« Business or pleasure ? ». Une question bien moins anodine qu’il n’y paraît pour la réalisatrice Ninja Thyberg qui nous plonge ici dans les affres de l’industrie pornographique.Â
Si pour le titre de son premier long métrage, son choix s’est finalement porté sur Pleasure, cette découverte du milieu du porno s’annonce plus sordide que prévu.
En particulier pour l’héroïne, Bella, une jeune femme de 19 ans, fraîchement débarquée de sa Suède glaciale pour se faire une place sous le soleil de Los Angeles. Son but ultime : devenir une star du X et pourquoi pas, une « Spiegler girl », l’élite de ce milieu sulfureux. Une initiation intense attend la jeune femme qui va découvrir le pornstar system, mais aussi ses abysses. Car, dans cet univers violent, la drogue et la misogynie ne sont jamais loin…
La réalisatrice n’est pas à son coup d’essai sur le même thème. Un court-métrage également intitulé Pleasure, avait déjà été présenté – et primé – à la Semaine de la Critique à Cannes en 2013. Le corpus de la réalisatrice s’articule autour de la sexualité et du porno et ce, depuis ces études à l’université. Le résultat inédit : un female gaze ultra documenté. La jeune femme a côtoyé le milieu pour ses recherches sur cette industrie si sulfureuse où le point de vue des femmes est bien souvent – et comme dans de nombreux domaines – mis de côté.
Car, dans la vraie vie, ces femmes, stars du X, contribuent à générer environ 5 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an. Pourtant, on sait relativement peu de choses sur elles. En pleine mutation, la société est enfin prête à tendre l’oreille sur leurs histoires de vie. Il était temps.
Si certaines réalisatrices commencent à prendre le sujet à bras le corps (on pense notamment au travail d’Ovidie), c’est sans doute le premier long-métrage d’une femme sur une femme traitant de ce milieu et de ses problématiques.
Outre le sujet et le traitement, on y découvre aussi la jeune de 20 ans, Sofia Kappel. Déjà considérée comme l’une des 11 « révélations inoubliables » au Festival de Sundance. Révélation à la hauteur de la patience de la réalisatrice à dénicher cette perle rare qui, rappelons-le, n’avait jamais joué avant.
Véritable Ninja (Thyberg) du casting, la réalisatrice a rencontré plus de 2 000 femmes issues de l’univers du X pour le rôle. Aucune n’a fait l’affaire et c’est finalement une connaissance qui lui a parlé de Sofia Kappel. La jeune femme a marqué les esprits, déjouant les clichés et les idées préconçues. Les autres acteurs du film sont, quant à eux, tous issus du milieu.
Cette fiction proche de la réalité a été présenté au Festival du film américain de Deauville ce samedi 5 septembre. Il sortira sur les écrans français le 20 octobre, distribué par The Jokers.
Raphaëla Louy