Bullet Train de David Leitch : critique

Publié par CineChronicle le 3 août 2022

Synopsis : Coccinelle est un assassin malchanceux et particulièrement déterminé à accomplir sa nouvelle mission paisiblement après que trop d’entre elles aient déraillé. Mais le destin en a décidé autrement et l’embarque dans le train le plus rapide au monde aux côtés d’adversaires redoutables qui ont tous un point commun, mais dont les intérêts divergent radicalement… Il doit alors tenter par tous les moyens de descendre du train.

♥♥♥♥

 

Bullet Train - affiche

Bullet Train – affiche

Contrairement à ce qu’aurait pu laisser croire la communication qui l’entoure, Bullet Train n’est pas réellement un film d’action. C’est d’abord une comédie qui dissémine ici et là quelques scènes d’affrontement. La durée réduite et la stylisation souvent exagérée de ces séquences les place aux antipodes de celles du premier John Wick, où David Leitch a démarré sa carrière de réalisateur en collaborant avec Chad Stahelski. Mais là où ce dernier a poursuivi son travail sur la saga en radicalisant à chaque opus une formule qui converge entièrement vers des combats chorégraphiés, David Leitch s’est progressivement éloigné du genre pour s’engager sur le terrain d’un divertissement auto-conscient (Deadpool) et référencé (Atomic Blonde). Bullet Train cumule ces deux caractéristiques et s’apparente à un théâtre de marionnettes, où l’intérêt premier réside dans la collision entre des archétypes caricaturaux. L’écriture se situe à mi-chemin entre celle de Guy Ritchie (pour ses gangsters extravagants) et celle de Quentin Tarantino (pour ses citations constantes d’un certain imaginaire de série B). Il va sans dire que Leitch n’arrive pas à la cheville de Tarantino ni n’atteint l’efficacité des meilleurs films de Ritchie, mais son ambition est en réalité bien plus régressive. Les clichés employés n’ont pas vocation à être réinvestis ou réinventés, ils existent comme autant de matériaux prêts à l’usage avec lesquels le cinéaste s’amuse, comme un enfant jouerait avec des Lego. La structure repose donc sur une série de flash-backs et de digressions qui permettent de s’aventurer sur le terrain des cartels sud-américains, des samouraïs ou de reproduire une course-poursuite dévastatrice. À chaque fois, l’aparté est trop court pour produire un regard nouveau sur les stéréotypes qui l’inspirent. Ne reste donc que le plaisir un peu facile de faire comme les autres.

 

Brad Pitt - Bullet Train

Brad Pitt – Bullet Train

 

L’importance des poncifs du genre et l’ironie qui les accompagne tendrait à faire de Bullet Train une simple parodie si le film ne faisait pas preuve d’un savoir-faire attestant de son premier degré, autant narrativement que visuellement. Le casting impeccable -des premiers rôles (Brad Pitt en tête) à ses (nombreux) caméos- démontre une volonté de dépasser le cadre de la caricature. Derrière les gags se cachent plusieurs révélations qui déplient une intrigue à tiroir, où chaque coïncidence amène son lot d’explications sous forme de parenthèses.

 

Cette tendance du divertissement d’action américain à produire des films techniquement aboutis et pourtant très ironiques sur leur propre genre domine le marché avec une intensité croissante, dont seuls semblent épargnés les projets quasiment anachroniques de Tom Cruise et l’obscurité exagérée des stand-alone de DC. Il n’y a rien de problématique en soit à se moquer des codes, et l’humour de Bullet Train touche souvent juste, mais la démocratisation de ce recul complaisant induit nécessairement une panne d’imaginaire. La grande différence avec le cinéma de Tarantino, évoqué plus haut, étant que celui-ci insuffle du réel dans les clichés qu’il manie, désireux de leur redonner de la crédibilité plutôt que de s’en amuser sommairement.

 

Bullet Train

Bullet Train

 

En cela, le premier film en solo de David Leitch, Atomic Blonde, bénéficiait d’une sincérité rafraichissante. Plus naïf et paradoxalement plus sérieux, il faisait preuve d’un grand nombre de maladresses tout en bénéficiant d’une ambition nettement supérieure (cf. l’affrontement d’une dizaine de minutes dans une cage d’escalier). Aucun moment de bravoure similaire dans Bullet Train, qui ronronne dans sa zone de confort, suffisamment clairvoyant sur ses forces et ses faiblesses pour s’éviter tout risque inutile. Du cinéma en général, on est en droit d’attendre largement plus, mais pour un blockbuster d’été, le résultat est d’une honnêteté satisfaisante.

 

Joffrey Liagre

 

 

 

  • BULLET TRAIN
  • Sortie salles : 3 août 2022
  • Réalisation : David Leitch
  • Avec : Brad Pitt, Joey King, Aaron Taylor-Johnson, Brian Tyree Henry, Andrew Koji, Hiroyuki Sanada, Michael Shannon, Sandra Bullock, Bad Bunny, Logan Lerman, Zazie Beetz
  • Scénario : Zak Olkewicz, Kôtarô Isaka
  • Production : Antoine Fuqua, David Leitch, Kelly McCormick
  • Photographie :  Jonathan Sela
  • Montage :  Elísabet Ronaldsdóttir
  • Décors :  Elizabeth Keenan
  • Costumes : Sarah Evelyn
  • Musique :  Dominic Lewis
  • Distribution : Sony Pictures Entertainment
  • Durée : 2 h 06

  

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