Tetris de Jon S. Baird : critique

Publié par CineChronicle le 11 juin 2023

Synopsis : Henk Rogers, développeur et promoteur de jeux vidéo, voit pour la première fois le jeu Tetris à un salon professionnel en 1988. Il prend alors tous les risques pour lui et sa famille en se rendant en URSS pour négocier les droits de publication afin de commercialiser le jeu dans le monde entier. Il va alors faire face à un monde rempli de corruption, où conclure un contrat n’est pas si évident…

♥♥♥♥♥

 

Tetris - affiche

Tetris – affiche

L’idée de voir débarquer un film inspiré par Tetris pouvait logiquement laisser assez dubitatif. Jeu vidéo et cinéma ont rarement fait bon ménage et les adaptations d’un médium à l’autre se sont régulièrement achevées en catastrophes artistiques et industrielles. Mais dans le cas du film Tetris, on ne peut pas véritablement parler d’adaptation du célèbre jeu vidéo. Le long-métrage signé Jon S. Baird (la comédie policière Ordure ! avec James McAvoy et le biopic Stan & Ollie consacré à Laurel et Hardy) retrace ainsi l’histoire rocambolesque de la lutte pour les droits d’exploitation du jeu éponyme, entre États-Unis, Japon et URSS, sur fond de Guerre froide. Donc un film d’espionnage avec le jeu vidéo comme cadre ? Pas tout à fait, car le parti pris de Tetris est de traiter la genèse même du soft culte comme un jeu vidéo. Chaque passage clé de la quête du héros Henk Rogers est ainsi assimilé à un niveau, et ses actions se retrouvent parfois bruitées et pixellisées comme dans un jeu d’arcade. Si on eut aimé que ces idées soient poussées plus loin, elles n’en restent pas moins sympathiques et apportent un petit vent de fraîcheur à un film qui, sans ça, serait apparu assez classique. En appliquant le même traitement aux différents voyages et destinations du héros, visualisés par des décors de jeux rétros, Jon S. Baird divise son histoire en différents ‘’niveaux’’ distincts.

 

Taron Egerton - Tetris

Taron Egerton – Tetris

 

Le traitement des couleurs crée ainsi des ambiances totalement opposées, ne misant pas tant sur une reproduction réaliste des années 80 que sur une version fantasmée de cette époque. Les villes japonaises deviennent ainsi des cités de néons multicolores, quand Moscou se fait labyrinthe de béton gris. L’ambiance passe également beaucoup par la bande originale à tendance électro synthwave, composée par Lorne Balfe (Top Gun Maverick). Remixant aussi bien le mythique thème de Tetris que des tubes de l’époque (Opportunities des Pet Shop Boys, The Final Countdown d’Europe), cette composition nous plonge encore un peu plus dans ce petit monde pop.

 

Aussi sympathiques soient-elles, ces trouvailles visuelles peinent cependant à dynamiter un récit assez sage et attendu : l’Américain et le Soviétique, que tout éloigne, finissent par se lier d’amitié autour de leur amour commun du jeu vidéo ; Henk délaisse sa famille avant de se montrer finalement à la hauteur de son rôle de père. Toutes les péripéties sont des plus prévisibles, et si le film se suit sans déplaisir, il peut s’oublier assez rapidement. On reste donc loin des récits surprenant et facétieux de Matthew Vaughn (réalisateur de Kick-Ass et Kingsman) qui officie ici en tant que producteur.

 

Taron Egerton Sofia Lebedeva et Nikita Efremov - Tetris

Taron Egerton, Sofia Lebedeva et Nikita Efremov – Tetris

 

Néanmoins, Tetris bénéficie d’un atout de taille, Taron Egerton. À la fois tête d’affiche et producteur exécutif du projet, la star est totalement investie dans son rôle de commercial opiniâtre mais sympathique et livre une performance à la fois drôle et attachante sans jamais trop en faire. Après Kingsman ou Rocketman, il prouve une fois de plus sa capacité à porter des projets divers, mais ambitieux, sur ses épaules.

 

Si Tetris est loin du génie mélancolique de The Social Network, son modèle évident et écrasant, il n’en demeure pas moins un divertissement agréable qui a le mérite de faire découvrir de manière ludique un pan un peu oublié de l’histoire du jeu vidéo. 

 

Timothée Giret

 

 

 

  • TETRIS
  • Sortie : 31 mars 2023
  • Chaîne / Plateforme : Apple TV+
  • Réalisation : Jon S. Baird
  • Avec : Taron Egerton, Nikita Efremov, Toby Jones, Roger Allam, Sofia Lebedeva, Anthony Boyle, Ayane Nagabuchi, Togo Igawa, Ben Miles, Oleg Stefan…
  • Scénario : Noah Pink
  • Production : Gillian Berrie, Len Blavatnik, Gregor Cameron, Matthew Vaughn
  • Photographie : Alwin H. Küchler
  • Montage : Martin Walsh
  • Décors : Dan Taylor
  • Costumes : Nat Turner
  • Musique : Lorne Balfe
  • Durée : 1 h 57

 

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