Synopsis : Melvin est un super-héros malgré lui. La trentaine bien entamée, il habite encore chez sa mère et ne vit que pour la fête, les femmes et la drogue. Jusqu’au jour où il réalise que la seule façon pour lui de revoir son fils, que la justice lui interdit d’approcher, c’est d’accepter son destin, et d’exploiter ses super pouvoirs pour lutter contre le crime. Mais dans un monde dans lequel personne ne comprend ni sa situation, ni d’où il tient ses incroyables pouvoirs, ces derniers pourraient bien causer sa perte…
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Malgré sept films à son actif, Nick Love est un quasi inconnu hors des États-Unis. Avec American Hero, il prend le contrepied des films de super-héros traditionnels, à l’instar du récent DEADPOOL (notre critique) des studios Marvel, qui avait su insuffler fraîcheur et humour à ce genre trop balisé. Ainsi, on suit Melvin (Stephen Dorff), un type complètement paumé et qui paradoxalement est doté d’un pouvoir extraordinaire, celui de faire bouger les objets. Séparé de son fils, Rex, il va tout faire afin de le retrouver. American Hero démarre d’une manière atypique et maligne. On y voit toute une ville rechercher désespérément Melvin, qui acquiert ainsi un statut de légende, que tout le monde connaît mais dont le spectateur ignore encore l’apparence. Surprise, on le découvre errant près d’une poubelle. Cette entame donne le ton général du film qui insiste sur ce décalage entre l’image projetée par Melvin et ce qu’il est réellement, un pauvre type qui ne pense qu’à faire la fête, se droguer et boire. On s’aperçoit d’ailleurs assez tardivement de ses dons de super-héros qu’il gâche lamentablement avec son équipier Lucile. Il faut donc reconnaître que Nick Love commence son film sur de bonnes bases, avec cette volonté manifeste de désacraliser le sempiternel film de super-héros, ce qui est vraiment rafraîchissant et bienvenu. American Hero fait également un parallèle intéressant entre la figure du super-héros et la parentalité. Un parallèle d’autant plus puissant lorsque l’on comprend que le héros a perdu son propre père, et qu’il y a une forte envie de la part du personnage à ne pas reproduire l’échec sur sa propre descendance. On retiendra aussi du film des effets spéciaux assez bien faits, surtout quand on le compare à son budget modeste.
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Malheureusement, American Hero ne parvient que rarement à transformer ses louables promesses en bon film. La faute tout d’abord à un manque cruel de consistance dans le récit, où Nick Love semble hésiter entre plusieurs genres – drame social, comédie grinçante, thriller ou film de super-héros – sans réellement parvenir à trancher, ce qui produit un film hybride assez étrange à regarder. On regrettera aussi la forte impression d’un film fabriqué à la hâte (avec la présence de reflets de perche visibles, par exemple) mais surtout un montage parfois taillé à la hache où l’on passe d’une séquence à une autre sans enchaînement direct ou indirect, et ce avant même la fin de la première séquence. Dans ce film qui a un vrai souci dans la gestion du temps (il est à la fois très court et semble pourtant très lent), on retiendra surtout cette relation entre Melvin et Lucile, qui va réussir peu à peu à égayer la vie du personnage principal en lui faisant prendre conscience du sens qu’il doit apporter à sa vie. Le dénouement parvient d’ailleurs finalement à rehausser l’ensemble, grâce à une note optimiste sur une humanité forte, où Melvin apprend de ses erreurs passées. Hormis ses bonnes intentions de départ et sa fin joyeuse, American Hero pâtit d’un manque de rythme et reste trop superficiel pour convaincre. La mise en scène hasardeuse de Nick Love (abusant de zooms à tout-va) n’aide en rien ce film hybride, aux multiples formes mais au résultat décevant.
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Alexis Gonçalves
- AMERICAN HERO écrit et réalisé par Nick Love en salles depuis le 8 juin 2016.
- Avec : Stephen Dorff, Eddie Griffin, Luis Da Silva Jr., Christopher Berry, Yohances Myles, Andrea Cohen, Raeden Greer, King Orba…
- Production : Allan Niblo, James Richardson, Nick Love
- Photographie : Simon Dennis
- Montage : Richard Graham
- Décors : Forest Fagan
- Costumes : Jessica Flaherty
- Musique : Lorne Balfe
- Distribution : Chrysalis Films
- Durée : 1h26
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