Sortie Blu-ray/ Quelque part dans le temps de Jeannot Szwarc : critique

Publié par Thierry Carteret le 26 février 2016

Synopsis : 1972. Alors que se joue la pièce qu’il a écrite, Richard Collier est abordé par une vieille dame qui lui remet une montre et lui dit ces mots mystérieux : « Reviens-moi, je t’en prie ». Huit ans plus tard, il découvre dans un célèbre hôtel un portrait de la vieille femme. Elle s’appelle Elise McKenna, et séjourna dans le même hôtel… en 1912. C’est le début d’une incroyable aventure qui va le transporter dans le passé, au début du XXe siècle

 

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Quelque part dans le temps de Jeannot Szwarc - jaquette

Quelque part dans le temps de Jeannot Szwarc – jaquette

L’oeuvre du réalisateur franco-américain Jeannot Szwarc, tiré d’un roman de l’écrivain et emblématique scénariste Richard Matheson (Duel, L’Homme qui rétrécit et de nombreux épisodes de séries dont Twilight Zone et Star Trek), est enfin disponible en DVD/Blu-ray grâce à l’éditeur Rimini. Cette édition restaurée est une véritable bénédiction pour les amateurs, et pour ceux qui n’ont jamais eu la chance de le voir. Malgré une sortie catastrophique à l’époque, tant sur le plan critique que commercial, Quelque part dans le temps est devenu un classique grâce à la proposition du responsable d’une chaîne câblée américaine de le diffuser tous les soirs pendant une semaine. Ce drame romantique troublant possède même un fan club (l’Insite Fan Club) qui organise chaque année des week-ends dans le Grand Hotel de l’île Mackinac, et en costumes d’époque ! Jeannot Szwarc a connu une carrière en dents de scie depuis ses débuts de réalisateur aux États-Unis avec Les Insectes de feu (1975), écrit par William Castle. S’il rencontre le succès en remplaçant John D. Hancock sur Les Dents de la mer 2 (1978), son parcours américain s’essouffle après plusieurs échecs en salles, avec notamment Quelque part dans le temps (1980), Supergirl (1984) et Santa Claus (1985). Il retourne en France et dirige des comédies très moyennes, malgré un certain succès public. Puis la télévision américaine lui offre de réaliser plusieurs séries. Quelque part dans le temps est né grâce au producteur Ray Stark qui lui donne à lire Bid Time Return (Le Jeune Homme, la Mort et le Temps) de Richard Matheson que Szwarc avait rencontré sur la série NIGHT GALLERY (notre critique). Si le projet est lancé, il doit cependant composer avec un budget relativement modeste.

 

Quelque part dans le tempsQuelque part dans le tempsQuelque part dans le tempsQuelque part dans le temps

 

Le film réunit un casting prestigieux – Christopher Reeve, Jane Seymour et Christopher Plummer –, mais ces derniers – à l’instar des techniciens et du réalisateur – acceptent de travailler au minimum syndical, chose alors impensable sur une production de studio. Heureusement, le réalisateur mène sa barque avec brio, et comme touché par la grâce, il parvient à s’entourer de grands collaborateurs, comme John Barry. Celui-ci accepte aussi un faible salaire et offre sa plus belle composition ; un thème magnifique qui s’accorde harmonieusement avec le sublime Rhapsodie sur un thème de Paganini de Sergei Rachmaninoff. Du montage à la musique, de la photographie à la direction d’acteurs, jusqu’aux décors de l’hôtel luxueux, situé sur l’île Mackinac (Michigan), tout semble parfait. Le réalisateur transcende le classicisme de sa mise en scène par une grande inventivité dans les effets spéciaux. En témoigne l’astucieux passage du voyage dans le temps à l’aide d’éléments suggérés (léger changement d’éclairage, simple hennissement d’un cheval). Le réalisateur se montre très sobre, favorisant le procédé antispectaculaire (pas de tunnel temporel ou autre élément du genre). Le voyage dans le temps ne se fait pas non plus à l’aide d’une machine, comme dans l’œuvre de H.G Wells, mais par la suggestion de l’esprit, proche de l’hypnose, qui emporte le jeune dramaturge Richard Collier (Christopher Reeve) à travers le passé.

 

Il retrouve ainsi, dans le même lieu mais à une époque antérieure, celle dont il est tombé amoureux en découvrant son portrait accroché dans le Grand Hotel. L’objet de cet amour fou est incarné par Jane Seymour, parfaite dans le rôle d’Elise McKenna (inspirée de Maude Adams, véritable actrice du XIXe siècle). Cette jeune vedette du théâtre est sous la coupe de son manager, le dandy cynique et possessif William Fawcett Robinson (Christopher Plummer). Rivalités, conflits, passions, la relation triangulaire fonctionne à merveille. Difficile de ne pas être ému par la conclusion poignante ; Christopher Reeve, qui souhaitait se démarquer de l’image invincible du Superman (1978), y révèle une véritable sensibilité. Ainsi, avec Quelque part dans le temps, Jeannot Szwarc et Richard Matheson, au scénario, signent l’un des plus beaux classiques du cinéma fantastique. Cette grande œuvre romantique multi-récompensée conserve une grâce et une émotion intactes qui n’a pas souffert du poids des années. À (re)voir sans hésitation.

 

 

 

Blu-ray : Le master HD pour l’édition Blu-ray ne souffre d’aucun défaut, l’image et le son sont propres et nets. Le disque propose en suppléments un entretien inédit de 30 minutes avec Jeannot Szwarc. Le réalisateur évoque ses souvenirs du tournage avec nostalgie et sympathie ; une interview très agréable. Un autre segment concerne l’écrivain et scénariste Richard Matheson, raconté par Pascal Montéville, professeur de sciences politiques à School Year Abroad de Rennes. Ce dernier livre une bio très complète de l’auteur qui s’avère naturellement passionnante. La partie bonus s’achève avec la bande annonce et des infos écrites sur les week-ends du fan club de Quelque part dans le temps.

 

 

 

  • QUELQUE PART DANS LE TEMPS (Somewhere in Time) réalisé par Jeannot Szwarc disponible en DVD/Blu-ray depuis le 24 février 2016.
  • Avec : Christopher Reeve, Jane Seymour, Christopher Plummer, Teresa Wright, William H. Macy, George Wendt, George Voskovec, Bill Erwin…
  • Scénario : Richard Matheson
  • Production : Ray Stark, Stephen Deutsch
  • Photographie : Isidore Mankofsky
  • Montage : Jeff Gourson
  • Décors : Mary Ann Biddle
  • Costumes : Jean-Pierre Dorléac
  • Musique : John Barry
  • Edition: Rimini Éditions
  • Tarif : 14,99 € (DVD), 19,99 € (Blu-ray)
  • Durée : 1h43
  • Sortie initiale en salles : 3 octobre 1980 (Etats-Unis), 6 mai 1981 (France)

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