Marc Bati

Marc Bati

Alors que les gagnants du Très Court International Film Festival, dont CineChronicle est partenaire, seront révélés ce vendredi 10 juin au soir au Forum des Images, nous nous sommes entretenus plus avant avec Marc Bati, président de l’événement, qui nous témoigne ici de sa passion, de son engagement et de l’évolution des œuvres présentées en France et à travers le monde.

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18e Très Court International Film Festival - affiche

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CineChronicle : Comment est née l’envie de créer un festival du très court ?

MB : Cela s’est décidé sur un coup de tête voici dix-huit ans. Nous étions quelques amis qui souhaitaient organiser, le temps d’une soirée à Paris, une projection de courts métrages sous forme associative. Nous avions constaté qu’aucun espace n’existait pour visionner les films très courts. À cette époque, les festivals dédiés préféraient diffuser des films un peu plus longs. Nous pensions que la qualité première de ceux que nous souhaitions faire découvrir était au contraire leur concision. À une époque où YouTube n’existait pas encore, l’idée de créer une soirée spéciale nous est alors venue naturellement.

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CC : Nous courons de plus en plus après le temps, le format « très court » semble dès lors parfaitement adapté à notre époque…

MB : Effectivement, c’est un format actuel qui correspond aux usages d’une génération où on regarde les choses rapidement mais qui ne doivent pas être pour autant superficielles. Il faut qu’il y ait du sens et du contenu, même si la forme doit être courte et concise. C’est un format qui souffre de nombreux préjugés car beaucoup de choses peuvent être dites en trois minutes. Mais ceux qui ne le connaissent pas s’imaginent qu’il s’agit le plus souvent de petites saynètes ou de petits gags à chutes. Pourtant, si vous faites la comparaison avec la chanson, dont le format actuel est d’environ trois minutes, ce laps de temps permet aux musiciens de refaire le monde avec des messages percutants, denses et variés.

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CC : Quel mode de diffusion privilégiez-vous pour ces films à travers le monde et la France ?

MB : Nous créons des programmes que nous mettons à disposition des villes et des organisations locales. Chaque ville propose des salles de cinéma et des centres culturels qui récupèrent nos sélections en les diffusant durant toute la période du festival. Nous envoyons également tous les supports aux équipes organisatrices à travers le monde. Chaque année, de nouvelles villes et associations nous contactent pour participer au festival, ce qui permet de nous développer tous les ans. Il existe aussi des sélections locales dans certains pays, comme la Roumanie, où un film en compétition nationale l’année dernière s’est retrouvé en compétition internationale cette année. Cependant, tous les pays n’organisent pas de compétition nationale mais les plus actifs, comme la Turquie, l’Egypte ou la Tunisie, se servent de l’effet festival international pour entraîner la création locale.

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CC : Quelles évolutions esthétiques et thématiques avez-vous constaté au fil des années dans l’approche de ces films ? 

MB : Au départ, c’étaient vraiment des productions réalisées avec des moyens techniques limités. Aujourd’hui, nous avons des professionnels qui travaillent la semaine sur des œuvres ambitieuses et qui, durant leur week-end, vont s’amuser à mettre en images une idée qu’ils ont pu avoir, avec une technique et un savoir-faire que l’on n’avait pas dans les premières éditions. À cette époque, on avait surtout une énergie très créative, avec un besoin d’expression vraiment très fort. Notre effort consiste à conserver cette énergie et à ne pas tomber dans le piège de la technique. Nous avons donc encore des films tournés avec des téléphones portables mais qui sont intéressants via leur contenu et leur propos.

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CC : Quelle est la thématique qui se dégage le plus cette année, et selon vous que disent ces films sur notre société ?

MB : Le format très court nécessite de créer en urgence. De fait, les sujets reflètent plutôt les thématiques de l’air du temps. Pour cette édition, nous avons beaucoup de choses sur les réseaux sociaux, les conversations via les SMS, l’aspect intrusif de la société avec la surveillance permanente et comment on peut accéder à nos informations personnelles. Il y a aussi des films sur les exilés, les sans-domicile fixe, les victimes de la crise économique. On s’imagine difficilement traiter ces sujets dans le format très court et pourtant on arrive à témoigner de choses intéressantes. En mars 2008, nous avons diffusé The Job, annonciateur de la crise économique. Le jury lui a d’ailleurs attribué le Grand Prix ; le film a pu faire ensuite le tour du monde.

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CC : Les différents prix attribués aident-ils justement les lauréats à gagner en visibilité ?

MB : Absolument ! Rien que le fait d’être sélectionné est une reconnaissance qui permet d’enrichir le CV des réalisateurs. Un autre de nos films, Jurons et Charcuterie, a reçu le Grand prix, ce qui a permis au réalisateur de convaincre des producteurs de l’adapter en long métrage.

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CC : Quels sont vos rapports avec les producteurs, diffuseurs et agents artistiques pour aider ces apprentis cinéastes à développer leurs nouveaux projets ?

MB : Notre rôle consiste à montrer les travaux existants, ensuite les films vivent leur vie. Bien sûr, certains distributeurs viennent découvrir ce qui peut se faire dans notre festival, tout comme certains publicitaires en quête de nouvelles idées. Nous sommes essentiellement un espace de création où les gens peuvent se rencontrer.

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CC : Y a t-il un cinéaste, actuellement reconnu, qui a été récompensé par votre festival ?

MB : Kim Chapiron a longtemps travaillé au format très court puisqu’il avait son label Kourtrajmé où il faisait notamment tourner Vincent Cassel. Audrey Tautou a également joué dans un très court. Ou encore Louis Clichy, qui a coréalisé Astérix : Le Domaine des Dieux avec Alexandre Astier et travaille maintenant comme animateur chez Disney. Et bien sûr, Philippe Rebbot, qui a joué dans un film de la première édition. Il est aujourd’hui acteur de second rôle dans des longs métrages, et un des membres du jury cette année.

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Nicolas Colle

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