Synopsis : De son enfance coincée entre les productions Disney et les tenues de Lolita, jusqu’à sa consécration comme cinéaste, l’histoire de Jodie Foster est celle d’une lutte menée à l’intérieur du système hollywoodien et de la société du spectacle.
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Alors que dans un mois, le Festival de Cannes décernera à Jodie Foster sa Palme d’or d’honneur, la chaîne Arte diffuse à partir du 6 juin et jusqu’au 8 août un joli documentaire revenant sur l’ensemble de sa carrière. Raconté par Matthieu Kassovitz, le film de Camille Juza et Yal Sadat compose un portrait paradoxal de l’actrice et réalisatrice américaine. Révélée au grand public avec son rôle ô combien ambigüe de Iris, la jeune prostituée de Taxi Driver (Martin Scorsese, 1976), Foster véhicule une image de rebelle dont le talent dramatique soutient et accompagne la représentation de personnages féminins forts et indépendants. Le documentaire rappelle pourtant que l’actrice est née dans la pouponnière d’Hollywood et a longtemps incarné une image lisse dont elle eut beaucoup de peine à se défaire jusqu’à subir l’opprobre d’une frange du public qui lui reprocha ses choix de collaboration douteux (Mel Gibson avec qui elle entretient une indéfectible amitié et qu’elle engage comme acteur pour Le Complexe du Castor [2011] ; Roman Polanski qui la dirige dans Carnage [2011]), ou de ne pas assumer son homosexualité publiquement). C’est en définitive un combat pour défendre son autonomie qu’a mené Foster tout au long de sa carrière. Ses départs pour la France, sa seconde patrie, ou sa volonté d’incarner des rôles difficiles, de la jeune femme victime d’un viol collectif dans Les Accusés (Jonathan Kaplan, 1988) à la justicière traumatisée par l’assassinat brutal de son fiancé dans À vif (Neil Jordan, 2007) en passant par l’agent du FBI lancé sur la piste d’un serial killer dans Le Silence des agneaux (Jonathan Demme, 1991), sont les marques les plus probantes d’une combattivité que l’actrice saura mettre au service de ses propres réalisations (Le Petit Homme [1991] ; Week-end en famille [1996] ; Le Complexe du Castor ; Money Monster [2016]).
À partir de nombreux entretiens réalisés avec des critiques et journalistes et d’archives qui permettent de goûter le franc-parler de Foster, le documentaire dépasse le constat propre à l’état des lieux pour dégager de grands axes de lecture qui permettent de remettre en perspective les réussites et les quelques impasses qui marquèrent la carrière de l’artiste. Au plaisir de (re)découvrir les grands jalons de sa filmographie, le retour proposé permet d’apprécier de façon synthétique l’évolution de l’approche de Foster dont le talent précoce n’a jamais été affecté par le passage des années.
- JODIE FOSTER. HOLLYWOOD DANS LA PEAU
- Diffusion : du 6 juin 2021 au 11 août 2021
- Chaîne / Plateforme : Arte.tv
- Réalisation : Camille Juza et Yal Sadat
- Avec : Matthieu Kassovitz (narrateur), B. Ruby Rich, Clovis Goux, Jordan Mintzer…
- Producteurs : Emma Lepers
- Photographie : Guillaume Bression
- Montage : Stéphanie Mahet
- Musique : Krikor Kouchian
- Durée : 53 minutes