Le western spaghetti DJANGO UNCHAINED (notre critique), qui a déjà réalisé plus de 400 M$ de recettes mondiales selon le box office Mojo, sera le premier film de Quentin Tarantino sur l’ensemble de son œuvre à être projeté en Chine. De plus, il sortira en quasi intégralité sur leurs écrans dès le 11 avril 2013, car seul un peu plus d’une minute du film sur les 2h45 de sa durée initiale a été coupée au montage par la censure du pays. Ce long métrage a créé la controverse aux Etats-Unis, entre autres par Spike Lee sur son Twitter déclarant que « l’esclavage américain n’était pas un western spaghetti à la Sergio Leone. C’était un holocauste ».
Ce pays n’ayant pas de règles précises concernant la censure, contrairement aux occidentaux, c’est un conseil – le SARFT -, qui décide si un film est ou non accessible au public chinois. Pour cela il se base essentiellement sur les scènes de sexe ou de nudité, le langage, la violence ou encore le contenu qui pourrait blesser la sensibilité du gouvernement et de la culture chinoise. C’est ainsi que SKYFALL (notre critique), qui a franchi la barre du milliard au box office mondial, avait subi le couperet autoritaire des autorités. Il en a été de même pour CLOUD ATLAS (notre critique) qui a été amputé de 40 minutes, soit environ ¼ de la durée du film (scènes de nus, baiser entre hommes). Autant dire que dans ce cas, le film est saccagé car le public n’a pas eu la possibilité de comprendre le récit complexe de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer, où s’entrecroisent plusieurs histoires sur plusieurs siècles. En dépit de certaines scènes violentes et gores, DJANGO UNCHAINED a peu de contenu sexuel et n’a aucun rapport avec la société chinoise (contrairement à SKYFALL), ce qui explique en partie l’indulgence du SARFT. Mais on peut aussi se poser la question si derrière cette décision il n’y a pas tout simplement une raison politique, ce film abordant une période peu flatteuse de l’histoire des Etats-Unis.
Le système fonctionne exactement de la même façon pour les œuvres chinoises. Selon Screenrant, le réalisateur Jia Zhangke (Xiao Wu artisan pickpocket, Platform, Still Life) déclarait en 2011 « Si je veux faire un film ici, je dois transformer tous les communistes en super héros… Ce style de culture super lisse qui bannit l’érotisme, la violence et la terreur est d’une naïveté culturelle ».