La première photo révélée de Scarlett Johansson, par les studios Paramount, dans Ghost in the Shell provoque la controverse sur la toile.
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Les studios hollywoodiens cherchent ces derniers temps à davantage diversifier les castings. Plus de femmes, plus de minorités ethniques. Du moins, en théorie. Car dans les faits, cette intention louable semble plutôt s’apparenter à un vœu pieux. Cette controverse soulignerait le début d’un phénomène plus vaste. En effet, selon The Hollywood Reporter, les critiques reprochent aujourd’hui à GHOST IN THE SHELL et même à DOCTOR STRANGE de « passer à la chaux » leurs personnages asiatiques.
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Dans le premier film, réalisé par Rupert Sanders, c’est Scarlett Johansson qui se glisse dans la peau de Motoko Kusanagi, la cyborg d’une section d’élite anti-criminelle, censée être japonaise. Dès l’annonce de ce choix en 2015, certaines voix s’étaient élevées pour dénoncer le fait que les studios « blanchissent » ainsi l’héroïne du manga cyberpunk de Masamune Shirow, paru en 1989, suivi de son adaptation, le film d’animation culte d’Oshii Mamoru en 1995, lequel a connu plusieurs suites.
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Ainsi, la première photo dévoilée par Paramount ce jeudi 14 avril n’a fait qu’appuyer le problème. L’auteur de bandes dessinées Jon Tsuei a ainsi exprimé dans plusieurs tweets sa frustration sur son compte Twitter : « J’ai vu beaucoup de personnes défendre le choix de ScarJo, celles-ci semblent ne pas avoir bien compris l’histoire de Ghost in the Shell. (…) Cette histoire est intrinsèquement japonaise et non universelle ».
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Toujours sur le réseau social au 140 caractères, c’est l’actrice d’origine chinoise Ming-Na Wen (Urgences, Stargate Universe) qui abonde dans ce sens : « Je n’ai rien contre Scarlett Johansson. En fait, je suis une grande fan. Mais je suis absolument contre ce « blanchiment » d’un rôle asiatique ». Par ailleurs, certains ont envisagé de remplacer Johansson en proposant plusieurs noms : Rinko Kikuchi (Pacific Rim), Chiaki Kuriyama (Kill Bill), Karen Fukuhara (Suicide Squad), Tao Okamoto (Batman v Superman), Kiki Sukezane (Heroes Reborn) ou encore Kimiko Glenn (Orange is the New Black).
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De son côté, ScreenCrush a dernièrement avancé que Paramount et DreamWorks ont testé différents effets spéciaux qui permettraient lors de la post-production, de rendre Johansson « plus asiatique ». Ce travail délicat aurait été confié à Lola VFX, le studio qui fut en charge de vieillir et rajeunir Brad Pitt dans L’Etrange Histoire de Benjamin Button de David Fincher (2009). Leader sur le marché, ce dernier est spécialisé en matière de « beauty work », à savoir rendre les interprètes plus jeunes, plus beaux ou plus minces à l’écran. Cependant, le site a contacté les studios et ces derniers ont démenti les propos : « Un test a été fait lors d’une scène particulière et sur un acteur qui faisait de la figuration, mais on ne l’a pas gardé. Absolument aucun effet visuel n’a été essayé sur le personnage de Scarlett et nous n’avons pas l’intention de le faire. ».
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Également en ligne de mire, Doctor Strange. Marvel a révélé cette semaine la première bande annonce et le public a ainsi pu découvrir Tilda Swinton dans le rôle de L’Ancien(ne), un sage tibétain… En choisissant l’actrice britannique pour interpréter ce personnage traditionnellement masculin, les studios ont voulu donner plus de places aux femmes, trop souvent absentes des films de super-héros. Hélas, cela s’est fait aux dépens d’un autre groupe sous-représenté : les Asiatiques. L’enfer est pavé de bonnes intentions.
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En 2015 déjà, plusieurs longs métrages avaient été accusés de choisir des acteurs blancs pour représenter des personnages issus d’autres ethnies. Ce fut le cas pour Aloha de Cameron Crowe, où Emma Stone interprétait une métisse moitié chinoise, moitié hawaïenne. De même pour Pan de Joe Wright où Rooney Mara se glissait dans la peau de Lily La Tigresse, une princesse amérindienne. On peut ajouter à cette liste Gods of Egypt (à l’affiche française depuis le 6 avril), où tous les acteurs d’origine caucasienne sont censés interpréter des Egyptiens. Lionsgate et Alex Proyas, le réalisateur, se sont d’ailleurs finalement excusés de ce manque de diversité peu de temps avant la sortie en salles. Ou bien encore la polémique ayant suivi le choix de Zoé Saldana, métisse d’origine dominicaine, pour interpréter Nina Simone dans Nina, chanteuse afro-américaine.
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Face à ce phénomène, on peut alléguer que ce genre de choix ne relève finalement que de la performance d’acteur. Après tout, interpréter une Asiatique ou une Indienne est une transformation physique comme il en existe d’autres dans l’Histoire du Cinéma, à l’instar de Charlize Theron dans Monster ou encore Christian Bale dans The Machinist. Mais ce serait mal comprendre le problème car les personnes issues des minorités ont moins d’opportunité ; en témoigne la dernière cérémonie des Oscars et son hashtag #OscarSoWhite.
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Quoi qu’il en soit, Doctor Strange est attendu sur les écrans français le 26 octobre 2016 et Ghost In The Shell le 29 mars 2017.