Le Gouffre aux Chimères (Ace in the Hole) de Billy Wilder (1951)
Jamais édité en France et seulement disponible en zone 1, Le Gouffre aux Chimères (Ace in the Hole, rebaptisé à l’époque The Big Carnival) est l’une des nombreuses pépites du grand Billy Wilder, derrière Boulevard du Crépuscule, La Garçonnière ou encore Le Poison. Pourtant cette satire dramatique sur l’influence omnipotente de la presse fut l’une de ses œuvres les plus controversées et sans doute le plus gros bide commercial dans sa filmographie lors de sa sortie en 1951.
Heureusement le temps donne raison à cette œuvre sombre et cruelle. Si elle est diffusée par moments sur certaines chaînes de cinéma comme TCM, nous avons pu la découvrir récemment au format pellicule lors d’une rétrospective Billy Wilder au cinéma d’art et d’essai Mac Mahon.
Le récit est centré sur Charles Tatum, journaliste cynique et sans scrupules, incarné par le charismatique Kirk Douglas, qui trouve enfin l’occasion d’avoir un sujet en or en exploitant la tragédie d’un mineur entre la vie et la mort, bloqué dans une galerie sous une montagne. Il va donc utiliser tous les moyens pour couvrir cet incident en exclusivité et faire durer ce sauvetage le plus longtemps possible. Cette contrée paumée devient dès lors le lieu le plus médiatisé et le plus lucratif non seulement pour lui mais aussi pour l’épouse désabusée de la victime, emmenée par la blondeur platine de Jan Sterling, qui n’hésite pas à augmenter les prix de son restaurant.
Selon l’excellent livre Conversations avec Billy Wilder de Cameron Crowe, paru aux Editions Institut Lumière Actes Sud en 2004, le scénario, coécrit par Walter Newman et Billy Wilder, a pris ‘une tournure vraiment sensationnelle grâce à la collaboration d’un ancien journaliste Leaser Samuels’ permettant à l’intrigue de retranscrire la réalité sur les dérives des médias à l’époque. La chute n’en est d’ailleurs que plus fatale pour ce personnage, piégé dans sa rédemption tardive, au sens propre comme au figuré.
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