Synopsis : Il en rêvait depuis La Grande Aventure Lego : Batman est enfin le héros de son propre film ! Mais la situation a bien changé à Gotham – et s’il veut sauver la ville des griffes du Joker, il lui faudra arrêter de jouer au justicier masqué et découvrir le travail d’équipe ! Peut-être pourra-t-il alors se décoincer un peu…
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Suite à l’immense succès de La grande aventure Lego en 2014 – trip sous acide façonné par les nouveaux rois de la comédie US, Phil Lord et Chris Miller -, la Warner s’est empressé de creuser le filon avec cette suite directe centrée sur le héros le plus emblématique de son inventaire, Batman. Mais alors que son prédécesseur parvenait à s’approprier visuellement le concept ludique du jouet, avec cette idée des master builder, Lego Batman n’investit que très rarement le caractère modélisable des Lego, personnages et univers compris. Le studio préfère capitaliser sur la valeur de leur répertoire (Voldemort, Sauron, King-Kong…). Le film patauge dans ses références et citations, incapable d’alimenter le récit de manière dramatique ou comique : Batman ayant la fâcheuse tendance à phagocyter ces petits camarades Robin, la nouvelle commissaire et le Joker. On ne retrouve jamais ces seconds rôles rutilants (Wyldstyle, Vitrius, Bad Cop), ces sidekick improbables (Metalbeard, Spaceman) et autres univers foisonnants qui faisaient alors le charme du premier volet. Il n’y en a que pour Batman et son ego trip ; drôle au début, lassant à la fin. Et faisant le choix de se limiter à un paysage cinématographique connu (l’univers de Batman, Gotham et les grandes sagas cultes), cette suite perd la part créatrice et imaginative du concept Lego. Toujours pourvu d’un rythme de narration extrêmement soutenu qui ne s’autorise aucun temps mort, Lego Batman est une hystérie efficace à défaut d’être sincère, et parodie chaque seconde de l’image, chaque centimètre de l’écran. Car ici, toute image renvoie explicitement à une autre image, une autre fiction, passée à la moulinette d’un postmodernisme arrivé à saturation. Aucune surprise, seulement des clins d’œil teintés d’ironie dont certains font sourires par leur audace (critiquer Suicide Squad) tandis que d’autres n’obtiennent qu’un soupir par leur facilité (les blagues crypto-gays). Le film déserte également l’envers du décor, celui de l’enfance matérialisé dans le précédent film par la salle de jeu d’un père (Will Ferrell) qui refusait l’entrée à son fils. Un décalage qui n’existe plus dans Lego Batman, bien trop focalisé sur son discours « méta », racoleur et inoffensif. Le cinéma d’animation semble être désormais pris d’assaut par le « méta » au détriment d’autres formes d’humeur, mais avec la certitude toujours plus grande qu’une multitude de références s’offrent à elle, sans que la cohérence du « réel », de l’abstraction aux ayant droits, viennent la limiter.
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- LEGO BATMAN (The Lego Batman Movie) de Chris McKay en salles le 8 février 2017.
- Avec les voix de : Will Arnett, Zack Galifianakis, Michael Cera, Ralph Fiennes, Rosario Dawson, Billy Dee Williams, Jenny Slate, Mariah Carey…
- Scénario : Seth Grahame-Smith, Chris McKenna, Erik Sommers d’après les personnages de Bob Kane et Bill Finger
- Production : Roy Lee, Dan Lin, Phil Lord, Chris Miller
- Montage : David Burrows, John Venzon
- Décors : Grant Freckelton
- Musique : Lorne Balfe
- Distribution : Warner Bros
- Durée : 1h45
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