Le créateur mythique nous donne rendez-vous pour une immersion haut de couture dans la pop culture, qui nous fait prendre conscience de l’interdépendance entre ses deux arts majeurs et de l’importance du cinéma dans sa carrière et sa vie.
Jean Paul Gaultier s’en est donné à cœur joie lors du vernissage presse de CinéMode ce lundi 4 octobre au matin pour nous faire partager sa passion pour la mode et pour le 7ème art. La visite a débuté par où tout a commencé : Falbalas de Jacques Becker (1945).
Un jour, celui qui répètera plus tard « Sans le défilé de Falbalas, je n’aurais jamais fait ce métier » tombe sur le film à la télévision. C’est la révélation et le début pour le jeune homme d’un rêve qui mêlera couture et image toute sa vie. Dans ce film, on suit le parcours d’un célèbre styliste parisien, fougueux et perfectionniste. Séduisant ses mannequins pour puiser et renouveler son inspiration créatrice, il succombe à l’amour impossible.
Le petit garçon d’alors tombe non seulement sous le charme du métier de couturier et de l’esthétisme du travail de Michel Rochas (styliste à qui on attribue souvent l’invention de la guêpière), mais aussi de Micheline Presle. L’héroïne n’est autre que la mère de celle qui deviendra sa grande amie et réalisatrice de talent : Tonie Marshall. C’est cette dernière qui, avant sa mort, avait insufflé l’idée de cette expo qui lui est dédiée.
Un véritable défilé d’icônes
Mais toutes deux ne sont pas les seules femmes de la vie cinématographique de l’homme à la marinière. À la Cinémathèque, elles sont partout. Des hypersexualisées style Marilyn Monroe dans Les Hommes préfèrent les blondes (Billy Wilder, 1953), jusqu’aux femmes guerrières incarnées en Jeanne d’arc, en passant par l’androgynie de Jane Birkin dans Je t’aime moi non plus (Serge Gainsbourg, 1976).
Comme dans ses collections, le couturier est attiré par la fluidité des identités sexuelles et des genres, nous montrant comment son travail a été influencé par les films, et comment ceux-ci influencent la société. Au cinéma, à l’instar de ses défilés, les codes sont brouillés ; les femmes empruntant aux hommes des pièces clés de leur vestiaire.
Si une actrice en particulier a bien usé de cet art du travestissement, c’est bien Marlène Dietrich. Un focus lui est consacré. Bien sûr, l’expo compte aussi quelques hommes et non des moindres. Pedro Almodóvar, pour qui Gaultier a maintes fois créé (Kika, La Mauvaise éducation, La Piel que habito), William Klein, photographe américain basé à Paris qu’il a adoré, mais aussi Marlon Brando et son fameux marcel dans Un tramway nommé désir (Elia Kazan, 1951) qui révolutionna le style des jeunes de l’époque.
À la croisée des chemins
Les films sur lesquels Jean Paul Gaultier a mis sa légendaire patte se fondent dans les différents costumes présentés. Il y a bien sûr une place de choix pour Catherine Deneuve, icône d’Yves Saint-Laurent qu’il a habillé dans Au plus près du paradis (Tonie Marshall, 2002). Mais aussi pour Mila Jovovich sans qui les costumes du Cinquième Élément (Luc Besson, 1997) n’aurait pas été incarnés aussi puissamment.
CinéMode se déroule tel un grand défilé dans lequel on retrouve des pièces de films culte (La Reine Margot, Orange mécanique…), des affiches et extraits illustrant cette croisée des chemins. Un véritable hommage aux créateurs et à leurs muses par celui qui envisage chaque défilé comme un spectacle. Un art savamment maîtrisé pour Jean Paul Gaultier qui nous transmet, grâce à cette exposition, son (bon) goût des belles choses.
L’évènement, entouré d’une programmation cinématographique, de conférences et de prises de paroles du principal intéressé, est à découvrir absolument.
Raphaëla Louy
- CINÉMODE PAR JEAN PAUL GAULTIER
- Du 6 octobre 2021 au 16 janvier 2022
- Horaires :
- Lu, Me à Ve : 12h-19h / WE : 11h-20h / Vacances scolaires et jours fériés : 10h-20h
- Fermeture le mardi, le 25 décembre.
- Nocturne gratuite pour les moins de 26 ans le 1er jeudi du mois jusqu’à 21h sur réservation
- Tarifs : PT 12€ / TR 9,5€ / – de 18 ans 6€ / inclus dans l’abonnement Libre Pass