Synopsis : Un couple marié emménage dans la maison de leurs rêves. Peu de temps après, ils reçoivent des lettres de menace terrifiantes d’un harceleur signant sous le pseudo The Watcher.
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On dit souvent que l’arrivée d’un enfant bouleverse un couple, mais qu’en est-il de l’immixtion d’un “observateur” dans une famille ? Depuis le 13 octobre, Ryan Murphy et Ian Brennan y répondent sur Netflix, avec leur série The Watcher, après celle sur Jeffrey Dahmer. Dean et Nora Brannock emménagent avec leurs deux enfants, Ellie et Carter, dans une somptueuse maison du New Jersey, au 657 boulevard. Elle est artiste, lui homme d’affaires, et la signature de l’acte d’achat apparaît comme une consécration de leur bonheur. Rapidement, on découvre que leurs voisins, le couple Mitch et Mo et les frères et sœurs Jasper et Pearl Wislow, ne sont pas commodes. Comparables à une grande famille austère tout droit sortie des années 1900, ils sont bizarrement dérangés de l’arrivée de Dean et Nora, respectivement interprétés par Bobby Cannavale et Naomi Watts. Au-delà d’être exécrables et étranges, les voisins sont intrusifs. Le rêve se transforme en cauchemar le jour où Ellie tombe sur une mystérieuse lettre, signée “L’Observateur”. Cette dernière évoque du « sang neuf » et fait allusion aux enfants sur un ton menaçant, signifiant aux Brannock qu’ils n’ont rien à faire ici. La série accroche dès lors son spectateur. Pour des raisons inexpliquées, la maison semble avoir une grande importance pour les voisins. On reste bouche bée lorsque Pearl requiert violemment, auprès des Brannock, la conservation du vieil arbre qui domine le jardin. S’agit-il d’un souci maladif ou d’une provocation ? Le mystère règne tandis que d’autres lettres paraissent, accompagnées d’évènements quelque peu terrifiants.
Si les voisins semblaient en être les seuls occupants, malheureusement la liste des suspects ne fait que s’allonger. Karen, l’amie de Nora, la pousse étrangement à la vente, tandis que chaque personnage nouvellement arrivé n’échappe pas au soupçon. Finalement, on se croirait dans une farce orchestrée à la Truman Show, sauf qu’il n’en est rien. L’enquête continue, les intrusions et les menaces se succèdent, et le spectateur prend goût au fait de suivre minutieusement l’enchaînement des soupçons.
Comme annoncé au début du premier épisode, la série est inspirée de faits réels. En 2014 la famille Broaddus commence à réaliser des travaux dans leur maison nouvellement acquise, située au 657 Boulevard. Ils reçoivent une lettre glaçante signée “l’Observateur”, la première d’une série de quatre. Alors que l’enquête ne donne rien, les Broaddus finissent par être soupçonnés d’avoir tout inventé : ils se retrouvent enfermés dans un mystère dénué de réponse. C’est donc très justement que la série choisit d’insister, à travers le scénario, sur l’aspect traumatique des événements, et de plonger au cœur du conflit familial. L’intérêt n’est pas seulement porté à la résolution, mais à la famille qui se divise en cherchant.
Ainsi, « l’Observateur » hante les discussions et une tension s’instaure, de façon crescendo, entre l’étrangeté du comportement de l’entourage des victimes, et la dérive paranoïaque de Dean et de Nora qui peinent à raisonner sous cette tension constante. Lorsqu’ils en viennent à faire appel à un détective privé, les Brannock signent leur engagement dans une enquête dangereuse parce que tenace. Naissent le mur des suspects et l’obsession pour le solutionner. Une série captivante, divertissante et effrayante, mais aussi pertinente par la façon dont elle met en scène la dérive émotionnelle. Évidemment, on se demande si, au vu des faits, on ne serait pas parti bien avant de se lancer dans l’enquête.
Kenza Lalouni
- THE WATCHER
- Diffusion : depuis le 13 octobre 2022
- Chaîne / Plateforme : Netflix
- Création, Scénario et Réalisation : Ryan Murphy et Ian Brennan
- Avec : Naomi Watts, Bobby Cannavale, Mia Farrow, Margo Martindale, Noma Dumezweni, Richard Kind, Jennifer Coolidge, Terry Kiney, Isabel Gravitt, Michael Nouri.
- Photographie : Maceo Bishop, Jason McCormick et Stanley Fernandez Jr
- Montage : Travis Weaver
- Décors : Matthew Flood Ferguson, Kristi Zea
- Costumes : Rudy Mance et Catherine Crabtree
- Musique : Morgan Kibby et David Klotz
- Durée : 7 épisodes de 44-52 minutes.