Synopsis de A Beautiful Day : La fille d’un sénateur disparaît. Joe, un vétéran brutal et torturé, se lance à sa recherche. Confronté à un déferlement de vengeance et de corruption, il est entraîné malgré lui dans une spirale de violence…
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A Beautiful Day (You Were Never Really Here) marquait cette année le retour de Lynne Ramsay en Compétition officielle au Festival de Cannes, après l’excellent We need to talk about Kevin en 2011. Le film est reparti avec deux récompenses, Prix du Scénario et prix d’interprétation masculine pour Joaquin Phoenix. La Britannique impose ici non seulement la patte d’une réalisatrice efficace et talentueuse mais aussi la performance de son acteur, dans la peau d’un homme de main en proie à  ses démons, qui va tenter de sauver la fille mineure d’un sénateur d’un réseau de prostitution et de trouver son salut. Ce qu’on retient, c’est avant tout la capacité de Ramsay à savoir installer et maintenir une véritable tension nerveuse et violente. Elle signe un thriller puissant et tiré au cordeau, qui atteint son apogée grâce à la photographie intense de Thomas Townend, qui capture la ville nocturne, et à la musique électro immersive de Jonny Greenwood. Avec A beautiful Day, tiré librement du roman de Jonathan Ames, elle explore certaines de ses thématiques récurrentes, comme l’enfance et ses traumatismes, mais aussi la vengeance et la corruption de l’élite politique. Dès lors, le récit qu’elle propose est une structure fragmentée par des flashbacks qui dévoilent les maux de cet homme, aux tendances suicidaires et adepte de l’auto-asphyxie. Si la narration peut paraître souvent elliptique, Ramsay parsème habilement son intrigue d’indices qui permettent de combler les manques.
Tel un fantôme obsessionnel armé de son marteau, cet homme, déchiré par une enfance maltraitée et par des événements post-traumatiques liés à la guerre et à ses anciennes fonctions au FBI et dans les Marines, vit toujours auprès de sa mère (Judith Roberts) qui représente sa seule étincelle de vie. Le jour où il est embauché pour retrouver la jeune fille disparue (Ekaterina Samsonov, aussi vue dans Wonderstruck) d’un sénateur de New York (Alessandro Nivola), sa quête le plonge dans un véritable bain de sang et dans un abîme sordide et mortel. La mise en scène s’avère radicale, racée, rythmée et introspective pour mieux suivre ce vétéran qui évolue entre rage et désespoir. La thématique de la vengeance est aussi abordée avec maîtrise. Ramsay détourne la mécanique d’une intrigue qui pouvait s’avérer prévisible, déjouant les attentes du spectateur. Un pivot narratif donc, qui nous plonge dans la discorde et la tourmente émotionnelle de cet homme. Avec A Beautiful Day, celle qui fut attachée au tumulte Jane Got a Gun avant son abandon impose une vision singulière, nourrie de moments émouvants, de fulgurances visuelles et poétiques, et même d’une infime dose d’humour bienvenue. Lynne Ramsay prouve ici qu’elle est une grande réalisatrice.
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- Notes de la rédaction cannoise
- Philippe Descottes ♥♥♥♥♥
- Antoine Gaudé ♥♥♥♥♥
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- A BEAUTIFUL DAY (You were never really here)
- Sorties salles : 8 novembre 2017
- Réalisation : Lynne Ramsay
- Avec : Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola, Alex Manette, John Doman, Judith Roberts, Jason Babinsky, Frank Pando, Kate Easton, Madison Arnold…
- Scénario : Lynne Ramsay, d’après l’oeuvre e Jonathan Ames
- Production : Pascal Caucheteux, Rosa Attab, James Wilson, Lynne Ramsay
- Photographie : Thomas Townend
- Montage : Joe Bini
- Décors : Tim Grimes
- Costumes : Malgosia Turzanska
- Musique : Jonny Greenwood
- Distribution : SND
- Durée : 1h35
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