L’artiste s’était d’abord fait connaître pour sa musique avant de devenir l’une des premières figures masculines afro-américaines d’Hollywood et un important soutien du mouvement des droits civiques. Il est décédé d’une insuffisance cardiaque congestive.
Sa voix aura fait vibrer l’Amérique des années 1950, portée par son tube Day-O repris trois décennies plus tard par Tim Burton pour Beetlejuice. Harry Belafonte a su utiliser tout son talent de chanteur-comédien, de la musique à la télévision, en passant par plusieurs rôles au cinéma.
Du Tony Award obtenu en 1954 pour sa première comédie musicale sur Broadway, John Murray Anderson’s Almanac, à l’Oscar d’honneur qui lui fut remis en 2014, Harry Belafonte n’a cessé d’être acclamé pour tous ses travaux d’artiste.
Mais c’est peut-être pour son engagement en faveur du mouvement des droits civiques que beaucoup le connaissent davantage. Proche de Martin Luther King Jr. dans les années 1960, il a continué à occuper des rôles de soutien et d’engagement auprès de pays africains tout au long de sa carrière.
Né dans le quartier d’Harlem à New York en 1927, il passe plusieurs années en Jamaïque durant son enfance, terre d’origine de sa mère et d’où il puisera une grande partie de son inspiration pour sa musique.
Après la Seconde Guerre mondiale à laquelle il participe dans la Marine, il retourne à New York et se découvre une passion pour le métier de comédien. Sa voix, son charisme et l’originalité de sa musique l’emmènent rapidement vers le succès. D’abord par des performances dans des night-clubs, puis sur Broadway.
En parallèle de sa carrière musicale qui atteindra la consécration nationale avec son album Calypso en 1956 vendu à plus d’un million d’exemplaires, un record pour l’époque, il est repéré par MGM et participe à son premier film en 1953, La route radieuse.
S’ensuit dans les années 1950 toute une série de films ayant pour toile de fond les inégalités auxquelles est confrontée la communauté afro-américaine aux États-Unis. Une île au soleil (1957), Le monde, la chair et le diable (1959) et Le coup de l’escalier (1959) en sont quelques exemples.
Les deux derniers films marquent également ses débuts en tant que producteur. Par la suite, il revient au grand écran de manière plus épisodique, agacé des rôles qui lui étaient proposés.
« Dans mes premières années de cinéma, j’étais sans arrêt obligé de faire ce que l’on attendait de moi, sans aucun contrôle dessus. Je ne pouvais pas choisir le type de rôle que je souhaitais jouer », avait-il déclaré dans une interview pour la BBC en 1972.
Buck et son complice (1972), White Man (1994) dans lequel il donne la réplique à John Travolta, Kansas City (1996) et Bobby (2006) comptent parmi ses principales apparitions depuis.
Tout au long de sa carrière d’acteur, Harry Belafonte ne cessera de parler des inégalités et violences rencontrées par les Afro-américains, jusqu’à son dernier film en 2018. Il avait alors joué dans BlacKkKlansman : j’ai infiltré le Ku Klux Klan réalisé par Spike Lee.
Son engagement pour les droits civiques aux États-Unis aura été véritablement marqué par son amitié avec Martin Luther King Jr. qu’il rencontre aux débuts des années 1950 et à qui il apportera un soutien sans faille, notamment financier, jusqu’au décès de ce dernier.
Mais sa participation ne s’arrête pas là. Rôle clé dans l’organisation de la Marche sur Washington en 1963, principal instigateur du projet caritatif We are the World en 1985 pour lutter contre la guerre et la famine en Afrique, ambassadeur de l’Unicef à partir de 1987…
Plus discret sur le plan artistique dans les deux dernières décennies de sa vie, il resta malgré tout une figure majeure et écoutée dans la lutte pour les droits de l’Homme, notamment en Afrique du Sud où il avait apporté son soutien à Nelson Mandela.
Durant la totalité de sa carrière, Harry Belafonte aura reçu pas moins de quatre Grammy Awards, un Emmy Award (le premier artiste afro-américain à recevoir cette récompense), un Tony Award et son étoile au Hollywood Walk of Fame.
Le documentaire Sing Your Song (2011) retrace la vie de l’artiste en rendant hommage à ses talents d’artiste et ses actions pour le mouvement des droits civiques.
Adrien Mengin