L’auteur de La Route et de No Country for Old Men est mort à l’âge de 89 ans à Santa Fe. La nouvelle a été rendue publique par son éditeur.
Longtemps méconnu, Cormac McCarthy publie son premier roman, Le gardien du verger, au début des années 1960. Mais son succès explose, en partie grâce aux adaptations hollywoodiennes de ses romans, qui le rendent populaire auprès du grand public.
Né le 20 juillet 1933 à Providence, Charles McCarthy est l’aîné d’une fratrie de six enfants. Il reçoit une éducation à l’école catholique et développe vite un tempérament un peu rebelle. « J’ai senti très tôt que je n’allais pas être un citoyen respectable. J’ai détesté l’école depuis le jour où j’y ai mis les pieds. », cite The Hollywood Reporter.
C’est durant son service militaire en Alaska que Charles McCarthy comble l’ennui par la lecture et se prend de passion pour la littérature.
L’enfant du Tennessee imprègne ses livres du Sud américain qui l’a vu grandir. Ses westerns, sombres et cruels et sa vision inquiétante de l’humanité s’avèrent du pain béni pour de nombreux metteurs en scène. De si jolis cheveux est le premier de ses romans à prendre vie au grand écran en 2000, avec Matt Damon et Penélope Cruz dans les rôles principaux. Il s’agit du premier tome de sa célèbre Trilogie des Confins, dans laquelle suivent Le Grand Passage et Des Villes dans la Plaine.
En 2008, c’est au tour de Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme d’être adapté par les frères Coen. Le film suit la cavale de Moss (Josh Brolin), poursuivi à travers tout le Texas après avoir trouvé sur une scène de crime une mallette pleine d’argent. Il décroche quatre Oscars, dont celui de la meilleure adaptation, et signe la consécration de Cormac McCarthy au cinéma.
L’année suivante, son roman post-apocalyptique, vainqueur du Prix Pulitzer de la Fiction en 2007, se voit lui aussi porté à l’écran avec La Route de John Hillcoat, une dystopie résolument mélancolique qui dépeint l’humanité sous ses faces les plus obscures.
Sa pièce, The Sunset Limited, est également devenue un téléfilm sur HBO, dans lequel Tommy Lee Jones et Samuel L. Jackson se livrent à un débat philosophique.
Ce n’est qu’en 2013, alors âgé de 80 ans, que Cormac McCarthy se lance dans l’écriture scénaristique. Son premier script est celui de Cartel, réalisé par Ridley Scott. L’accueil des spectateurs est mitigé et les critiques, peu favorables, reprochent au scénario une « complexité souvent inutile ».
Cette même année, son troisième roman, Enfant de Dieu, est adapté au cinéma par James Franco sous son titre anglais, Child of God. Ce portrait d’un tueur nécrophile avec Tim Blake Nelson ne rencontre pas non plus la faveur du public. « Il est le grand pessimiste de la littérature américaine.», écrit Tim Adams dans le portrait que The Guardian consacre à l’auteur en 2009. « Il illuminait de ses phrases mystiques un monde où tout (même la ponctuation) était déjà poussière. »
Vivant de motel en motel, celui qui s’insurgeait devant les points-virgules ne donnait presque pas d’entretiens. Il préférait écrire que parler d’écriture. « Cormac McCarthy a changé le cours de la littérature », déclare Nihar Malaviya, PDG de Penguin Random House dans un communiqué.
Pendant soixante ans, il a fait preuve d’un dévouement inébranlable à son métier autant qu’à l’exploration des possibilités infinies et de la puissance des mots. Des millions de lecteurs à travers le monde ont embrassé ses personnages, ses thèmes mythiques, les vérités émouvantes et intimes qu’il a mises à nu à chaque page dans des romans brillants qui parleront de la même manière aux générations futures. »
Ses deux derniers romans, Le Passager et Stella Maris, ont été publiés l’année dernière.
Aésane Geeraert