions (les vastes espaces du western, l’ambiguïté morale du film noir), pour composer les éléments de cette fresque aussi ludique dans sa manière que saisissante dans sa forme et dans son fond.

 

 

 

  • LOVE, DEATH + ROBOTS
  • Diffusion : depuis le 14 mai 2021
  • Plateforme / Chaîne : Netflix
  • Réalisateurs : Jennifer Yuh Nelson, Alex Beaty, Robert Valley, Simon Otto, Meat Dept, Elliot Dear, Tim Miller, Dominique Boidin, Léon Bérelle, Rémi Kozyra, Maxime Luère
  • Avec : Michael B. Jordan, Michelle C. Bonilla, Brian T. Delaney, Steven Pacey, Laura Pacey, Fred Tatasciore, Miguel Amorim, Mike Bodie, Maria Teresa Creasey, Nolan North, Emily O’Brien, Scott Whyte
  • Scénario : Tim Miller, Philip Gelatt, John Scalzi
  • Producteurs : Tim Miller, David Fincher, Joshua Donen, Jennifer Miller
  • Durée : 7 épisodes de 12 minutes

 

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