Résumé : Cette série documente, sans concession, les attaques terroristes du 11 septembre, de leur origine au cœur d’al-Qaïda dans les années 80 à la réponse forte de l’Amérique.
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Alors que le monde s’apprête à commémorer les vingt ans des attentats du 11 septembre, Netflix propose une vaste série documentaire consacrée aux tenants et aboutissants de l’événement. Créée par Brian Knappenberg (déjà à l’origine de La Légende de Cocaïne Island et L’Affaire Gabriel Fernandez diffusés sur la même plateforme), la production s’inscrit dans la démarche habituelle des reportages Netflix. Point nodal du récit, la journée fatidique du 11 septembre ouvre et clôture chaque épisode tandis que la structure dramaturgique prend la forme d’une timeline qui cherche à explorer les déterminismes et les prolongements de cet instant t qui vit le monde occidental basculer définitivement dans l’angoisse du terrorisme. Déjà employée pour évoquer des événements sportifs ou criminels, cette approche a le mérite de fluidifier le grand récit historique sans perdre de vue son objectif premier : raconter le présent à la lumière du passé. Les origines du 11 septembre se situent ainsi quelques décennies avant son avènement. La guerre d’Afghanistan dans les années 1980 a redéfini l’échiquier du pouvoir au Moyen-Orient, poussant les États-Unis à soutenir ses bourreaux de demain. De Ronald Reagan à Joe Biden, les pays arabes deviennent le territoire d’un conflit dont la complexité des ramifications empêche la prévisibilité du dénouement. Difficile de ne pas penser à la récente prise du pouvoir des talibans face aux images de leurs aînés semant la terreur à grands coups d’exécutions publiques dont l’horreur est à la fois relayée par les images d’archive et les nombreux témoignages qui traversent la série.
Deux types de narration cohabitent ainsi. Celui de la parole, d’abord, qui permet d’entrelacer la petite et la grande histoire (des journalistes aux quidams présents lors de la catastrophe, des pompiers aux agents de la CIA ou du NCIS) ; celui du montage, ensuite, qui entrelace les images et les sons pour donner à voir l’horreur dans la forme directe de son exécution. L’intelligence de la série est d’éviter sciemment le seul attrait du spectaculaire pour se concentrer sur l’importance des micro-événements qui constituent tout grand moment historique.
D’épisode en épisode, ce sont les points de vue qui priment et qui racontent, les images se prêtant de fait à une fonction plus illustrative que didactique. En donnant la parole à Jalaluddin Shinwari, ancien membre actif du pouvoir taliban, le documentaire cherche à présenter le contrechamp des événements, évitant habilement tout parti-pris idéologique pour favoriser sa portée pédagogique. De fait, Turning Point se présente comme une excellente réussite tant du point de vue du fond que de la forme. La série prouve en outre l’adaptabilité du format Netflix et invite à intégrer ses productions à la riche Histoire du documentaire télévisuel et cinématographique.
- TURNING POINT : LE 11 SEPTEMBRE ET LA GUERRE CONTRE LE TERRORISME
- Diffusion : depuis le 1er septembre 2021
- Chaîne / Plateforme : Netflix
- Création et Réalisation : Brian Knappenberg
- Production : Jennifer Jo Janisch, Sabrina Parke, Erikka Yancy
- Durée : 5 épisodes de 1 heure