Résumé : En 100 films, le photographe de plateau Georges Pierre a couvert une partie de l’histoire du cinéma français. Il a pu photographier parmi les plus belles comédiennes et les plus célèbres acteurs œuvrant sur les plateaux français. Il a aussi travaillé avec les plus grands metteurs en scène. Pourquoi lui ? Parce qu’il voyait tout sans se faire voir. Qu’il avait de la tendresse et de l’humour face à ces monstres sacrés que sont les acteurs. Les photographies provenant des archives de Georges Pierre, pour la plupart inédites, nous permettent de nous replonger dans les plus belles années du cinéma français. Des témoignages (Jane Birkin, Nathalie Baye…) viennent compléter l’ouvrage.
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S’il nous permet de découvrir d’une bien belle manière le travail de Georges Pierre, la parution de cet ouvrage relève d’une ambition plus large. Souvent oublié des cinéphiles et récemment supplanté par les nouveaux médias d’Internet, le photographe de plateau fut longtemps considéré comme le premier médiateur entre le spectateur et le film. Que ce soit par le biais de reportages photographiques ou d’images promotionnelles, son travail consiste à introduire l’atmosphère d’une œuvre, à préparer à sa vision et à attiser l’envie ou la curiosité du public. Les différents textes qui introduisent l’album (signés par Costa Gavras qui accueillit Georges Pierre sur les tournages de Section spéciale [1975] et Conseil de famille [1986], Marlène Jobert qui en fit son photographe attitré, Laurent Benyayer et Philippe Sichler qui, aux côtés de Laurence Pierre de Geyer, sont à l’origine de cette publication) insistent sur ce point : le photographe de plateau ne doit pas être considérée comme une présence négligeable. La preuve donc avec la reproduction de nombreux clichés réalisés par Georges Pierre qui de L’Année dernière à Marienbad (Alain Resnais, 1961) à La Note bleue (Andrzej Zulawski, 1991) traversa trente ans de cinéma français armé de son appareil photo. De sa formation en tant qu’ingénieur et de son travail au sein de la Direction de la Recherche Image au Service de la Recherche de l’ORTF, le photographe a conservé un goût pour la recherche qui le mena à inventer le « blimp » (dispositif d’insonorisation qui permet au photographe de plateau de prendre des clichés durant le tournage des scènes), mais aussi à s’investir dans la reconnaissance de son métier.
Lauréat du Rollei d’Or au Festival de Cannes en 1986 pour sa photographie du film Harem (Arthur Joffé, 1985), Georges Pierre publie différents textes sur son métier (dont un est reproduit dans le présent ouvrage) et crée l’Association des Photographes de films qui se charge de défendre les intérêts matériels et moraux des photographes de cinéma.
Mais ce travail de légitimation est d’abord pris en charge par la qualité de son œuvre. Des stars (Adjani, Moreau, Fernandel, Dewaere, Ventura, Delon, Montand, Huppert, Deneuve…) aux réalisateurs (Godard, De Broca, Berri, Boisset, Chabrol, Sautet, Welles…), la large place allouée aux photographies de Georges Pierre atteste d’une maîtrise totale. Car si les portraits valorisent sa science de la composition, ce sont aussi les détails qui fascinent et étonnent le regard. La capture d’une prise de vue, d’un échange verbal, d’un éclat de rire, d’une direction d’acteurs, véhiculent l’ambiance et l’énergie si particulières des plateaux de tournage.
Agrémenté de quelques témoignages (Pierre Richard, Bertrand Tavernier, Jane Birkin, ou encore Nathalie Baye) qui louent communément la discrétion, le professionnalisme et la finesse du travail du photographe, cet ouvrage nous permet de revenir à cette fascination première qui faisait des images fixes la plus belle des préparations à leur mise en mouvement.
- GEORGES PIERRE. PROFESSION : PHOTOGRAPHE DE PLATEAU
- Auteurs : Laurence Pierre de Geyer, Philippe Sichler, Laurent Benyayer
- Date de parution : 24 juin 2021
- Éditions : Neva
- Langues : Français uniquement
- Format : 192 pages
- Tarifs : 45 €