Disparu ce 5 juillet 2021, Richard Donner laisse derrière lui une œuvre prolixe dominée par certains titres qui continuent de profiter d’une popularité multigénérationnelle.
L’Américain Richard Donner peut être considéré comme un réalisateur générationnel. Ses films les plus plébiscités par le grand public (Superman [1978] ; Les Goonies |1985] ; Fantômes en fête [1988] ; Maverick [1994] ; Assassins [1995] ; les quatre épisodes de la franchise L’Arme fatale [1987, 1989, 1992, 1998]) profitent d’abord du rayonnement du souvenir nostalgique.
Si son premier long métrage, X-15, remonte à 1961, le cinéaste se forme à la télévision tout au long des années 1960, enchaînant la réalisation d’épisodes de séries télévisées (Au nom de la loi ; Route 66 ; La Quatrième Dimension ; Perry Mason ; Max la Menace…).
La décennie suivante le voit s’imposer au cinéma grâce à la mise en scène de La Malédiction (1976). Ce film d’horreur qui reprend à son compte la thématique de l’enfant démoniaque popularisée par L’Exorciste (William Friedkin, 1973), profite d’une distribution prestigieuse avec en tête d’affiche Gregory Peck et Lee Remick. Convaincu de sa capacité à superviser une grosse production, la Warner l’engage pour Superman, première adaptation en long métrage des aventures du super-héros, qui profite d’un budget conséquent (55 millions de dollars).
Si le rôle-titre revient à l’inconnu Christopher Reeves, le film permet à nouveau à Donner de diriger certains grands noms d’Hollywood (Marlon Brando et Gene Hackman en tête). Succès à sa sortie et salué pour la qualité de ses effets spéciaux (qui lui permettront de remporter un Oscar), Superman sut conserver son statut de film-culte et permit à Donner d’imposer son nom auprès du public.
Sa première qualité tint sans doute à sa capacité à servir les scénarios de ses productions et à valoriser le talent de ses interprètes. Sur ce point, son nom est indissociable de celui de Mel Gibson dont il contribue à lancer la carrière de star avec L’Arme fatale avant de l’accompagner dans le western Maverick et le thriller Complots (1996). Encourageant tour à tour sa part séductrice et son côté autodestructeur, Donner sut valoriser l’ambivalence stylistique de l’acteur, entre maîtrise du corps en action et dérèglement névrotique rendu apparent par l’expressivité de son visage.
Au service du divertissement, Donner était particulièrement à l’aise dans les films d’action. Assassins avec Sylvester Stallone et Antonio Banderas et 16 blocs (2006), son dernier film, avec Bruce Willis, prouvèrent que le cinéaste n’avait rien perdu de sa maîtrise. On retiendra encore sa prolixité qui le vit se prêter aux genres du fantastique (Ladyhawke [1985]), du merveilleux (Les Goonies) ou de la science-fiction (Prisonniers du temps [2003]).
Preuve que son nom n’avait pas été oublié : la sortie en vidéo de sa version de Superman 2, film sorti initialement en 1980 et qui le vit être évincé du tournage pour être remplacé par Richard Lester.