K.O. réalisé par Fabrice Gobert : critique

Publié par CineChronicle le 21 juin 2017

Synopsis : Antoine Leconte est un homme de pouvoir arrogant et dominateur, tant dans son milieu professionnel que dans sa vie privée. Au terme d’une journée particulièrement oppressante, il est plongé dans le coma. A son réveil, plus rien n’est comme avant : Rêve ou réalité ? Complot ? Cauchemar ?…Il est K.O.

 

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K.O. de Fabrice Gobert- affiche

K.O. de Fabrice Gobert- affiche

Fabrice Gobert revient avec K.O, un second long-métrage haletant entre drame social et thriller, teinté d’incursions fantastiques. Après Simon Werner a disparu, sélectionné à Cannes en 2010 dans la section Un Certain Regard, le créateur des Revenants, impose un peu plus sa patte avec un scénario et une mise en scène au cordeau, où l’on retrouve cet univers entre fantasme et réalité qui lui semble si cher. Ce nouveau film s’inscrit ainsi dans l’univers de la télévision que Fabrice Gobert et Valentine Arnaud, sa femme et co-scénariste, connaissent bien pour y avoir travaillé. Un monde au système pyramidal, dominé par l’argent, le mépris, la misogynie et où « sa place on ne la demande pas, on l’obtient ».  Au cœur de ce microcosme où règnent une exigence et une concurrence implacable, K.O suit donc Antoine Leconte (Laurent Lafitte), un homme arrogant et froid, qui travaille à la direction de la chaîne. Dédaigneux avec ceux qui sont sous ses ordres, comme avec ses proches, cet homme d’affaires intraitable à la posture singulière, est craint de tous – en témoigne le cérémonial qui lui est réservé chaque matin à son arrivée au bureau. Mais un jour tout bascule, il va payer le prix de ses actes. Un conflit se déclenche au sein de la société qui va le plonger dans un coma profond. À son réveil, tout a changé. Désormais présentateur météo, Antoine doit faire face aux affronts de ceux qu’ils côtoyaient sous ses ordres. Dès lors, les questions et les incompréhensions se bousculent dans l’esprit de cet homme, ivre de pouvoir. 

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Laurent Lafitte - K.O.

Laurent Lafitte – K.O.

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Fabrice Gobert mêle pendant près de deux heures l’introspectif et l’étrange. La mise en scène se met ainsi au service du scénario, participant à maintenir un climat de tension permanent. Le réalisateur s’amuse de ses références par des jeux de bascule et des renversements impromptus. Le film, principalement tourné de nuit, nous embarque dans l’univers glauque des hôpitaux, des squats et de salles de boxe clandestines. Les angles et les obliques sont privilégiés, la profondeur de champ réduite, comme pour mieux cerner la double facette du personnage. La lumière de Frédéric et Frédérique Lapierre joue elle aussi un rôle crucial dans la création de cet univers obscur, jouant avec les ombres et un éclairage partiel pour mieux faire ressortir cette double identité. Tout comme la bande originale de Jean-Benoît Dunckel, du groupe Air, et ses enchaînements de notes entêtantes qui participent, dès le générique, à nous plonger dans un monde instable et angoissant.

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Bien au-delà de ses qualités narratives et esthétiques, l’un des principaux apports de ce film réside dans ce qu’il évoque du monde actuel entre violence au travail, exigence d’efficacité et d’adaptation aux modes, individualisme. Ce résultat efficient, Fabrice Gobert le doit aussi en bonne part à l’interprétation de Laurent Lafitte, formidable en salaud et type paumé. Après son rôle dans Elle de Paul Verhoeven, le sociétaire de la Comédie-Française réaffirme sa capacité à jongler entre différents registres. Les second rôles qui l’accompagnent, Pio Marmai, Zita Hanrot (Fatima), Clotilde Hesme, s’en sortent et semblent à l’aise dans les différentes tonalités. Quant à Chiara Mastroniani, elle incarne ici toute en fragilité et en douceur son ancienne compagne, qui apporte un contre-point au personnage d’Antoine. Avec K.O, Fabrice Gobert tord la réalité et explore des mondes alternatifs, tout en montrant les habituelles failles du monde actuel. Un cinéaste au talent double, à l’image de l’univers qu’il s’est forgé.

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Juliette Hay

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  • K.O. de Fabrice Gobert en salles le 21 juin 2017.
  • Avec : Laurent Lafitte, Chiara Mastroianni, Pio Marmaï, Clotilde Hesme, Zita Hanrot, Jean-Charles Clichet, Sylvain Dieuaide, Jean-François Sivadier…
  • Scénario : Fabrice Gobert, Valentine Arnaud
  • Production : Xavier Rigault, Marc-Antoine Robert
  • Photographie : Patrick Blossier
  • Montage : Bertrand Nail
  • Décors : Frédéric Lapierre, Frédérique Lapierre
  • Costumes : Bethsabée Dreyfus
  • Musique : Jean-Benoît Dunckel
  • Distribution: Wild Bunch
  • Durée : 1h55

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