Résumé : S’il fallait décerner un prix d’élégance aux acteurs, alors David Niven recueillerait tous les suffrages. Mais avant la célébrité, il aura connu une véritable vie d’aventures. Dans sa carrière de près de cent films. Niven révèle surtout une disposition pour les comédies romantiques où sa souriante désinvolture fait merveille ; il rencontre ensuite le succès international, grâce à son rôle de Phileas Fogg dans Le Tour du monde en quatre-vingts jours de Michael Anderson, puis avec Les Canons de Navarone de John Lee Thompson et Les Cinquante-Cinq Jours de Pékin de Nicholas Ray.
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Regroupant deux ouvrages initialement parus séparément (Décrocher la lune et Étoiles filantes, respectivement publiés chez Robert Laffont en 1971 et 1977), ces monumentales mémoires de David Niven s’inscrivent dans la continuité des parutions cinématographiques des Éditions Séguier qui proposent de redécouvrir par le biais de l’écriture autobiographique la carrière et la vie des grandes vedettes hollywoodiennes. Niven se prête joliment à l’exercice, respectant les attentes traditionnelles de ce type d’écrit tout en les enrichissant d’une pointe d’humour et d’un style à la fois sobre et élégant qui fait directement écho à ses racines britanniques. C’est en effet en terre d’Albion que débute son récit. Rapidement en butte contre l’éducation stricte prodiguée durant son enfance et adolescence anglaises, le jeune Niven se fait déserteur et embarque pour le Canada avant de rejoindre les États-Unis. Ce premier trajet maritime sera reconduit par la suite, Niven partageant avec Errol Flynn, son acolyte de La Charge de la brigade légère (Michael Curtiz, 1936), un goût pour les bateaux et les horizons marins. Remplis d’anecdotes, les souvenirs de Niven permettent d’explorer les coulisses du Hollywood classique à travers un regard à la fois lucide et enchanté. Sans oublier ses premiers moments de disgrâce qui lui firent craindre que sa carrière cinématographique ne s’arrête avant même d’avoir commencé, Niven évoque ses solides amitiés avec Fairbanks, Clark Gable ou encore Cary Grant.
L’acteur ne cherche nullement à se mettre en valeur au détriment de ses partenaires et met au contraire sa plume au service d’une description à la fois respectueuse et truculente de leur caractère. C’est ici que se distingue la voix de Niven qui ne souffre d’aucune amertume. De ses rencontres avec Chaplin, Churchill, Jack Warner ou encore William Randolph Hearst, l’acteur retient principalement les traits positifs de ses prestigieux interlocuteurs et cherche à excuser certains débordements propres à leur caractère autocratique.
La déférence de Niven envers son entourage n’exclut évidemment pas une certaine objectivité concernant la situation générale et particulière des époques évoquées. Le faste du star-système est décrit à travers un regard amusé et critique qui confère à Niven le rôle de témoin privilégié. L’évocation du maccarthysme ou l’apparition des tensions en Europe précédant la Seconde Guerre mondiale sont décrits à la manière de déchirement qui divisèrent en profondeur le microcosme hollywoodien. Si l’on regrette qu’au regard de sa longueur l’ouvrage ne propose aucun index, la présence de quelques illustrations noir et blanc permet de prolonger le plaisir pris à la lecture de cet excellent ouvrage.
- DAVID NIVEN, MÉMOIRES
- Auteur : David Niven
- Traduction : Simone Hilling et Rosine Fitzgerald
- Éditions : Séguier
- Date de parution : 21 mai 2021
- Format : 960 pages
- Tarifs : 24,90 € (print) – 17,99 € (numérique)