Christine de John Carpenter (1983)
L’un des grands maitres du cinéma d’horreur, John Carpenter, se réapproprie ici magistralement l’histoire surnaturelle d’une voiture malveillante qui s’empare peu à peu de son propriétaire, un adolescent mal dans sa peau, qui a trouvé dans ce bel objet aussi luxueux que désuet, son grand amour.
Quand Arnie Cunningham (Keith Gordon) rencontre Christine pour la première fois, c’est le coup de foudre, malgré l’état pitoyable dans lequel se trouve cette Plymouth Fury flamboyante de 1958. En dépit de la désapprobation de son meilleur ami Dennis (John Stockwell), il l’achète avec ses maigres économies et tente de lui redonner vie dans le garage délabré du soupe au lait ventripotent Will Darnell (Robert Prosky).
L’acquisition de cette voiture transforme peu peu le jeune garçon, qui regagne en estime de soi jusqu’à parvenir à inviter Leigh (Alexandra Paul), la plus jolie fille du lycée. Mais Christine ne le voit pas d’un très bon oeil et réagit de façon violente à toutes les attaques contre elle ou contre son propriétaire, cherchant à garder avec lui une relation d’exclusivité. Des lors, son but est de tuer un par un les camarades de lycée qui s’en sont pris à Arnie pour finalement essayer d’éliminer sa concurrente.
John Carpenter, qui a déjà à son actif des perles du cinéma de genre comme New York 1997 et The Thing, réussit ici à mélanger avec brio le film d’horreur et le teen movie, à travers une passion dévorante, source de violence et de destruction, qui dépasse tout raisonnement. La bande originale qu’il compose, avec l’aide d’Alan Howarth, renforce totalement l’immersion dans l’effroi.
La personnalisation de Christine construite avec des plans subjectifs (les phares qui deviennent des yeux, les bruits de moteur devenus des cris de rage) contribue également à la création d’un sentiment d’angoisse chez le spectateur qui aura du mal à ne pas voir des créatures sataniques dans cet objet du quotidien. Lucia Miguel